VI – Le Grand Appel


(Rav Avraham Itzhak Hacohen Kook – zatsal)


Traduction simple : 

(Publié dans l’almanach ‘Erets Hatsevi’ de l’année 5668 (1907-1908), édité par l’institution ‘Chaaré Thora’ dans la sainte ville de Yafo)

La ‘nécessité’ est aujourd’hui le lieu commun le plus évoqué dans le monde, mais c’est précisément cette voix populaire qui deviendra la voix du Tout-Puissant, grâce aux sages de cœur et aux saints de la pensée. C’est précisément le serpent qui deviendra le bâton de Dieu par lequel seront faits des miracles et des prodiges, pour qu’on sache que la Terre appartient à Dieu. La ‘nécessité’ – l’inéluctabilité de la vie et l’amertume de ses servitudes – amènera au monde la lumière divine. La ‘nécessité’ préparera les cœurs à s’ouvrir à la grande lumière du rayonnement de la foi, dans toute la beauté de sa grandeur. 

Il semble que ce soit le monde qui vacille et qui chancelle, qui s’abîme et qui se dissolve sous les assauts de la grossière ‘kefira’, ce monstre usé, desséché et cruel qui pèse sur lui. Mais la flamme divine s’allume à l’intérieur du cœur, à l’intérieur de tout esprit et de toute âme. Elle soulève d’énormes vagues, plus rugissantes que toutes les vagues de la mer. Elle s’élance vers les cieux et descend jusqu’aux profondeurs, dans l’intimité de tout esprit et de toute âme. Et la kefira menacée, servante flétrie rompue à l’esclavage le plus vil, ferme ses verrous sur elle sans être vue du dehors. Elle est terrifiée par l’éclat de cette lumière, elle sait – cette dernière – que l’éclat d’une seule étincelle pure des charbons de la flamme divine l’anéantirait totalement. Mais plus elle s’efforce de l’étouffer, de contenir l’âme divine grande et forte qui est dans l’âme de tout vivant, et plus celle-ci accumule sa force intérieure. Et quand le plein sera atteint, alors elle sortira avec tonnerre et fracas, dans un bruit continu d’explosions, “au jour de grande tuerie, quand tomberont les forteresses”.

Voici qu’un jour arrive, et son échéance ne sera pas repoussée, où l’humanité se réveillera comme un ours à qui on a enlevé ses petits, comme un lion qui se jette sur sa proie, et elle se vengera de la kefira honnie pour tout le mal qu’elle lui a fait. Tout-à-coup elle voudra rejeter ses entraves, dans une grande colère et une grande fureur elle lui réclamera des comptes pour la vie heureuse, la sérénité et le délice des idées pures, de la vie pure et forte qu’elle lui a déniée, déniée et gâchée, mise à piétiner sans avoir la force, cette nuisance, de lui en restituer ne serait-ce qu’un dix-millième.

Le tumulte furieux par lequel la kefira a mis le monde sens dessus dessous, jeté la confusion dans les têtes et dans les cœurs, et fait perdre à l’homme à la fois sa raison et la connaissance de son Créateur, passera et sera réduit au silence. Alors la conscience claire et raisonnable, qui sait également comment vivre et comment réfléchir, comment se taire et comment se passionner, la force divine qui sait fonder une nation solide et un peuple puissant de sainteté, prendra toute sa place dans la vie. Elle brandira avec cruauté le bâton du châtiment sur la servante qui osa dépouiller sa maîtresse, contre l’esclave qui se leva pour régner alors que le sceau de l’esclavage est gravé à jamais au front de son âme. 

La liberté est la ‘teroua’ qui accompagne la ‘tekiya’ de la nécessité. Elle sortira comme un lion féroce de sa cage et piétinera la kefira avec fureur, comme on écrase un insecte venimeux, abject et repoussant. Le désir ardent de la liberté atteindra son sommet, et l’homme reconnaîtra son droit de vivre dans sa disposition intérieure, tel qu’il est, selon le désir naturel puissant de son ‘âme vivante’, cette âme qui ne vit qu’en Dieu. Sans la brillance profonde de la foi, elle est privée de vie et de lumière, elle erre comme une ombre et se morfond dans de terribles souffrances, altérée d’une soif cruelle. Qui lui fera barrage ? Qui lui retirera la possibilité de vivre en Dieu ? Qui fera s’envoler cet oiseau du ciel de son nid ? Qui le mettra en cage ? Qui l’arrêtera de voler dans toute la largeur du ciel, lieu de splendeur et d’air frais, rempli de lumière et de vie ? L’âme, l’âme de l’homme, reconnaîtra d’elle-même aussitôt son ennemi. D’un regard méprisant et indigné elle contemplera le visage de l’esclave humiliée, qui apparaîtra dans toute son infamie, après que lui sera arraché le masque de l’imaginaire ténébreux et enflammé qu’elle avait réussi pour un temps à poser sur sa face stupide et repoussante. “Les herbes sont sur le point de sortir de terre” – cette reconnaissance véridique fait son chemin, et elle est proche. L’Asie, l’Amérique, l’Europe éclairée, et tout le monde civilisé en général, sont las de supporter le dur joug de l’impiété, qui pèse sur l’homme et sur son esprit plus que tous les préceptes de la religion la plus exigeante, et qui ne lui apporte strictement rien.

Dans cet état de soif extrême, l’homme se précipitera vers la source de la émouna, et il boira de tout son cœur et de toute son âme, il boira de la coupe le flot délicieux de la lumière divine suprême à petits traits. Mais l’homme a déjà subi l’épreuve, et il sait très bien ce que fut son sort quand il but à profusion l’eau de la émouna polluée par toute la boue et la fange qu’avait rejeté cette grande mer au long des jours, après que ses eaux ont grondé et bouillonné. C’est pourquoi il ne consentira à  puiser de tout son cœur et de toute son âme que l’eau pure du fleuve divin.

L’esprit qui sévit sur toute l’humanité a sévi aussi sur une partie de nos fils. Mais nous, nous sommes plus proches de la source de la lumière, plus proches de la fontaine de vie, plus remplis de la vie de l’âme divine, où nous avons abondamment puisé depuis notre jeunesse jusqu’aux jours de la maturité et de la vieillesse. Israël est sauvé de cette malédiction divine en vérité, et s’il nous semble que le carcan de la kefira s’est enroulé autour du cou de myriades de nos enfants, qu’il entrave leurs pieds et que maintenant ils se débattent entre la vie et la mort, qu’ils ne connaîtront pas la vie ni le repos, qu’ils ne connaîtront pas le délice de la sereine innocence, et qu’ils sont avides d’humecter leur palais desséché, eh bien les yeux sont près de se dessiller. Ils sont excédés par le carcan de fer de la kefira, qui s’est transformée en peu de temps en une sorte de religion sectaire et agressive, voici qu’ils frappent aux portes de la techouva, qui leur semblent closes devant eux alors qu’une simple poussée suffirait à leur ouvrir largement les portails : “Ouvrez les portails, pour que vienne un peuple juste, fidèle aux principes de la foi”, par ses anciens et par ses jeunes, un camp grand comme le camp de Dieu.

Nos frères bien-aimés, Sages de la Thora, auteurs influents, nous aussi sommes des sots, et nous avons fait fausse route. Nous avons étudié et cherché, nous avons discuté et innové, nous avons écrit et conçu, mais nous avons oublié la puissance divine, nous n’avons pas entendu la voix des prophètes de la vérité, la voix des sages les plus distingués dans toutes les générations, la voix des justes et des hommes pieux, des sages du moussar, des sages de la connaissance profonde et des secrets, qui ont crié et proclamé que l’étude des seules lois concrètes finirait dans la sécheresse et l’aridité si elle n’était pas constamment alimentée par ‘l’eau de la mer’, l’eau de la Sagesse et de la Kabbale, l’eau de la connaissance de Dieu, l’eau de pureté de la foi pure qui jaillit du fond de notre âme, du plus profond de la source de vie. 

Maintenant est venu le temps de la Délivrance. Nous voici appelés par notre résurrection nationale à réclamer justice pour l’injure faite à l’humanité entière, pour l’injure faite à l’âme divine qui nous a été confiée afin de l’élever et de la fortifier, l’âme du Dieu vivant qui doit se répandre dans le monde entier pour l’éclairer et le ramener à la vie,  la clarté issue de la lumière de la Thora et de la prophétie, égale pour toute âme et vivifiante pour tout vivant, qui est exigée de nous avec force, maintenant au temps de la fin [de l’exil].

Et de la lumière de la résurrection nationale nous viendra la force motrice générale, la ‘nécessité’, qui nous fera revenir vers la lumière de la vie, libérera la lumière de la foi de sa prison, vers la sagesse d’Israël des origines, libre de toute contrainte étrangère, vers la sagesse du Dieu vivant, à demeure dans notre trésor de vie. C’est [cette force] qui nous ramènera à l’étude régulière, à la foi dans les idéaux dans tous ses aspects, dévoilés et cachés, pour que nous vivions à sa lumière.

Dans un souffle impétueux notre voix appellera de la Terre de vie, du lieu où Dieu est apparu et qu’Il a désiré comme résidence pour l’éternité. “Maison de Yaakov, venez, et nous marcherons dans la lumière de l’Éternel !”.


TEXTE HÉBREU ORIGINAL


Traduction avec commentaire :

Publié dans l’almanach ‘Erets Hatsevi’ pour l’année 5668 (1907-1908) édité par l’institution ‘Chaaré Thora’ dans la sainte ville de Yafo. Publié d’abord en 1907 dans l’agenda du Talmud Thora ‘Chaaré Thora’, le Grand Appel fut republié en 1921, dans la première édition du livre ‘Orot’.

La ‘nécessité’ constitue aujourd’hui l’adage le plus répandu dans le monde. Tout le monde parle des lois déterministes dans l’existence, et des processus inéluctables qui, par principe, ne dépendent ni de notre volonté ni de nos choix. Ainsi, par exemple, le philosophe allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel a parlé des processus spirituels dialectiques qui animent l’Histoire et tout l’univers ; quant à Karl Marx, il a parlé du matérialisme historique’, selon laquelle les forces agissantes dans l’Histoire ne sont pas spirituelles mais économiques.

“Que tu le veuilles ou non il n’y a pas le choix, cela doit forcément arriver”

Et c’est justement cette voix du grand nombre, vile et de mauvais aloi, qui parle de ‘nécessité’ et de déterminisme, qui se transformera en voix du Tout-Puissant, sous l’action des sages de cœur et des saints de la pensée, sous l’action des talmidé hakhamim les plus éminents, qui reprendront ce concept de nécessité pour l’appliquer à des choses sublimes. C’est justement le serpent qui deviendra le bâton de Dieu, c’est justement cette vision déterministe des choses qui finira par se transformer pour le bien, par lequel – par la notion de nécessité après qu’elle aura été affinée – seront faits des miracles et des prodiges, pour qu’on sache que la Terre est à Dieu. À partir de là se développera la foi dans la connaissance de Dieu, après que tous auront vu comment le Saint-Béni-Soit-Il utilise toutes sortes de ‘nécessités’ pour agir sur le monde.

La ‘nécessité’, le caractère inéluctable de la vie – “Tu as été créé malgré toi, tu es né malgré toi, et tu vis malgré toi” [Pirké Avot 4, 22] – et l’amertume de ses servitudes – le sort pénible qui est le lot de beaucoup sur la terre, constitue justement la nécessité qui amènera au monde la lumière divine, parce que les problèmes et les épreuves purifient l’homme et le tirent vers le haut, comme il est dit : “Les épreuves polissent toutes les fautes de l’homme” [Berakhot 5a]. Et de quelle manière ? La ‘nécessité’ brisera les résistances du cœur, et par là préparera les cœurs à s’ouvrir à la grande lumière de splendeur de la foi, dans toute sa beauté et sa grandeur. Ces épreuves nous amèneront finalement à la liberté suprême de la foi dans toute sa grandeur.

Expliquons un peu les choses. Pendant les longues années de la période de l’exil, le peuple d’Israël ne s’est pas pas occupé d’étudier la foi [émouna] :

“À cause du peu d’exigence de la connaissance de Dieu et de l’affaiblissement qui en est résulté, des épines ont poussé dans les représentations intérieures de l’homme, et dans tous les concepts nécessaires à son accomplissement par rapport à la Thora et au Nom divin”.  [Maamaré Haréiya p.84]

De cette manière s’est créée une situation dans laquelle l’accomplissement des mitsvot ne se faisait plus par adhésion et ferveur profonde, mais avec mesquinerie et hypocrisie, dans le pli de l’habitude acquise avec les ans, comme il est dit : “Quand ce peuple s’approche, il Me glorifie de sa bouche et de ses lèvres mais son cœur est loin de Moi, car leur crainte de Dieu n’est qu’une leçon apprise”.  [Isaïe 29, 13]

“L’amour a cessé à cause de l’indigence du savoir, et à cause de la sécheresse du ressenti l’affection s’est interrompue. Et comme l’amour a disparu, la kefira est sortie pour trancher les liens de la crainte devenue un fardeau, et elle n’a trouvé à le faire que par les dénégations, la méchanceté et l’ignorance.”  [Igrot Haréiya I, p.193]

C’est ainsi que la kefira et l’hérésie viennent au monde.

“Le fait que l’on comprenne la foi de façon défectueuse, petite et obscure a permis à la kefira de lever la tête.”  [Middot Haréaya, section ‘émouna’ § 28]

“La kefira se renforce, et avec elle ‘l’effronterie foisonne’ [Sota 49b] – la kefira se revêt d’orgueil pour exiger des réponses et des explications d’Israël”. [Maamaré Haréaya p.486]

En d’autres mots : c’est la petitesse de la foi qui est la cause de son rejet. Mais ce rejet prépare lui-même le retour à la foi pleine et entière. En effet, les renégats renient la foi étriquée et superficielle, les conceptions enfantines sans profondeur, et en fait, dans leur intériorité ils recherchent une émouna grande et profonde ! S’il en est ainsi, le déclin de la foi prépare son renouveau, et c’est la profondeur du projet divin qui se révèle derrière le phénomène du reniement du Divin…

Certes, sous le couvert de la kefira, il semblerait que le monde vacille et chancelle, alors qu’en fait, la source de tous les problèmes réside dans la kefira :

“Tous les malheurs du monde… ne viennent que de l’incapacité d’avoir une vision claire de la grandeur divine”. [Orot p.125]

Ainsi, c’est la confusion dans tout ce qui touche à l’idée de Dieu qui entraîne toutes les autres confusions, tous les malheurs et les tourments.

“Il semblerait que le monde” se délabre et se dissolve sous la maltraitance de la main grossière de la kefira – la kefira n’apporte pas l’indépendance et la liberté, comme certains font l’erreur de le penser, mais au contraire elle oppresse l’homme, elle étouffe sa vie et opprime son esprit – ce monstre flétri, sec et cruel qui pèse sur lui. C’est un ‘monstre fané’ et ressassé, car nous entendons répéter ses idées depuis des milliers d’années ; c’est un ‘monstre sec’, car tout le propos de la kefira consiste à dénier, et encore dénier, mais elle n’a en elle aucune valeur positive ni aucun idéal, elle est vide de tout contenu et n’a absolument rien à donner ; c’est un ‘monstre cruel’, qui est cruel à l’homme parce qu’il le dépouille de tout son contenu positif.

Et pourquoi la foi apporte-t-elle le bonheur à l’homme, alors que la kefira lui cause une souffrance infinie ? – [Mais] la flamme divine jaillit dans l’intériorité du cœur, au sein de tout esprit et de toute âme, elle est ardente et vivifiante, et s’étend de ce fait sur tout l’espace de la vie, elle provoque des vagues immenses, plus rugissantes que toutes les vagues de la mer, elle s’élève vers le ciel – s’occupe d’idéaux supérieurs et éternels – et descend dans les loges profondes de tout esprit et de toute âme – elle guide l’homme dans toutes les conduites de la vie quotidienne. La émouna est donc comme

“Une échelle posée à terre, et dont le sommet touche le ciel”  [Genèse 28, 12].

Et à l’inverse se tient en face d’elle la kefira menacée, servante flétrie, fruit de l’esclavage le plus vil – en vérité, comme l’esclave qui est responsable d’une certaine tâche, la kefira a aussi, dans le plan divin, une fonction qui lui donne le droit d’exister (et quoi qu’il en soit, il faut veiller à ce qu’on n’en vienne pas à une situation où “la servante capte l’héritage de sa maîtresse” [Proverbes 30, 23]). La ‘kefira menacée’ ferme sur elle ses verrous pour ne pas être vue du dehors [voir Rois I 8, 8], elle empêche la ‘flamme divine’ de jaillir à l’extérieur, de peur que de l’impiété il ne reste plus rien... Elle est terrifiée par la clarté de cette lumière – celle de la émouna qui illuminera toutes les ténèbres, elle sait – cette dernière, la kefira menacée qu’une seule étincelle pure issue des braises de la flamme divine l’anéantirait complètement. 

Mais plus elle – la ‘kefira menacée’  – insiste pour l’étouffer – la ‘flamme divine’plus elle insiste pour retenir l’âme du Dieu vivant, grande et forte, qui est dans l’âme de tout ce qui vit – dans l’âme divine qui fait vivre l’âme de l’homme, plus cette âme se renforce intérieurement – comme l’arbre accumule ses forces pendant les mois d’hiver. Et quand elle atteindra sa plénitude – quand la flamme finira d’amasser des forces d’une puissance prodigieuse, voici qu’elle sortira avec tonnerre et fracas dans un roulement d’explosions, “au jour du grand massacre, quand tomberont les forteresses” [Isaïe 30, 25] – alors, la foi sortira en force dans l’humanité entière, et toutes les murailles de la kefira seront abattues et détruites.

Voici qu’un jour arrive, et son échéance ne sera pas repoussée, – voilà la “nécessité” inéluctable : parce que nous ne pouvons pas étouffer la vie ce jour doit forcément arriver – où l’humanité se dressera comme une ourse privée de ses petits, comme un lion sur sa proie [Osée 13, 8], parce qu’on lui a enlevé la foi, et la foi est son point le plus sensible ! C’est pourquoi “l’humanité se dressera” et elle se vengera de la kefira méprisée pour tout le mal qu’elle lui a fait, pour toutes les souffrances et les malheurs qu’elle lui a causés. Et quand la coupe sera pleine, elle voudra soudain rejeter ses liens, et dans une grande colère et une grande fureur – découlant d’une compréhension profonde et d’une puissante revendication– elle lui réclamera – à la “kefira méprisée”des comptes pour la vie heureuse, la sérénité et le délice venant de l’influence des idées pures, de la vie pure et limpide dont elle l’a privée, qu’elle lui a déniée et gâchée, qu’elle a donnée à piétiner, sans avoir la force, cette nuisance, de lui en restituer ne serait-ce qu’un dix-millième. La kefira l’a privée de la ‘vie heureuse’ pleine de ‘sérénité et de délice’, de la ‘vie pure et limpide’, mais elle ne lui a proposé aucune alternative en échange, et n’a fait que l’amener à une vie de vacuité et de gâchis.

L’impiété a soulevé dans le monde mouvements et désordres, révolutions et effervescences, mais tout cela n’a été finalement que la vaine panique, vide de sens et sans envergure, par laquelle la kefira a mis le monde sens dessus dessous pour jeter le trouble dans les têtes et dans les cœurs – par une agitation mensongère et un enthousiasme creux, pour faire perdre à l’homme la conscience de lui-même et de son Créateur, cette panique passera et sera réduite au silence, et la pensée limpide et sereine, qui ne fonctionne pas sur le mode du tumulte et de la panique, mais de manière posée et réfléchie, qui sait aussi comment vivre – car la émouna ne vient pas annuler la vie mais seulement la rendre plus intense – et comment réfléchir – car la émouna n’est ni la sottise ni la niaiserie (Dieu préserve !), mais elle requiert de l’homme intelligence et réflexion, comment se taire et comment s’enflammer, car c’est la émouna qui fait savoir à l’homme quand il doit se taire et quand il doit s’enflammer, la puissance divine – la capacité divine de faire passer un courant de vie non seulement dans l’atome, non seulement dans les animaux, non seulement dans les êtres humains, mais aussi dans la nation entière, qui sait fonder une nation forte et un peuple éminent de sainteté – “royaume de prêtres et peuple saint” [Exode 19, 6], prendra sa place dans la vie – elle recevra la place qui lui convient, elle brandira avec rigueur la correction d’un châtiment inflexible sur la kefira, sur la servante qui eut l’audace de dépouiller sa maîtresse, sur l’esclave qui se leva pour régner alors que le sceau de la servitude est gravé à jamais au fronteau de son âme. 

La “liberté” est la teroua’ associée à la ‘tekiya de la “nécessité”. La conception déterministe, qui dit que la réalité est régie par la ‘nécessité’, stipule aussi qu’au bout du compte la ‘liberté’ se mettra à agir : “on ne peut pas entraver la liberté”, dit-elle, “parce qu’à la fin la liberté enfoncera tout” !

La foi d’Israël elle aussi prône la liberté :

“Cette liberté individuelle, avec ses exigences naturelles légitimes, est connue comme un des constituants principaux de la religion et de la morale elles-mêmes.”  [Orot Hakodech III, p.31]

Il faut seulement que le concept de la “liberté” soit nettoyé et épuré, élevé et rehaussé :

“‘L’écriture était l’écriture de Dieu, gravée sur les tables’ [Exode 32, 16] – ne lis pas ‘gravée’ [‘harout’], mais ‘liberté’ [‘hérout’], car il n’y a d’homme libre que celui qui s’occupe de l’étude de la Thora.”  [Pirké Avot 6, 2]

Quand la liberté sera conçue dans toute sa pureté, elle sortira de sa cage comme un lion féroce et piétinera furieusement la kefira, comme on écrase un insecte venimeux, abject et repoussant. 

En effet, la liberté n’est pas un état où l’homme fait tout ce qui lui passe par la tête (pouvons-nous dire d’une personne intoxiquée par la nicotine qu’il est libre de faire ce qu’il veut quand il fume une cigarette ?). La liberté est un état où l’homme est fidèle à sa nature intérieure authentique. C’est pourquoi, c’est seulement après que le concept de la “liberté” aura été purifié et précisé qu’elle “sortira de sa cage comme un lion féroce” et qu’elle “piétinera furieusement la kefira”. Alors seulement, le désir de la liberté atteindra son sommet, et l’homme reconnaîtra qu’il a le droit de vivre selon sa disposition intérieure, tel qu’il est, selon le désir de la nature puissante et divine de son “âme vivante” [Genèse 2, 7], cette âme qui ne vit qu’en Dieu, puisque : “Le lieu de notre repos est seulement en Dieu”.  [Orot, p.119]

Sans foi profonde et rayonnante, elle est privée de vie et de lumière, elle erre comme une ombre et se désespère dans de terribles souffrances, altérée d’une soif cruelle. Qui retiendra sa main ? Qui la privera de vivre en Dieu ? Qui chassera de son nid cet oiseau du ciel ? Qui le mettra en cage ? Qui l’empêchera de voler dans toute l’ampleur du ciel, lieu de la brillance et de l’air frais, plein de lumière et de vie ? Qui pourra faire une telle chose ?! D’elle-même l’âme, l’âme de l’homme, reconnaîtra aussitôt son ennemie – c’est à cela qu’elle reconnaîtra que la kefira est son ennemie. D’un regard de mépris et de répugnance, elle contemplera le visage de l’esclave humiliée qui se dévoilera dans toute son infamie – et dans toute son insignifiance, quand lui sera arraché – à la kefira – le masque de l’imagination ténébreuse et flamboyante qu’elle avait réussi pour un temps à poser sur sa face stupide et repoussante.

“Les herbes vont sortir de terre” [Houlin 60, 2]. La révolte de la foi contre la kefira est prête à éclater dans le monde entier !  Cette prise de conscience véridique est en marche, et elle est près d’aboutir.

L’Asie, l’Amérique, l’Europe éclairée, et tout le monde à la mode, sont généralement déjà las de supporter le lourd fardeau de la kefira, qui pèse sur l’homme et sur son esprit plus que tous les préceptes de la religion la plus exigeante. La kefira prétend que la émouna importune les gens, leur impose des obligations et des interdits, et ‘trouble les esprits’ avec toutes sortes d’actes insignifiants et dérisoires. Mais en vérité, la ‘minimisation des tracasseries’ est un des buts de la Thora divine, et c’est pourquoi toute l’humanité se dégoûte de la kefira, qui ne lui apporte strictement rien. Bien au contraire, la kefira impose à l’homme une chose qui s’oppose à sa nature, et de cette manière elle le prive de sa liberté !

Dans cet état de soif extrême, l’homme se précipitera vers la source de la émouna : “Voici venir des jours, parole de l’Éternel-Dieu, où J’enverrai la faim dans le pays ; pas la faim de pain, et pas la soif d’eau, mais seulement celle d’écouter les paroles de l’Éternel” [Amos 8, 11], et il boira de tout son cœur et de toute son âme. À petits traits, il boira de la coupe le flot délicieux de la lumière divine suprême.

Cependant, l’homme a déjà été éprouvé par cette expérience, et il sait bien ce qui advint de lui à une époque où il but à satiété l’eau de la émouna, alors qu’elle contenait toute la fange et la boue qu’avait rejetées cette grande mer au fil des jours, après que ses eaux avaient grondé et bouillonné. Car au cours des générations, la émouna s’est salie et s’est chargée de scories et de déchets, de compréhensions infantiles et de schémas superficiels. Et ce sont ces scories de la émouna qui donnent à la kefira le droit d’exister, car la fonction de la kefira est de nettoyer la foi des scories qui se collent à elle. C’est pourquoi il ne voudra pas retourner à cette foi diminuée et confuse, mais il ne voudra puiser, de tout son cœur et de toute son âme, que l’eau pure du fleuve divin.

L’esprit de la kefira, qui sévit sur toute l’humanité, a sévi aussi sur une certaine partie de nos fils. Nous, cependant, du fait de la nature spécifique de notre âme et par rapport à ‘toute l’humanité’, nous sommes plus proches du lieu de la lumière, plus proches de la source de la vie, plus remplis de la vie de l’âme divine, dont nous nous sommes abondamment nourris depuis notre jeune âge jusqu’aux jours de la maturité et de la vieillesse. C’est pourquoi Israël est sauvé de cette malédiction divine – la kefiraen vérité, et si nous nous imaginons que le carcan de la kefira s’est enroulé autour du cou de nos enfants par myriades, qu’il entravera [aussi] leurs pieds et que désormais ils se débattront comme entre la vie et la mort, [si nous nous imaginons] qu’ils ne connaîtront jamais la vie ni le repos, qu’ils ne connaîtront jamais le délice de la sereine innocence et qu’ils seront assoiffés, avides d’humecter leur palais desséché, si nous avons l’impression que telle est la réalité alors qu’elle ne l’est pas, eh bien nos yeux seront bientôt dessillés. Et lorsque nos yeux seront dessillés, nous verrons qu’en vérité ils – nos fils – n’en peuvent plus du carcan de fer de la kefira, qui s’est transformé en peu de temps en une sorte de religion sectaire et agressive. En effet, ils sont dégoûtés de la kefira, et voici qu’ils frappent aux portes de la techouva, qui leur semblent fermées pour eux, alors qu’une simple poussée suffirait à leur ouvrir largement le portail. Leur imagination les induit en erreur, en leur faisant croire qu’ils ne peuvent pas faire techouva, alors qu’en réalité ils peuvent y arriver facilement “Ouvrez les portes pour que vienne un peuple juste, fidèle aux principes de la foi !”  [Isaïe 26, 2].

Ce peuple-là est dans son essence un peuple juste et plein de foi, par ses anciens et par ses jeunes, “ce camp [sera] grand comme le camp de Dieu” [Chroniques I 12, 23]. Et le prophète Ézéchiel nous décrit de quelle manière cela doit arriver dans le monde à venir “Je projetterai sur vous les eaux pures et vous deviendrez purs, de toutes vos souillures et de toutes vos abominations Je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau et J’insufflerai en vous un esprit nouveau. J’enlèverai le cœur de pierre de votre chair, et Je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous, et Je ferai en sorte que vous suiviez mes lois et que vous gardiez et appliquiez mes jugements”.  [Ézéchiel 36, 25-27]

Frères bien-aimés, Sages de la Thora, auteurs influents – c’est à eux que s’adresse ce Grand Appel qui a été publié, comme nous l’avons dit, dans l’Almanach du Talmud Thora de ‘Chaaré Thora’, nous aussi sommes des sots, et nous avons  fait fausse route. Et pourquoi à ce point ?

Nous avons étudié et recherché, nous avons argumenté et innové, nous avons écrit et imaginé, mais nous avons oublié Dieu et sa puissance. De manière semblable il est dit dans la Guémara : “‘Pourquoi la Terre d’Israël a-t-elle été perdue ?’ [Jérémie 9, 11] – la question a été posée par les Sages et ils n’ont pas donné de réponse ; par les Prophètes et ils n’ont pas donné de réponse ; jusqu’à ce que le Saint-Béni-Soit-Il donne la réponse Lui-même, comme il est dit : ‘l’Éternel dit : parce qu’ils ont délaissé ma Thora, que j’avais mise devant eux’… – parce qu’ils n’ont pas fait la bénédiction sur la Thora avant de commencer leur étude” [Baba Metsia 85a], et le Maharal l’explique ainsi : bien qu’ils aient étudié la Thora et accompli les mitsvot, malgré cela ils ont oublié le Saint, béni Soit-Il [Introduction à ‘Tiféret Israël].

Nous n’avons pas entendu la voix des prophètes de la vérité, qui ont élevé la voix à ce propos : “Ceux qui détiennent la Thora ne m’ont pas connu” [Jérémie 2, 8] ; “cela veut dire qu’ils ne font pas attention au Seigneur UN qui donne la Thora, devant qui ils se donnent de la peine [Rabbi Éliézer Azkari, Séfer Harédim 4].

Nous n’avons pas entendu la voix des plus distingués des Sages de toutes les générations, la voix des justes et des hommes pieux, des Sages du Moussar, des Sages de la connaissance profonde et des Secrets [la Kabbale], qui ont crié et proclamé que le courant d’étude de la Thora par les seules lois concrètes finirait par s’assécher et devenir aride s’il n’était pas constamment alimenté par ‘l’eau de la mer’, l’eau de la Sagesse et de la Kabbale, l’eau de la connaissance de Dieu, l’eau de la pureté de la foi pure qui jaillit de l’intérieur de notre âme, de sa racine, de la source de vie.

Le Rav fait allusion à ce qui est écrit dans Tikouné Zohar :

“‘Et l’Esprit de Dieu planait à la surface des eaux’ [Genèse 1, 2] – Qu’est-ce que ‘l’Esprit’ ? – [Il ne faut pas entendre ce verset au sens littéral,] mais manifestement, c’est au temps où la Présence Divine est descendue en exil. Cet Esprit souffle sur ceux qui étudient la Thora, car la Présence Divine se trouve parmi eux, et cet Esprit [ce souffle spirituel abstrait] émet une voix qui parle ainsi : ‘ceux qui dorment dans leur trou, qui ont les yeux fermés et le cœur obtus, levez-vous et réveillez-vous pour accueillir la Présence Divine ! Car vous avez un cœur sans intelligence pour la connaître, alors qu’elle, la Présence Divine, est parmi vous  [de sorte que vous n’avez pas besoin d’aller la chercher loin] !’

“Et le secret du verset : ‘une voix dit : appelle !’ [Isaïe 40, 6], consiste à l’entendre comme : ‘Appelle donc ! Quelqu’un te répondra-t-il ? À qui parmi les Saints t’adresseras-tu ?’ [Job 5, 1] – Et elle dit : ‘Que proclamerai-je ? – Toute chair est comme l’herbe’ [Isaïe 40, 6] – ils sont tous comme du bétail mangeur d’herbe, toutes leurs actions généreuses, ils les font pour en tirer profit ; même ceux qui sont assidus dans la Thora, toutes leurs bonnes actions, ils les font pour en tirer profit, car ils n’étudient pas l’Intériorité de la Thora. En ce temps-là, ‘Il se souviendra qu’ils sont de chair, l’Esprit s’en va et ne revient pas’ [Psaumes 78, 39], et sache qu’il s’agit de l’Esprit du Messie [qui s’enfuit devant eux]. Malheur à ceux qui font qu’il s’en aille du monde et ne revienne jamais – ce sont ceux qui rendent la Thora desséchée, qui ne veulent pas s’atteler à l’étude de la Kabbale, et qui détournent le jaillissement de la Sagesse (…).”  [Tikouné Zohar, tikoun 30]

“Beaucoup se lamentent : ‘la foi est en chute !’ – et comment ne serait-elle pas en chute, puisqu’on n’étudie pas sa sagesse ?”  [Brochure sur l’Intériorité de la Thora § 22]

“Le domaine de la émouna est plein de confusion et d’obscurité, parce que ses champs n’ont pas été travaillés pendant trop d’années. En particulier, les coups qu’elle a reçus dans les dernières générations ont été effarants, car à cause des tribulations et des exils, des malheurs et des persécutions subies par l’Assemblée d’Israël, son cœur s’est serré et une angoisse intérieure l’a saisie devant la montée de la licence de la pensée. C’est pourquoi tous les camps ont fui vers une dévotion sans risque, mais aussi sans grand intérêt puisqu’elle s’écartait de son âme divine. Tous les sages d’Israël se tournèrent exclusivement vers la méticulosité des actes, et l’intelligence, dans toute sa grandeur et son prestige, ne trouva, parmi tous les bergers d’Israël, d’autre grain à moudre que les décisions halakhiques, ou le jeu des exégèses et des discussions. L’âme à son niveau le plus élevé restait statique et désolée.

“‘La force du porteur est à bout’ [Néhémie 4, 4] – il est impossible de s’arrêter plus longtemps. L’âme ne peut s’empêcher de foncer vers le large, et quand elle fonce dans le désordre, sans personne pour la guider et lui tenir la main, elle tourne le dos à tous ses travaux pénibles. C’est l’explosion maladive pour se détourner de l’équilibre de la vie”.  [Brochure sur l’Intériorité de la Thora § 10]

Maintenant est venu le temps de la Délivrance. Nous voici appelés, à l’heure de notre résurrection nationale, à réclamer justice pour l’injure faite à l’humanité entière, l’injure faite à l’âme divine qui nous a été confiée afin de l’élever et de la fortifier, à l’âme du Dieu vivant qui doit se répandre dans le monde entier pour l’éclairer et le ramener à la vie. La clarté issue de la lumière de la Thora et de la prophétie, égale pour toute âme et vivifiante pour tout vivant – en effet, dans la Thora, certaines choses ne concernent que le peuple d’Israël, et d’autres concernent l’humanité entière. Dans tous les cas, cet lumière nous est réclamée avec force, et c’est notre responsabilité de la diffuser dans toute l’humanité, maintenant qu’est venu le temps de la fin [de l’exil]“De nombreux peuples se mettront en marche et diront : ‘Venez, montons sur la montagne de l’Éternel, vers la maison du Dieu de Yaakov. Il nous enseignera ses voies et nous marcherons dans ses chemins, car de Sion sortira la Thora, et la parole de l’Éternel de Jérusalem’”. [Isaïe 2, 3]

À la fin du ‘Grand Appel’, le Rav revient à son point de départ : la ‘nécessité’. Contrairement à la conception déterministe, qui préconise le matérialisme historique, selon lequel les lois de la matière dirigent le monde, nous proposons l’ ‘idéalisme historique’, selon lequel ces sont les idéaux qui font avancer toute l’Histoire.

Et par l’éclairage de la résurrection [nationale] nous viendra le moteur essentiel, la ‘nécessité’, qui nous ramènera vers la lumière de la vie. Cela doit forcément arriver ! Le Peuple d’Israël est obligé de revenir à la émouna. C’est la ‘nécessité’ qui libérera la lumière de la foi de sa cage, et la ramènera vers la sagesse d’Israël des origines qui provient de la source originelle suprême, libre de toute domination étrangère ; c’est la ‘nécessité’ qui ramènera la ‘lumière de la foi’ vers la sagesse du Dieu vivant, fixée à demeure dans notre trésor  de vie.

En vérité, “tout ce que peuvent penser les hommes les plus sages et les plus grands se trouve déjà dans notre patrimoine sous une forme plus complète, plus élevée, et essentiellement plus divine, c’est la différence qu’il y a entre le néant et le tout ! » – C’est pourquoi “nous ne reviendrons pas à Kant, mais seulement à la Mer Rouge, au Sinaï, à Jérusalem, à Avraham, à Moché, à David, à Rabbi Akiva et à Rabbi Chimon ben Yohaï, à tous nos bien-aimés qui sont notre vie et la joie de notre cœur pour l’éternité”.  [Igrot Haréiya I, 48]

C’est elle – la ‘nécessité’ – qui nous ramènera à l’étude régulière et sérieuse (et pas aux sermons et aux ‘worts’ de toutes sortes), à la sagesse de la émouna idéale dans tous ses aspects, dévoilés et cachés, chacun selon son niveau, pour que nous vivions dans sa lumière.

Dans un souffle impétueux, une voix appellera depuis la Terre de vie, depuis le lieu où Dieu est apparu et qu’Il a désiré comme résidence pour l’éternité : “Maison de Yaakov, venez, et nous marcherons dans la lumière de l’Éternel !”.  [Isaïe 2, 5]