9. L’urgence de la construction de la Nation d’Israël

 


(La Knesset)


Traduction simple :

L’édifice du monde, qui s’effondre actuellement sous les violents assauts d’une épée sanglante, appelle la construction de la Nation d’Israël. La construction de la nation et le dévoilement de son esprit sont une seule et même chose, absolument indissociable de la reconstruction du monde en décomposition qui espère [la venue] d’une force pleine d’unité et de supériorité. Et tout cela se trouve dans l’âme de l’Assemblée d’Israël.

Chez elle, l’esprit divin est entier, l’esprit du Nom entier se trouve en elle, et il est impossible à l’esprit d’un homme sensible aux impulsions de son âme de rester muet en ce grand moment, de ne pas en appeler à toutes les forces cachées de la nation : “Réveillez–vous et levez–vous pour remplir votre rôle !” .

La voix de Dieu appelle avec force, et nous la distinguons depuis l’intériorité de notre âme et les mouvements de la vie. Israël est forcé de dévoiler sa source de vie, et de prendre fermement appui sur son caractère spirituel. “Quelle est la nation [assez] grande pour que Dieu lui soit proche ?” – une nation qui connaît le ‘caractère’ de son Dieu.

La civilisation mondiale vacille, l’esprit de l’homme se relâche, les ténèbres recouvrent tous les peuples : “L’obscurité recouvrira la terre, et le brouillard les nations”. L’heure est arrivée : la lumière du monde, la lumière du Dieu de vérité, la lumière du Dieu d’Israël qui se dévoile au moyen de son peuple, peuple de miracles, doit se révéler à la conscience. Et la conscience doit venir de l’intérieur de la Nation d’Israël, pour qu’elle reconnaisse l’unité de ses forces, pour qu’elle reconnaisse le Divin qui l’habite.

Ayant conscience que Dieu est en elle, elle saura comment dévoiler sa source de vie, elle saura réaliser sa vision fondatrice par ses propres moyens. Elle n’est pas appelée à s’alimenter aux sources étrangères, mais seulement à puiser de ses propres profondeurs. Elle puisera la volonté de la profondeur de sa prière, la vie du puits de sa Thora, le courage de la racine de sa foi, l’ordre de la droiture de son intellect, la vaillance de la ferveur de son esprit, et tout ce qui dépasse le dais de ses cieux, [elle le puisera] de l’esprit divin qui plane sur l’univers entier, depuis l’origine des jours jusqu’à la fin des temps. “Car Je suis avec vous, parole de l’Éternel des Armées, aux termes de l’Alliance que J’ai conclue avec vous à votre sortie d’Égypte, mon esprit se tient en vous, soyez sans crainte.” 

Toutes les cultures du monde se renouvelleront grâce à notre renouveau spirituel, toutes les pensées se redresseront, tous les vivants seront éclairés par la joie d’une nouvelle naissance lors de notre résurrection. Toutes les croyances revêtiront des habits nouveaux, elles ôteront leurs vêtements souillés et mettront des habits précieux, elles se sépareront de toute l’infâmie, de toute l’impureté et de toute l’abomination qui sont en elles, et elles s’uniront pour se délecter des gouttes de la rosée lumineuse du Saint, préparée pour chaque peuple et pour chaque homme depuis les origines dans le puits d’Israël.

La bénédiction d’Avraham pour tous les peuples de la terre commencera d’agir efficacement et ouvertement, et, sur cette base, notre construction en Terre d’Israël reprendra de nouveau. 

La destruction actuelle est la préparation d’un nouveau retour à la vie, profond et radical. La lumière de la Bonté suprême brille de tous ses feux, le Nom de l’Éternel – “Je serai Qui Je serai” – se dévoile de plus en plus, “Donnez de la grandeur à notre Dieu” !


TEXTE HÉBREU ORIGINAL


Commentaire du Rav Aviner :

L’édifice du monde, qui s’effondre actuellement – nous sommes à l’époque de la Première Guerre Mondiale – sous les violents assauts d’une épée sanglante – l’édifice du monde spirituel s’écroule parce que des dizaines de millions d’hommes ont été assassinés ; le meurtre n’est-il pas le crime le plus grave ? Et parce qu’il s’agit d’un effondrement spirituel, ce phénomène appelle la construction de la Nation d’Israël, la seule qui puisse sauver le monde du désastre. C’est cette nation qui tient dans sa main la clé du bonheur de l’humanité et de sa délivrance. C’est la nation dont il est dit : “Vois, l’odeur de mon fils est comme l’odeur du champ que l’Éternel a béni”  [Genèse 27, 27]… ce qui n’est pas le cas des nations du monde, qui exhalent l’odeur du meurtre et de l’assassinat, de la débauche et de l’effondrement de toutes les valeurs.

Cependant, la Nation d’Israël ne peut remplir son rôle tant qu’elle est en exil, car “la sagesse du misérable est méprisée, et ses paroles ne sont pas écoutées” [Ecclésiaste 9, 16]. La Nation d’Israël ne peut donc avoir d’influence que lorsqu’elle est installée sur sa terre. La construction de la nation, c’est-à-dire le retour à Sion et la construction du pays, la création d’une armée, d’un état, d’un système politique et d’une économie, et le dévoilement de son esprit sont une seule et même chose, c’est-à-dire que la spiritualité de la nation se révélera grâce à la construction de sa strucure matérielle, absolument indissociable de la reconstruction du monde en décomposition, car après l’édification de la nation et sa révélation spirituelle, après le grand Retour du Peuple d’Israël à la Terre d’Israël, aura lieu le grand Retour de toute l’humanité, qui espère [la venue] d’une force pleine d’unité et de supériorité

Le monde est dans l’attente, de manière à la fois consciente et inconsciente, de ‘quelqu’un’ qui le sauvera, le relèvera, lui donnera la clé de la bénédiction et de la réussite. Le monde est dégoûté par son état actuel, parce qu’il est déchiré et disloqué entre un peuple et un autre, entre un territoire et un autre, entre l’homme et sa femme, entre l’homme et son prochain, entre la matière et l’esprit, entre une tentation et une autre… C’est pourquoi il faut ‘une force pleine d’unité et de supériorité’, qui regarde tout d’en-haut. Et tout cela se trouve dans l’âme de l’Assemblée d’Israël. C’est dans ce but que le Maître du monde a créé la Nation d’Israël, qui est le “trésor des ressources des mondes” [Orot Israël 5, 2].

Chez elle, l’esprit divin est entier : dans chaque peuple il y a une étincelle de l’esprit divin qui se dévoile, une nuance divine particulière, mais “l’esprit divin entier” ne se trouve que dans la Nation d’Israël. C’est ce qui fait la différence  entre ce que dit Essav : “J’ai beaucoup” [Genèse 33, 9], et ce que dit Yaakov : “J’ai tout” [ibid. 11]. Nous avons tout ! L’esprit du Nom entier se trouve en elle. Chaque peuple a un ange tutélaire responsable de lui, c’est-à-dire une force divine réduite et partielle. Mais l’Assemblée d’Israël a en elle le Nom entier”, la splendeur divine qui englobe tout, et il est impossible à l’esprit d’un homme sensible aux impulsions de son âme de rester muet en ce grand moment – au moment où l’édifice mondial s’effondre, où le sang de dizaines de millions d’hommes coule à flots, de ne pas en appeler à toutes les forces cachées de la nation : “Réveillez–vous et levez–vous pour remplir votre rôle !”.

La voix de Dieu appelle avec force : “Secoue ta poussière et lève-toi !” [Isaïe 52, 2], et nous l’entendons. De quelle manière ? – nous la distinguons depuis l’intériorité de notre âme et les mouvements de la vie. Le fait que nous nous réveillons à la vie, que nous revenons sur notre terre, que nous l’habitons et que nous faisons fleurir le désert est, par lui-même, l’expression de la voix divine qui appelle depuis le tréfonds de notre âme : la poussée intérieure derrière tout cela, c’est la voix divine.

Israël est forcé de dévoiler sa source de vie – le Peuple d’Israël a l’obligation de dévoiler la source de vie à l’origine de sa résurrection nationale, ‘d’insuffler une âme’ au sionisme laïc, et de prendre fermement appui sur son caractère spirituel. En effet, chaque peuple a son caractère national à lui : tel peuple est ordonné, tel autre travailleur, tel autre courageux, tel autre paresseux, et ainsi de suite. Quel est le caractère du Peuple d’Israël ? “Quelle est la nation [assez] grande pour que Dieu lui soit proche ?” [Deutéronome 4, 7] – La caractéristique du Peuple d’Israël est d’être proche de Dieu ! – “une nation qui connaît le ‘caractère’ de son Dieu” [Midrach Devarim Rabba 2, 15 ; Yerouchalmi, Roch Hachana 7, 2]. C’est une nation qui connaît le Maître du monde de façon authentique et profonde, et non pas (à Dieu ne plaise !) de façon profane, embrouillée, nébuleuse, pauvre et fragmentaire, comme les nations du monde.

La civilisation mondiale vacille, elle est près de tomber et de s’effondrer, l’esprit de l’homme se relâche, il n’arrive plus à résister aux emballements de ses passions, que la société rend de plus en plus violentes et dévastatrices, les  ténèbres de la méchanceté et des tendances mauvaises recouvrent tous les peuples, “l’obscurité recouvrira la terre, et le brouillard les nations” [Isaïe 60, 2].

L’humanité est assoiffée de la grande lumière, d’une solution à tous ses problèmes, et quand se produit une grande crise, quand on ressent le vide et l’obscurité, cela indique que l’heure est arrivée : la lumière du monde, et ce qui amènera la lumière au monde est la lumière du Dieu de vérité, qui est en fait la lumière du Dieu d’Israël qui se dévoile au moyen de son peuple, peuple de miracles, peuple prodigieux et miraculeux qui constitue la voie de transmission de la parole de Dieu à son monde, doit se révéler à la conscience – le monde doit reconnaître que la solution de tous ses problèmes, de tous ses malheurs et de toutes ses angoisses se trouve dans le Peuple d’Israël, et la conscience doit venir d’abord de l’intérieur de la Nation d’Israël, pour qu’elle reconnaisse l’unité de ses forces, qu’elle sache que le Peuple d’Israël n’est pas doté d’une foule d’aptitudes dispersées, mais d’une seule aptitude qui se ramifie en une foule d’aptitudes, pour qu’elle reconnaisse le Divin qui l’habite, et qui est la source unique de toutes ces aptitudes. C’est seulement quand nous-mêmes l’aurons reconnu que tous les peuples le reconnaîtront aussi. Il faut donc amener la Nation d’Israël à reconnaître que le Saint-Béni-Soit-Il habite en elle, et que son histoire est miraculeuse, qu’elle transcende les lois générales de l’Histoire.

Ayant conscience que Dieu est en elle, elle saura comment dévoiler sa source de vie et traduire en actes sa vie intérieure et son caractère national, elle saura réaliser sa vision fondatrice par ses propres moyens, dans la fidélité à sa source de vie, et non en se coupant de son passé, à Dieu ne plaise ! Cependant, nous n’avons pas eu d’État pendant presque deux millénaires, alors ne devrions–nous pas nous mettre à l’école des nations du monde ? Le Rav écrit à ce sujet : elle n’est pas appelée à s’alimenter aux sources étrangères, mais seulement à puiser de ses propres profondeurs. Elle puisera la volonté de la profondeur de sa prière, la prière renforce la volonté et la purifie, car grâce à la prière grandissent en l’homme les désirs les plus élevés et les plus nobles ; la vie du puits de sa Thora, la Thora, “Thora de vie” [Prière des Dix-Huit Bénédictions], remplit l’homme de vie : “Vous garderez mes lois et mes statuts, que l’homme appliquera et par lesquels il vivra, Je suis l’Éternel” [Lévitique 18, 5] ; “Et vous, qui êtes attachés à l’Éternel votre Dieu, vous êtes vivants aujourd’hui”  [Deutéronome 4, 4] ;  le courage de la racine de sa foi, le croyant est rempli de force et de courage parce qu’il sait que Dieu vit en lui [voir Josué 3, 10] ; l’ordre de la droiture de son intellect, la droiture intellectuelle d’Israël nous apprend à être ordonnés ; la vaillance de la ferveur de son esprit, le Peuple d’Israël est plein de ferveur et d’héroïsme : “L’Éternel donnera de la ferveur à son peuple”  [Psaumes 29, 11] ; “Il n’y a de ferveur que la Thora”  [Yalkout Chimoni, Tehilim], et pour cette raison “La Thora a été donnée à Israël parce qu’ils sont fervents”  [Beitsa 25b], et tout ce qui dépasse le dais de ses cieux, tout ce qui dépasse le firmament de notre beau ciel spirituel, comme l’héroïsme, l’audace, la droiture, la foi, la Thora et la prière, [elle le puisera] de l’esprit divin qui plane sur l’univers entier, depuis l’origine des jours jusqu’à la fin des temps. Nous pouvons apprendre des nations du monde dans n’importe quel domaine technique, mais tout ce qui touche aux valeurs et aux idéaux, nous ne le recevons que de l’ssprit divin. 

Quand les Juifs revinrent d’exil qui montèrent en Terre d’Israël, ils furent livrés à un grand désarroi : d’un côté, le régime perse se mêlait constamment de leurs affaires et ne leur laissait aucune indépendance, et de l’autre, ils avaient aussi beaucoup d’ennemis à l’intérieur du pays. Le prophète Haggaï leur adressa ce discours : “Car Je suis avec vous, parole de l’Éternel des Armées, aux termes de l’Alliance que J’ai conclue avec vous à votre sortie d’Égypte mon esprit se tient en vous, soyez sans crainte” [Haggaï 2, 4-5]. Pourquoi donc êtes-vous inquiets ? Voyez : le Maître du monde est avec nous depuis cette époque et pour toujours ! La sortie d’Égypte n’est-elle pas un grand miracle ? Le retour à Sion n’est-il pas un grand miracle ? En vérité nous ne dépendons de personne, nous ne dépendons que du Maître du monde, dont l’esprit habite en nous.

Nous n’avons pas besoin de nous imprégner de la culture des nations, de leur éducation et de leur manière de penser, ce sont eux qui ont à apprendre de nous. Nous créerons nous-même notre propre culture, et de là nous rayonnerons sur le monde entier. Toutes les cultures du monde se renouvelleront grâce à notre renouveau spirituel, toutes les pensées – les visions du monde ‘tordues’ – se redresseront. Certes, l’esprit de l’homme s’affaiblit, mais grâce à nous tous les vivants seront éclairés par la joie d’une nouvelle naissance lors de notre résurrection. Toutes les croyances couvertes de fange revêtiront des habits nouveaux, elles ôteront leurs vêtements souillés de croyances dévoyées, et mettront des habits précieux, elles se sépareront de toute l’infâmie, de toute l’impureté et de toute l’abomination qui sont en elles, et elles s’uniront pour se délecter des gouttes de la rosée lumineuse du Saint, préparée pour chaque peuple et pour chaque homme depuis les origines dans le puits d’Israël. “Car alors Je changerai la langue des peuples en langage clair, pour que tous invoquent le Nom de l’Éternel, pour qu’ils Le servent d’un même élan” [Cephania 3, 9]. Il est vrai que la Thora appartient exclusivement au Peuple d’Israël : “Moché nous a enseigné la Thora, héritage de la communauté de Yaakov” [Deutéronome 33, 4], mais elle contient une  “rosée de lumière de sainteté”, c’est-à-dire des parcelles et des étincelles qui conviennent à toute l’humanité.

La bénédiction d’Avraham pour tous les peuples de la Terre – “Et seront bénies par toi toutes les familles de la Terre”  [Genèse 12, 3] – commencera d’agir efficaceement et ouvertement, contrairement aux années d’exil où cette bénédiction n’était ni effective ni évidente, et sur cette base – celle de la bénédiction d’Avraham pour toutes les nations de la Terre, à savoir : “Va t’en pour toi de ton pays, de ta terre natale et de la maison de ton père, vers le pays que Je te montrerai ; Je te ferai devenir une grande nation, Je te bénirai et J’agrandirai ton nom, et tu seras bénédiction ; Je bénirai celui qui te bénit, Je maudirai celui qui te maudit, et seront bénies par toi toutes les nations de la Terre” [ibid. 1-3]. Cette bénédiction ne peut se réaliser que lorsque le peuple d’Israël revient sur sa Terre et y établit son état, et selon ses termes notre construction en Terre d’Israël reprendra de nouveau. 

La destruction actuelle – causée par la Première Guerre Mondiale – est la préparation d’un nouveau retour à la vie, une renaissance d’Israël et renaissance de toute l’humanité, profond et radical. qui doit amener un changement dans le caractère des êtres humains. En réalité, le caractère de l’humanité n’avait toujours pas changé après la Première Guerre Mondiale, puisque quelques années plus tard éclata la Seconde Guerre Mondiale, qui fut encore pire que la précédente. Mais le caractère d’Israël, lui, a indéniablement changé, puisque nous avons réussi à reprendre pied, à revenir sur notre terre et à y édifier notre Etat !

La lumière de la Bonté suprême brille de tous ses feux, le Saint, béni Soit-Il, déverse sur nous sa Bonté sans limite ! Le Nom de l’Éternel – “Je serai Qui Je serai” – se dévoile de plus en plus, le nom “Je serai Qui Je serai” [Exode 3, 14] est conjugué au futur. Le dévoilement au monde du Nom de l’Éternel n’est pas terminé, il se poursuit sans cesse jusqu’à l’infini. C’est-à-dire que non seulement le Saint, béni Soit-Il, habite en nous, comme le Rav l’a écrit, mais Il apparaît et se dévoile toujours davantage : “Donnez de la grandeur à notre Dieu !” [Deutéronome 32, 3 ; voir Yoma 69b]. Nous devons prendre conscience de la grandeur divine, méditer avec les yeux ouverts, et voir les grandes choses que Dieu accomplit en nous.


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