(Monnaie d’un demi shekel de l’époque de la Grande Révolte de Bar Kochba)
Traduction :
Nous regardons les premières générations dont nous parlent la Thora, les Prophètes et les Hagiographes, ces générations qui étaient occupées à la guerre. Ce sont eux, les Géants à qui nous nous rattachons avec amour et vénération sainte. Nous comprenons que l’étincelle de l’âme est le fond des choses. La situation mondiale qui avait cours alors, où la guerre était tellement inéluctable, provoqua l’apparition de ces âmes dont le sentiment intérieur était de plénitude. Au fond de leur conscience, la guerre pour leur survie, pour la survie de la nation, était une guerre pour l’Éternel. Leur esprit était fort et ils savaient, au plus profond des ténèbres, choisir le bien et s’écarter du mal. “Même quand je marcherai dans la vallée de la mort, je ne craindrai pas le mal”.
Quand nous pensons à eux, dans toute cette émergence spirituelle que nous recherchons tant, nous envions leur fermeté, la force vitale entière et solide, impétieuse et inébranlable, qui les habitait. Sous l’effet de ce puissant désir, notre force spirituelle s’affermit et notre courage s’affine, et ces âmes fortes reviennent vivre en nous, comme aux [anciens] jours du monde.
Commentaire du Rav Aviner :
La guerre est une chose exécrable, et il est évident qu’il vaut mieux résoudre les problèmes sans recourir à la guerre. Mais en même temps, la guerre n’est pas une chose immorale en elle-même, ce n’est pas un acte méprisable et déshonorant ! Le combattant ne doit pas se sentir blessé dans sa sensibilité et dans son honneur, il ne doit pas se sentir taraudé par le remords, à Dieu ne plaise !
C’est même tout le contraire : étudie la Bible, étudie l’époque où nous étions un peuple libre sur notre terre, c’était une époque où de nombreuses générations étaient constamment occupées à faire la guerre ! Nous regardons les premières générations dont nous parlent la Thora, les Prophètes et les Hagiographes, ces générations qui étaient occupées à la guerre. Ce sont eux, les Géants à qui nous nous rattachons avec amour et vénération sainte – ‘crainte révérencielle’. Tous les grands personnages de la Bible étaient des hommes de guerre !
Pourtant, la guerre est une chose affreuse, elle n’est en rien de sympathique, et nous, nous aimons la paix. Mais la guerre peut aussi être la chose la plus morale du monde, tout dépend du motif de la guerre. Nous comprenons que l’étincelle de l’âme est le fond des choses – la motivation intérieure qui amène un homme à faire la guerre à l’autre : la question est de savoir s’il fait la guerre parce qu’il a un caractère violent, plein de pulsions agressives qui le poussent à se battre avec l’autre, et que c’est pour lui le moyen de donner libre cours à tous ses affects hostiles ; dans ce cas, la guerre est une chose abominable plus que toute autre. Ce n’est rien d’autre que du meurtre au grand jour ! Mais si l’homme fait la guerre parce qu’il veut se défendre, la Thora dit : “S’il vient pour te tuer, tue-le le premier !” [Sanhédrin 72a] ; “Maudit celui qui retient son épée de verser le sang !” [Jérémie 48, 10].
La situation mondiale qui avait cours alors, où la guerre était tellement inéluctable – à cette époque, les peuples voisins étaient assoiffés de sang et passionnés de guerre. Nous n’avions pas le choix, si nous ne leur avions pas fait la guerre, ils nous auraient éliminés, à Dieu ne plaise ! Cette situation mondiale provoqua l’apparition ces âmes – des âmes de combattants héroïques – dont le sentiment intérieur était de plénitude – pour eux, aller à la guerre était une chose intègre et morale, belle et bonne.
Au fond de leur conscience, la guerre pour leur survie, pour la survie de la nation – ce n’était pas une guerre pour conquérir des terres lointaines, pour nous couvrir de gloire ou nous approprier du butin, c’était une guerre dont l’enjeu était la survie ou la disparition de la nation – était une guerre pour l’Éternel. Ils savaient, au fond de leur conscience et de leur conviction, que la guerre pour l’existence de la Nation d’Israël était vraiment une ‘guerre de l’Éternel’, comme le dit Abigaïl à David : “Car ce sont les guerres de l’Éternel que mon Seigneur guerroie” [Samuel I 25, 28]. Voilà ‘l’étincelle de l’âme’ qui s’allumait au fond d’eux-mêmes.
Leur esprit était fort, ils combattaient avec audace et vaillance, et ils savaient, au plus profond des ténèbres, pas seulement dans la maison d’étude, mais au plus fort de la guerre, choisir le bien et s’écarter du mal. Ils firent la guerre, mais ils ne fléchirent pas moralement, ils ne se salirent pas, et ils ne s’emmêlèrent pas dans des complications. “Même quand je marcherai dans la vallée de la mort, je ne craindrai pas le mal…” [Psaumes 23, 4 ; Zohar Berechit 57, 1]. Autrement dit : même dans le combat contre mes ennemis, je ne craindrai pas de devenir un homme méchant, ni de laisser ma moralité se dégrader.
Quand nous pensons à eux, ces Géants que nous révérons et que nous aimons, dans toute cette émergence spirituelle que nous recherchons tant – nous aspirons à la grandeur de l’esprit, à la pureté et à la sainteté : “J’affirme donc que chacun en Israël a le devoir de se demander : ‘quand mes actions arriveront–elles au niveau des actes de mes pères, Avraham, Itzhak et Yaakov ?’” [Midrach Tana Dvé Éliahou Raba, chap. 25] – nous envions leur fermeté, nous voulons retrouver le courage et l’héroïsme qu’avaient nos pères à la guerre, car tout en étant des êtres à l’âme raffinée, ils étaient forts et vaillants dans leurs guerres. Nous aspirons à la force vitale entière et solide, impétueuse et inébranlable, qui les habitait. Sous l’effet de ce puissant désir, notre force spirituelle s’affermit et notre courage s’affine, notre courage devient raffiné et pur, contrairement aux nations du monde où le courage est grossier.
Nous étudions la vie de ces héros de la Bible, nous envions leur caractère et nous nous rattachons à eux. Par là même, notre esprit délicat se fortifie et notre courage s’affine, et ces âmes fortes reviennent vivre en nous, comme aux [anciens] jours du monde. C’est ainsi que le courage de la guerre nous revient.