Traduction simple :
(1) La résurrection que constitue le “retour du cœur des pères vers les fils, et du cœur des fils vers leurs pères” ne peut exister que par ‘l’air de la Terre d’Israël’.
(2) Comme le perfectionnement moral de l’individu, celui de la collectivité dans son ensemble a lieu aux deux niveaux bien connus que sont la droiture et le contrôle de soi. Tant que l’individu ne s’est pas encore hissé au sommet de la perfection morale, lorsque le sceau de la rectitude et du bien n’est pas encore suffisamment imprimé dans sa nature, le chemin de la droiture lui est difficile, il doit batailler à chaque pas, il est obligé d’écraser ses forces mauvaises, de les soumettre, et parfois de les supprimer.
(3–4) Mais ceci n’est pas encore le chemin de la lumière, car lorsqu’il aura appris davantage, lorsqu’il se servira de la lumière de la Thora associée au faisceau de l’intelligence et à l’inclination naturelle d’un cœur droit, intègre et vif, alors il s’apercevra qu’il n’a plus tellement besoin de guerroyer.
(5) Et s’il arrive qu’il ait besoin de faire la guerre, il montrera un courage tout autre, complètement différent, car il ne refoulera aucune de ses forces vitales pour les maintenir enchaînées et captives, pour les empêcher d’agir, mais au contraire il les prendra et les asservira, avec les liens de l’humanité et les chaînes de l’amour, au bien et à la droiture, à l’éminence des objectifs les plus élevés, qui sont les volontés divines. Alors il sortira de sa condition d’esclave et il sera un homme libre, heureux, couronné de la servitude suprême qui est une couronne de magnificence, “une couronne d’or pur sur sa tête”.
(6–7) Les idéaux les plus élevés montent jusqu’à l’infini, jusqu’au point où l’œil humain se trouble, où la parole et la raison n’ont plus le pouvoir d’appeler [les choses] d’un nom particulier. Là, il n’est possible de tenir qu’à la lumière de la vérité absolue, sans aucun moyen d’abaisser [les valeurs] en [leur] assignant un caractère limité. C’est pourquoi on appellera [les choses] en toute vérité par le nom de la transcendance absolue, par le nom de la volonté divine et du service divin.
(8) Cependant, c’est seulement après l’élévation de la pensée abstraite individuelle jusqu’à sa plus haute portée, après [l’apparition des] conceptions individuelles les plus riches dans les domaines de la pensée et de l’action, et une fois acquise la pleine conscience que tout concept, [fût-il] élevé et sublime, a une limite et une mesure, et que dans la profondeur de l’âme humaine, il existe une nostalgie pour ce qui est au-delà de toute limite et supérieur à toute mesure,
(9) c’est une fois acquise la pleine conscience que toute bonne action porte un germe dans la vie de la collectivité, (10–11) et que chaque génération a une part, parmi des myriades sans fin, pour être hissée et tirée vers le haut, mais que l’élévation aboutie et idéale, dans son caractère absolu, n’existe que dans le ‘trésor de vie’, car là, autant le bien suprême sans limite et sans mesure que le bien simple et modeste s’unissent et s’articulent avec la volonté divine, parfaite dans sa finalité,
(12) alors, [et seulement alors,] la pratique sociale devra forcément s’élever elle aussi au niveau de noblesse de la pensée la plus pure, la plus sereine et la plus clarifiée, dépassant toute la petitesse et les vexations ordinaires dans les bas-fonds de la vie où a pitoyablement déchu la multitude, au point d’avoir même entraîné avec elle ses intellectuels et ses notables, au point d’avoir agi aussi sur eux, de sorte qu’ils considèrent que toute vérité des plus hautes, toute réflexion des plus élevées – qui surmontent l’abîme où ils ont sombré dans les polémiques, la confusion et l’ignorance – sont des choses sans rapport direct avec la vie dans sa réalité.
(13) En réalité, seul le chemin qui mène au sommet de la pensée et de l’idéalisme, lui seul illumine la vie et l’emplit de clarté et de splendeur, pour l’installer sur l’assise qui lui est destinée selon sa nature propre, enfouie dans la profondeur de tout cœur et de toute âme. Quand on le suit, les prisons intellectuelles et morales ouvrent leurs portes, (14) et la vie rayonne dans sa plénitude : “Un cri de joie et de délivrance retentit dans les tentes des justes : ‘la Droite de l’Éternel fait la force, la Droite de l’Éternel élève, la Droite de l’Éternel fait la force’”.
(15) Tous les penchants naturels se tiennent prêts à être élargis afin de remplir leur mission divine bénie et lumineuse ; et toutes les pensées de l’intelligence sont les grands luminaires qui projettent leur lumière sur toutes les terres de la vie du verset : “le chemin des justes est comme la lueur du matin, qui va en progressant jusqu’au plein jour”.
C’est pourquoi aucune force n’est à repousser, aucune pensée n’est à disqualifier, au contraire : tout est lumière, tout est vie, tout est prêt et convié à servir avec les anges du Service, à chanter avec les archanges du Ciel, pour “rassasier tout vivant de volonté”, pour accroître le bonheur collectif et individuel, [le bonheur] de la réjouissance divine par ses créatures, lorsqu’elles s’élèvent et sont bénies, lorsqu’elles sont joyeuses et toutes rayonnantes, sans tristesse ni chagrin, “sans opposition ni mauvaise fortune”, avec juste un abri de paix déployé, et un dôme d’honneur pour protéger tout sentiment de vie, tout penchant et toute pensée, toute action et toute entreprise. Toutes ces choses se lient ensemble pour composer la nation et la génération, le collectif et l’individuel.
“‘[Benaïahou fils de Joïada était] un homme vaillant aux exploits multiples, [habitant] de Kabtséel,’ [Samuel II 23, 20] – qui agrandit et accumula les prouesses pour la Thora [Berakhot 18a-b]”, et pour qui aucune guerre n’était difficile. Il l’emportait quels que soient la force et les obstacles qui lui étaient opposés. Tout ce qui pouvait servir au bien avait la même valeur dans sa main pour renforcer sa capacité, son prestige et son invincibilité. “Il vainquit les deux champions de Moav et il descendit tuer le lion dans la fosse un jour de neige. Et il tua un Égyptien, homme imposant qui tenait une lance à la main : il descendit vers lui avec un bâton, il prit la lance de la main de l’Égyptien, et il le tua avec sa lance” [Samuel II 23, 20-21].
(16) Il en va du collectif comme de l’individu : quand la voie à suivre consiste pour lui à progresser à l’étage inférieur, celui de la morale universelle, certes cette voie est basse, obscure et pleine de clameurs de guerre ; mais malgré toute sa pénibilité, ses outils sont les bons. Devant elle, les forces du mal se soumettent, et la suprématie revient à la droiture, à la justice, au bien et à l’intelligence, conformément au consensus habituel, que ces valeurs existent principalement dans les conditions du contrôle de soi. Certes leurs cheminements particuliers sont remplis de guerre et de victoire mêlées, certes elles se servent de drogues amères pour se lever et tenir sur leurs pieds, mais malgré tout, la force et la justice restent à leur droite.
(17) Tel est le judaïsme à l’extérieur d’Israël, qu’il ne peut exister ni dans sa plénitude ni dans sa pureté, car en définitive “celui qui habite hors de la Terre d’Israël ressemble à un homme qui n’a pas Dieu”. Là-bas, “dans la vallée des ténèbres”, il est impossible de marcher au large, il est impossible d’aspirer à une vie pleine, car la vie sociale et nationale est empoisonnée par l’air toxique de la terre des peuples, qui donne vie à ces peuples parce qu’ils trouvent là tout ce qu’ils cherchent, parce qu’ils peuvent y construire leurs plus grands projets. Mais Israël ne trouvera là aucun point important de son idéal spécifique. C’est pourquoi il est obligé de “boiter sur sa jambe”, [c’est-à-dire] de consacrer toutes ses prières à la seule satisfaction de ses besoins individuels, à ce qui est nécessaire à sa nourriture et à sa subsistance. Il résulte de tout cela que cet air lui-même contamine le cœur et le cerveau du Juif, qu’il l’affaiblit et qu’il l’obstrue. C’est pourquoi seule la voie générale du contrôle de soi est la plus réaliste et la plus pertinente là-bas pour gérer les désirs.
(18) Mais ceci n’est pas la Thora de vie dont la Génération a besoin à l’approche du Messie, et qui doit forcément être retirée de la Terre de la vie, de l’endroit où notre vie a sa demeure.
Traduction avec commentaire :
1. La vertu unique de la Terre d’Israël.
2. La maîtrise et la droiture – chez l’individu et dans la collectivité.
3. L’enseignement qu’il faut à la Génération.
4. Être naturel ou maître de soi ?
5. Le combat de l’homme droit.
6. “Dieu dit qu’il demeure dans la brume”.
7. Toutes les questions s’adressent à nous.
8. La dimension divine et son approche.
10. L’homme en perfectionnement.
11. Les ‘terrains conquis’ de la nation
12. La pratique sociale.
13. « Libère ton cou de son carcan ! «
14. « La Thora affaiblit l’homme ».
15. Les tendances naturelles et leur vraie place.
16. Le contrôle de soi de nos jours.