13. « Libère ton cou de ses liens ! »

(Isaïe 52, 2)


En réalité, seul le chemin qui se dirige vers le sommet de la pensée et de l’idéalisme, c’est-à-dire le chemin de l’homme droit, du hassid authentique, lui seul éclaire la vie – les actions –, l’emplit de clarté et de splendeur pour l’installer sur son assise, conçue pour elle selon sa essence propre, dissimulée dans la profondeur de chaque cœur et de chaque âme. Ce qui est décrit ici n’est pas un rêve en-dehors de la réalité, car dans la profondeur de la vie de tout homme se trouve une âme divine.

Dans un autre endroit, le Rav notre maître donne au hassid parfait’ le nom de la  ‘sainteté qui élève la vie’, et à celui qui maîtrise son penchant le nom de la ‘sainteté qui lutte contre la vie’. C’est ce qui fait la différence entre la morale de la Terre d’Israël et la morale de l’extérieur d’Israël, là-bas la vie est malsaine. Seule une morale élevée et idéaliste peut réussir dans la nation d’Israël, alors qu’une morale de niveau inférieur est vouée à l’échec.

On doit remarquer que l’homme éprouve deux sortes d’aspirations : 1/ des aspirations sublimes, au-delà de toute limite ; 2/ et puisque les premières sont pratiquement inaccessibles, il faut aussi des aspirations moyennes qu’il est possible de satisfaire, et qui représentent une étape sur le chemin des aspirations sublimes.

Quand on suit une telle approche, les prisons intellectuelles et morales s’ouvrent – le mot employé est ‘ouverture’. Il existe des enfermements intellectuels qui t’enchaînent, on dit : “ceci et cela est interdit… ”“ceci et cela n’est pas moral…”. Notre génération n’aime ni les chaînes, ni les ordres, ni la contrainte. Notre génération aime la liberté – nationale et individuelle -, elle est même prête à donner sa vie pour cette liberté. “Être un peuple libre sur notre terre” [Hatikva], ce n’est pas seulement se libérer des Britanniques, mais se libérer de toute oppression. L’amour de la liberté a amené la Génération à rejeter la Thora qui semble s’opposer à l’intelligence et à la morale, à la vie, à la nature et à la liberté. C’est pourquoi il faut expliquer que la Thora ne contredit pas la liberté.

Il est vrai cependant que la Thora est pleine d’interdictions, est-ce que c’est cela la liberté ? – Réponse : un homme qui est hassid, un homme qui est droit, se sent libre en accomplissant la Thora. En revanche, un homme qui est dans la maîtrise ne se sent pas libre. Nous avons mentionné que la nation avait le devoir d’être dans la droiture et non dans la maîtrise. Cela signifie que nous avons le devoir d’élever l’explication au niveau de la droiture, et alors – seulement alors – la nation cessera de se révolter.

Dans le futur à venir, nous accomplirons des mitsvot sans la contrainte des commandements, comme l’ont dit nos Sages : “Les mitsvot seront annulées dans le futur à venir” [Nidda 61b]. Bien-entendu, cela ne veut pas dire que dans l’avenir nous pourrons transgresser la volonté divine (Dieu nous en préserve !), mais cela veut dire que nous n’aurons plus besoin de commandements pour cela. C’est du fond de notre nature que nous viendra l’accomplissement des mitsvot.

Et en fait, ce ‘futur à venir’ commence déjà maintenant : aujourd’hui déjà, la nature du Juif est de ne pas tuer, de ne pas voler et de ne pas se débaucher, et cette nature va en s’affirmant de plus en plus. Nous n’avons pas besoin pour cela de nous forcer à obéir à des ordres, c’est notre vie qui le veut ainsi.

Le niveau de la maîtrise ne se manifeste pas seulement dans le contrôle de soi et l’abstention des transgressions, mais il peut apparaître aussi dans l’élévation au-dessus des idéaux inférieurs.