2. La maîtrise et la droiture – l’individu et la collectivité


Le Rav notre maître va maintenant expliquer un point central dans la Thora d’Érets-Israël. Comme le perfectionnement moral de l’individu, celui de la collectivité entière se répartit sur deux niveaux bien connus, celui de la droiture et celui de la maîtrise. Les concepts moraux de ‘droiture’ [‘yachar’ = qui est droit] et de la ‘maîtrise’ [‘kovech’ = qui conquiert] ne sont pas une invention du Rav notre maître. Pour les expliquer, notre maître le Rav Tsvi Yéhouda renvoie au livre ‘Haktav Véhakabbala’ du Rav Yaakov Tsvi Mecklenburg, à la note 29 de l’édition du Mossad Harav Kook.

La plus grande partie des écrits des Sages s’intéresse à la maîtrise, et non à la droiture. Exemple : “Qui est l’homme fort ? – celui qui maîtrise son penchant”  [Traité des Pères 4, 1]. Le Rambam, dans son Traité des Huit Chapitres[chap. 6], oppose celui qui maîtrise son penchant au ‘hassid accompli’. Celui qui est dans la maîtrise, soumet son penchant au mal, alors que celui qui est dans la droiture est naturellement bon, il n’a pas besoin de livrer de combats intérieurs. On trouve la même chose dans Messilat Yécharim : le tsadik se caractérise par la maîtrise de soi, alors que le hassid se caractérise par la droiture. Et il existe encore un niveau supérieur, qui est celui du kadoch [le ‘saint’].

Le Rav notre maître va d’abord décrire le travail de l’individu, et dans la suite il se concentrera sur le travail du collectif. Tant que l’individu ne s’est pas encore hissé au sommet de la perfection morale, lorsque le sceau de la rectitude et du bien n’est pas encore suffisamment imprimé dans sa nature, le chemin de la droiture lui est difficile, il doit batailler à chaque pas, il est obligé d’écraser ses forces mauvaises, de les soumettre, et parfois de les supprimer.

Le début du chemin, c’est celui du contrôle de soi. Tant que je ne suis pas un grand tsadik, je suis obligé de  rester dans la maîtrise, je ne peux pas me laisser emporter par ma nature. Si, n’étant pas un grand tsadik, je décide malgré tout de suivre ma nature – qui n’est pas encore propre – je ne peux que tomber dans les fautes. C’est seulement quand l’homme se sera hissé au niveau le plus élevé de la droiture, et quand sa nature sera épurée, que la maîtrise deviendra pour lui une gêne, et qu’il n’en aura plus besoin.