…et que chaque génération prend sa part, parmi des myriades infinies, pour monter et pour s’élever, mais que la montée, l’élévation aboutie, idéale, dans sa dimension absolue, n’existe que dans le Trésor de vie, là où tant le bien suprême illimité et inestimable que le bien simple et modeste s’unissent et s’articulent avec la volonté divine, parfaite dans son dessein.
La perfection nexiste que chez Dieu. L’homme n’est pas une créature parfaite, mais une créature en perfectionnement, comme le dit le Maharal :
“Car l’homme n’a pas été créé dans son achèvement ultime, il a été créé pour le mettre en chantier. Et c’est cela : “L’homme a été mis au monde pour l’effort” [Job 5, 7] : il est né et il est là dans le but de l’effort… il n’arrivera pas à se réaliser complètement dans ce monde, mais il s’efforcera toujours de mettre en œuvre tout son potentiel, et c’est cela, son achèvement ultime”. [Tiféret Israël chap. 3]
Dans le monde à venir non plus la perfection n’existe pas :
“Les Talmidé Hakhamim n’ont jamais de repos, ni dans ce monde ni dans le monde à venir, comme il est dit : ‘ils iront d’exploit en exploit’ [Psaumes 84, 8]” [Berakhot 64a].
Il ne faut pas mépriser ce qui est fini, ce qui est limité, à cause de l’aspiration à l’infini. Il faut savoir que chaque petite action s’ajoute aux autres. Il y a une aspiration infinie à ce qui est éternel, au-delà de toute limite, mais devons-nous à cause de cela être prostrés dans le désespoir ? – Non, nous devons faire ce que nous pouvons. Sommes-nous limités et restreints ? Oui c’est vrai, mais quoi qu’il en soit, nos actions s’ajoutent au bilan de toute la génération, et des autres générations. Les efforts persévérants vers l’élévation sont le but de toute l’existence, même s’il est impossible d’arriver jusqu’au bout.
Il y a ici un processus en quatre étapes qui permet à l’homme d’atteindre un niveau plus élevé que celui qu’il pourrait d’atteindre par son seul travail personnel. Le Rav notre maître nous explique le fonctionnement de ce mécanisme. Messilat Yécharim, à propos du niveau de la ‘sainteté’ [‘kedoucha’], explique que “au début c’est un travail, et à la fin c’est un cadeau”. Voici l’analyse du Rav notre maître :
1. Une bonne action de l’individu s’incorpore au collectif de la génération.
2. La génération présente est une partie de l’ensemble des générations, passées et à venir.
3. Au bout du processus, tout s’élève vers le Trésor de la vie divine, qui est infini.
4. Là s’unissent l’illimité et le limité.
Et tout ceci a lieu au moment où l’homme fait la bonne action.