6. La sainteté acquise en Terre d’Israël


(Au-delà du désert – vue de Massada)


Traduction simple :

L’action de l’Esprit de Sainteté reçu en Terre d’Israël se prolonge, même s’il se trouve que l’homme est sorti de la Terre d’Israël par erreur, ou pour quelque raison obligée. Même la prophétie, quand elle s’est déjà manifestée en Terre d’Israël, ne s’interrompt pas endehors d’Israël : “ ‘La parole de Dieu être/fut adressée à Ézéchiel… au pays des Chaldéens…’ [Ézéchiel 1, 3] [le mot] ‘être’ [est ajouté] parce qu’elle l’avait déjà été” [Moëd Katan 25a]. Le flux de sainteté, initié en Terre d’Israël, recueille toutes les émergences de sainteté qui se trouvent hors de la Terre d’Israël, dans toutes les zones profondes, en les rapprochant par sa force d’attraction. 

Quand il devient plus difficile de supporter l’air ambiant hors du Pays, quand on ressent davantage l’esprit d’impureté qui imprègne une terre impure, c’est le signe, pour de la Bonté suprême, d’une intégration plus profonde la Sainteté de la Terre d’Israël. [La Bonté suprême] n’abandonnera pas l’homme qui a mérité de trouver refuge à l’ombre pure de la Terre de vie, même dans son éloignement et son errance, même dans son exil sur la terre de ses pérégrinations.

L’étrangeté ressentie hors de la Terre d’Israël rattache le désir spirituel le plus profond à la Terre d’Israël et à sa Sainteté. L’attente de la voir se fait plus pressante, et le dessin du modèle de Sainteté de cette terre, que les yeux de l’Éternel ne quittent jamais du début de l’année à la fin de l’année, s’imprime de plus en plus profondément. 

Le profond désir de Sainteté inhérent à l’amour pour Sion, au souvenir de la terre à laquelle tous les trésors sont reliés, quand il prend force dans une Âme, même individuelle, a l’effet d’une fontaine jaillissante sur toute la collectivité, et sur les myriades d’âmes qui lui sont attachées. La voix du Chofar s’éveille pour rassembler les exilés, un élan de miséricorde prend son essor, un espoir de vie étincelle pour Israël, le verger de l’Éternel devient florissant, une lumière de salut et de délivrance rayonne et se propage comme l’aube se déploie sur les montagnes.


TEXTE HÉBREU ORIGINAL


Commentaire du Rav Aviner :

Dans le chapitre précédent, le Rav écrit que la Terre d’Israël et particulièrement Jérusalem, la “Vallée de la Vision” [Isaïe 22, 1] – rend possible l’intégration de l’Esprit de Sainteté et de la Prophétie par l’action de l’air du pays sur l’ensemble des facultés humaines : l’Intellect, la Sensibilité, l’Imagination et la Volonté* ; la Terre d’Israël fait alors affluer sur l’homme l’Esprit de Sainteté et la Prophétie. Puisque la Terre et le Peuple d’Israël ne forment qu’une seule entité*, c’est seulement en Terre d’Israël que nous sommes complets, et capables d’assimiler les dévoilements de Sainteté qui s’y déroulent.

L’action de l’Esprit de Sainteté reçu en Terre d’Israël se prolonge, même s’il se trouve que l’homme est sorti de la Terre d’Israël, mais seulement s’il en est sorti par erreur, s’il croyait se trouver encore en Terre d’Israël alors qu’il en était sorti, ou pour quelque raison obligée, dans un cas où la Halakha permet de sortir*. Un homme qui est sorti par erreur ou par contrainte de la Terre d’Israël continue malgré tout d’être habité par l’Esprit de Sainteté, et en voici la preuve : même la Prophétie, quand elle s’est déjà manifestée en Terre d’Israël, ne s’interrompt pas en–dehors d’Israël, comme il est dit à propos du prophète Ézéchiel : “‘La parole de Dieu être/fut adressée à Ézéchiel au pays des Chaldéens’ [Ézéchiel 1, 3]  [le mot] ‘être’ [est ajouté] parce qu’elle l’a déjà été❞ [Moëd Katan 25a]. Ézéchiel a pu prophétiser hors de la Terre d’Israël parce qu’il avait déjà mérité de recevoir la Prophétie en Terre d’Israël. Ainsi, “l’Esprit de Sainteté ne s’écarte pas de ceux qui en sont dignes, dans toutes les générations” [Michpat Cohen p. 176].

Mais ceci pose un problème : comment l’influence de l’Esprit de Sainteté est-elle possible hors de la Terre d’Israël, alors que la terre et l’air y sont impurs ?! – Parce que le flux de sainteté, initié en Terre d’Israël, non seulement se poursuit à l’extérieur, mais recueille toutes les émergences de Sainteté qui se trouvent hors de la Terre d’Israël, dans toutes les zones profondes, en les rapprochant par sa force d’attraction. Au fond de l’impureté de l’exil, il existe des étincelles de sainteté (sans lesquelles l’impureté tomberait sans la moindre possibilité d’exister)*. L’homme qui a développé son aptitude à l’étude, à la recherche, à la compréhension et à la réflexion, et qui a mérité de recevoir l’Esprit de Sainteté en Terre d’Israël, est capable de se mesurer au phénomène de l’impureté qui règne hors de la Terre d’Israël, et il est même capable de se relier aux étincelles de sainteté qui s’y trouvent, et de trier ainsi le saint du profane

Quand il devient plus difficile de supporter l’air ambiant hors du Pays, quand on ressent davantage l’esprit d’impureté qui imprègne une terre impure, c’est le signe, pour la Bonté suprême, d’une intégration plus profonde de la Sainteté de la Terre d’Israël – dans toute la mesure où l’homme ressent du dégoût et du mépris pour l’exil*, c’est le signe qu’il est capable d’intégrer profondément l’Esprit de Sainteté de la Terre d’Israël, car la répulsion pour l’air de l’exil va de pair avec l’aptitude à assimiler ‘l’air de la Terre d’Israël [Baba Batra 158b]. [La Bonté suprême] n’abandonnera pas l’homme qui a mérité de trouver refuge à l’ombre pure de la Terre de vie, celui qui a mérité d’être en Terre d’Israël et de respirer son air, et qui a ensuite été obligé d’en sortir, même dans son éloignement et son errance, même dans son exil sur la terre de ses pérégrinations. Un homme qui a mérité d’habiter en Terre d’Israël et d’assimiler sa sainteté, s’il sort du pays par erreur ou par contrainte, continuera d’être guidé pour recueillir les émergences de sainteté dispersées parmi les peuples. Et ceci se manifestera par une répulsion profonde pour l’exil.

L’étrangeté ressentie hors de la Terre d’Israël – un Juif hors d’Israël doit se sentir étranger !* – rattache le désir spirituel le plus profond à la Terre d’Israël et à sa Sainteté. Jusqu’à présent, le Rav a dit qu’un Juif qui a habité en Terre d’Israël, et qui a mérité d’y recevoir l’Esprit de Sainteté, continue d’être guidé par celui–ci, même s’il est sorti de la Terre d’Israël contre son gré. Mais qu’en est-il de celui qui n’a jamais pu venir en Terre d’Israël ? Pourra-t-il lui aussi accéder à l’Esprit de Sainteté ? Le Rav répond positivement : par le sentiment d’étrangeté et le dégoût qu’il ressent en exil, le Juif peut mériter d’accéder à l’Esprit de Sainteté, même s’il est en–dehors de la Terre d’Israël !

L’attente de la voir – celle dont parle la Guemara de Ketoubot [75a] à propos du verset : “Et de Sion on dira : celui-ci et celui-là y sont nés [Psaumes 87, 5]”. La Guemara pose la question : “Tous les hommes sontils nés à Sion ?!”, et elle répond qu’il s’agit en réalité de “celui qui y est né et celui qui est dans l’attente de la voir”, lorsqu’il se trouve physiquement hors d’Israël, mais que son Âme est en Terre d’Israël. L’attente de voir la Terre d’Israël se fait plus pressante chez cet homme, car la sensation d’étrangeté de l’exil va de pair avec l’attente de voir la Terre d’Israël, et le dessin du modèle de Sainteté − l’essence de la Sainteté − de cette terre, que les yeux de l’Éternel ne quittent jamais du début de l’année à la fin de l’année, s’imprime de plus en plus profondément. De plus en plus, l’homme qui est tout entier dans l’attente de voir la Terre d’Israël comprend, se représente, saisit, ressent et vit la Terre d’Israël*.

Le profond désir de Sainteté inhérent à l’amour de Sion, “terre chérie” [Jérémie 3, 19 ; Psaumes 106, 24 ; Zacharie 7, 14], inhérent au souvenir de la terre à laquelle tous les trésors sont reliés– il s’agit de l’air de la Terre d’Israël qui “rend intelligent” [Baba Batra 158b], des dévoilements de l’Esprit de Sainteté et de la Prophétie qui s’y manifestent, des Mitsvot liées à la Terre, de la souveraineté, de la prêtrise, du Sanctuaire…, tous ces trésors qui ne peuvent exister qu’en Terre d’Israël – quand il prend force dans une âme, même individuelle, a l’effet d’une fontaine jaillissante sur toute la collectivité*, car de cet individu jaillissent des pensées ‘israéliennes’ qui retentissent sur la nation entière, et dans toute la mesure où cette âme unique se détourne de l’exil et désire ardemment la Terre d’Israël, elle a une influence sur les myriades d’âmes qui lui sont attachées*.

La voix du chofar s’élève pour rassembler les exilés, un élan de miséricorde prend son essor, un espoir de vie étincelle pour Israël, le verger de l’Éternel devient florissant, une lumière de salut et de délivrance rayonne et se propage comme l’aube se déploie sur les montagnes. Tel est le processus de la Délivrance : il vient de manière naturelle, ‘peu à peu’ [Talmud de Jérusalem, Berakhot 4, 2]*. Il commence par un sentiment de répulsion vis-à-vis de l’exil, et il se continue par le désir ardent de la Terre d’Israël. À partir de là se produit un mouvement de retour du peuple vers sa Terre. De ces individus isolés jaillit le flot d’une fontaine* sur toute la collectivité, jusqu’à ce que finalement le pays d’Israël se construise.


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