Traduction simple :
Depuis longtemps je mène un combat intérieur. Un souffle puissant me pousse à parler de la techouva, et toutes mes pensées ne convergent que vers elle.
La techouva saisit la plus grande part dans la Thora et dans la vie, et c’est donc sur elle que sont bâtis tous les espoirs personnels et collectifs. C’est un commandement divin qui d’un côté est des plus faciles, car une pensée de techouva est déjà techouva, et qui d’un autre côté est des plus difficiles, puisque jusqu’à maintenant elle n’est pas parvenue à sa réalisation complète, ni dans le monde ni dans la vie.
Je me trouve toujours porté à y penser et à en parler. Beaucoup de choses ont été écrites à son sujet dans la Thora, dans les Prophètes et dans les Hagiographes, mais pour notre génération ces choses sont jusqu’à maintenant incomprises, et nécessitent une explication.
La littérature, qui rôde dans tous les recoins où il y a de la poésie et de la vie, n’a encore rien pénétré de ce merveilleux trésor de vie, le trésor de la techouva. En vérité elle n’a même pas commencé de s’y intéresser, de chercher à connaître sa nature et sa valeur, même depuis son côté lyrique, qui est infiniment émouvant. À plus forte raison n’a-t-elle pas jusqu’à présent remué le petit doigt pour décrire son côté actif, surtout pour ce qui touche aux conditions nouvelles de notre vie.
Quant à moi, je suis poussé depuis mon être le plus profond à parler de la techouva, et je recule en moi-même devant cette pensée : suis-je apte à parler de la techouva ? Les Grands des générations passées ont écrit sur la techouva, les prophètes et les sages les plus purs, les plus grands des hassidim, alors comment pourrais-je me tenir en leur compagnie ?
Mais aucune faiblesse au monde ne pourra m’exempter de mon exigence intérieure : je suis obligé de parler de la techouva, et tout spécialement de son côté ‘littéraire’ et de son côté ‘pratique’, pour que notre génération comprenne sa nature et qu’elle la concrétise dans la vie, dans la vie de l’individu et dans la vie de la collectivité.
Traduction avec commentaire :
Comme nous l’avons vu, le Rav désirait ardemment composer un livre qui traite du sujet de la techouva, un livre dans lequel “l’ancien serait renouvelé” [Igrot Haréaïa I, p. 214], dans lequel ce sujet éternel brillerait d’une nouvelle lumière, et qui serait écrit dans un style adapté à la génération, comme le dit la prière du matin : “Une lumière nouvelle brillera sur Sion, et très bientôt nous aurons tous le mérite de contempler sa lumière” [Bénédiction ‘Yotser Haméorot’]. Voici ce qu’écrit le Rav dans son introduction au livre ‘Orot Hatechouva’ :
Depuis longtemps je mène un combat intérieur – à cause des difficultés qu’il avait “à expliquer et à évaluer jusqu’à quel point faire descendre les secrets du monde, et où est la limite du ‘manteau ancien’” [Voir commentaire sur la ‘Lettre sur la Techouva’ # 378, au début], il avait du mal à établir la délimitation entre les ‘saveurs de la Thora’ [‘ta’amé Hathora’] qu’il fallait dévoiler, et les ‘énigmes de la Thora’ [‘sitré Hathora’] dont le dévoilement était interdit. Un souffle puissant d’esprit divin me pousse à parler de la techouva, et toutes mes pensées ne convergent que vers elle. Le Rav notre maître n’avait en tête qu’une seule idée : la techouva ! Le livre Orot Hatechouva se trouve au centre de la pensée du Rav Kook, au cœur de sa méditation, puisque toutes ses pensées convergent finalement sur la techouva.
La techouva saisit la plus grande part dans la Thora et dans la vie. La techouva est-elle la chose la plus importante dans la Thora et dans la vie ! Vraiment ? N’y a-t-il pas d’autres mitsvot dans la Thora, et d’autres occupations dans la vie ?! En fait, la grande nouveauté amenée par le Rav (dont la source est comme on l’a dit dans les secrets de la Thora) est que la techouva ne consiste pas seulement, par exemple, à dire le Birkat Hamazon comme la halakha l’exige (même s’il s’agit évidemment d’une mitsva importante), mais que la techouva est une réparation des mondes, et une élévation de la réalité entière.
En effet : “Au début Dieu créa le ciel et la terre, la terre était confusion et désordre, et l’obscurité était sur la béance” [Genèse 1, 1-2] ; et : “Les existences se manifestent à travers une descente de la divinité à la matérialité” [Orot Hatechouva 11, 4]. Donc notre monde est un monde brisé. Mais quoi qu’il en soit, “le souffle divin plane sur la face de l’eau” [Genèse 1, 2], et il est destiné à réparer, à élever, à rehausser et à renforcer tout ce qui existe. C’est pourquoi la techouva est l’idée centrale, la plus grande qui soit dans la Thora et dans la vie.
De plus, “Il n’y a pas un homme juste sur la terre qui fasse le bien et ne faute jamais” [Kohélet 7, 20], et par conséquent si le fauteur ne pouvait pas faire techouva sur ses fautes, s’il ne pouvait pas réparer ce qu’il a faussé, tout serait perdu, désespérant et privé de toute issue positive !
Et c’est donc sur elle – la techouva – que sont bâtis tous les espoirs personnels et collectifs. C’est un commandement divin qui d’un côté est des plus faciles, car une pensée de techouva est déjà techouva, et qui d’un autre côté est des plus difficiles, puisque jusqu’à maintenant elle n’est pas parvenue à sa réalisation complète, ni dans le monde ni dans la vie.
Je me trouve toujours porté à y penser et à en parler. Beaucoup de choses ont été écrites à son sujet dans la Thora, dans le Prophètes et dans les Hagiographes, mais pour notre génération ces choses sont jusqu’à maintenant incomprises, et nécessitent une explication – comment faire revenir notre génération par la techouva.
La littérature – l’art littéraire, qui rôde dans tous les recoins où il y a de la poésie et de la vie, n’a encore rien pénétré de ce merveilleux trésor de vie, le trésor de la techouva. En vérité elle n’a même pas commencé de s’y intéresser, de chercher à connaître sa nature et sa valeur, même depuis son côté lyrique, qui est infiniment émouvant. À plus forte raison n’a-t-elle pas jusqu’à présent remué le petit doigt pour décrire son côté actif – de quelle manière on peut faire techouva dans les actes, pas seulement au sens étroit du “il y a quatre stades la techouva : l’abandon de la faute, le repentir, la demande de pardon et la décision de ne plus recommencer”, mais : de quelle manière l’homme peut-il effectivement reprendre force, se dégager, monter et s’élever, surtout pour ce qui touche aux conditions nouvelles de notre vie – parce que la manière de faire techouva au moment de la renaissance nationale, à l’époque du ‘signe évident de la fin de l’exil’, diffère de la manière de faire techouva dans les générations passées.
Quant à moi, je suis poussé depuis mon être le plus profond à parler de la techouva, et je recule en moi-même devant cette pensée : suis-je apte à parler de la techouva ? Les Grands des générations passées ont écrit sur la techouva, les prophètes et les sages les plus purs, les plus grands des hassidim, alors comment pourrais-je me tenir en leur compagnie ?
Mais aucune faiblesse au monde ne pourra m’exempter de mon exigence intérieure : je suis obligé de parler de la techouva, et tout spécialement de son côté – non pas de halakha, mais – ‘littéraire’ et de son côté ‘pratique’, pour que notre génération comprenne sa nature et la concrétise dans la vie, dans la vie de l’individu et dans la vie de la collectivité.