(La Méditerranée à Netanya)
Traduction simple :
À la suite de la disgrâce de la connaissance des Secrets, la notion de Sainteté de la Terre d’Israël prend une forme confuse. À la suite de l’aliénation à la connaissance secrète du Divin, les vertus sublimes de la profondeur de la vie divine deviennent des choses secondaires, qui n’entrent pas dans la profondeur de l’Âme, et il va de soi que la force principale vient à manquer à l’Âme de la nation et de l’individu.
Et l’exil trouve grâce pour ce qu’il est, car à celui qui n’aperçoit que l’apparence il ne manquera rien d’essentiel par le manque de la Terre, de la souveraineté et de tous les projets de construction de la nation. Le principe de l’attente de la Délivrance est pour lui comme un rameau latéral sans lien possible avec la connaissance profonde du judaïsme. Ceci témoigne par soi-même de la carence d’une telle pensée pauvre en sève.
Nous ne récusons aucune sorte de conception ou de compréhension fondée sur le bon sens, l’intuition et la Crainte du Ciel, quelle qu’en soit la teneur. [Nous récusons] seulement ce qui, dans une telle pensée, voudrait dénier les Secrets et leur contribution essentielle à l’esprit de la nation, car ceci est une calamité que nous avons le devoir de combattre, avec Sagesse et intelligence, avec Sainteté et courage.
Commentaire du Rav Aviner :
Comment se fait-il que certains des plus grands maîtres de la Thora ne comprennent pas ce qu’est la Terre d’Israël ? Pourtant, tous les livres de la Bible (Pentateuque, Prophètes et Hagiographes) sont remplis de versets qui mentionnent son importance !*
À la suite de la disgrâce de la connaissance des Secrets, la notion de la Sainteté de la Terre d’Israël prend une forme confuse – cette ‘connaissance confuse’ est celle qui ne voit dans la Terre d’Israël qu’un moyen*. Car d’un point de vue strictement rationnel il ne s’agit apparemment que d’une terre, de ‘territoires’, de sorte que cela ne changerait rien que nous habitions en Israël ou en Amérique : “En tout lieu où J’invoquerai mon Nom – c’est-à-dire : où Je permettrai que mon Nom soit invoqué – Je viendrai vers toi et Je te bénirai” [Exode 20, 21]. ‘Et que nous arriverait–il si nous donnions aux Arabes telle ou telle partie de la Terre d’Israël ?!…’ Mais en vérité, la Terre d’Israël est une notion secrète, et pour la comprendre il faut étudier les secrets de la Thora* .
À la suite de l’aliénation à la connaissance secrète du Divin – quand non seulement on n’étudie pas les Secrets de la Thora, mais on pense même qu’ils n’ont aucune utilité, les vertus sublimes de la profondeur de la vie divine deviennent des choses secondaires – tout le monde pense que l’essentiel est uniquement l’observance des mitsvot, et que la foi et l’attachement à Dieu, la possibilité de vivre une vie divine ici sur la Terre, grâce à la Thora et à la crainte du Ciel, ne sont que des choses accessoires et secondaires – qui n’entrent pas dans la profondeur de l’Âme, et il va de soi que la force dominante vient à manquer dans l’Âme de la nation et de l’individu.
Et l’exil trouve grâce pour ce qu’il est, le problème n’est plus l’exil, mais le fait que le peuple d’Israël s’est amouraché de l’exil* ! – car à celui qui n’aperçoit que l’apparence, pour celui qui ne regarde que le côté dévoilé, la Terre d’Israël apparaît comme “un objet extérieur à la nation”, comme “un moyen de la consolider physiquement ou spirituellement”. Il n’est pas capable de comprendre la valeur intrinsèque de la Terre, et pour lui il ne manquera rien d’essentiel par le manque de la Terre, de la souveraineté – qui lui semblent complètement accessoires et marginales*, et de tous les projets de construction de la nation*.
Le principe de l’attente de la Délivrance est pour lui, pour l’homme “qui n’accède qu’au domaine de l’apparence”, comme un rameau latéral – épisodique. Et pourtant, il attend la Délivrance parce qu’il a la crainte de Dieu, mais en fin de compte cette attente ne remplit pas tous les jours de sa vie…* – sans lien possible avec la connaissance profonde du judaïsme.
Cet homme, qui n’étudie pas les Secrets de la Thora, pense qu’on peut être un bon Juif, et même un Juste, sans pour autant attendre la Délivrance. Il ne comprend pas que tant que le peuple d’Israël ne vit pas en tant que nation sur sa terre, tout lui manque. Il ne voit pas comment l’exil est le tombeau où la nation d’Israël se décompose, il ne voit pas que la vermine nous ronge au point de ne laisser de nous qu’une ‘pelletée d’os vermoulus’ [Gaon de Vilna, à la fin du Sifra Detsniouta]. Ceci témoigne par soi-même de la carence d’une telle pensée pauvre en sève. Quand on n’étudie pas les Secrets, la Thora se dessèche*, et la Terre d’Israël devient une mitsva secondaire et marginale* .
Nous ne récusons aucune sorte de conception ou de compréhension fondée sur le bon sens, l’intuition et la crainte du Ciel, quelle qu’en soit la teneur, nous ne nous opposons pas aux Talmidé Hakhamim qui ne s’adonnent pas à l’Intériorité de la Thora*, car c’est un fait que beaucoup d’entre eux ne l’ont pas étudiée. [Nous récusons] seulement ce qui, dans une telle pensée, voudrait dénier les Secrets et leur contribution essentielle à l’esprit de la nation. Il est permis à un homme de pratiquer le judaïsme dans une conception simple, et il est permis à des communautés constituées de se conduire selon une pensée sans profondeur, mais ils ne doivent pas dénier les secrets de la Thora* ! Car ceci – le fait que des Talmidé hakhamim s’opposent à l’intériorité de la Thora, et la rendent simpliste et complètement superficielle – est une calamité que nous avons le devoir de combattre, dans une guerre qui ne vise pas ces courants eux-mêmes, mais le déni dont ils sont porteurs, “le côté qui, dans une telle pensée, voudrait dénier…”. Et ce combat ne doit pas être menée de façon violente et injurieuse, mais avec sagesse et intelligence, avec Sainteté et courage.