Question :
Peut-on inférer de ce qu’on vient de dire que la foi n’est pas une option délibérée de l’homme, mais plutôt une aptitude innée ?
Réponse :
Continuons de comparer l’aptitude à la émouna avec l’aptitude musicale. Quand un homme a cette aptitude innée, il dépend de son libre-choix qu’il la développe ou non. Ses qualités musicales ne résultent pas de ses exercices, mais de son aptitude naturelle. Sans elle, tous les efforts ne serviraient à rien. Mais une fois que cet homme a été doté de cette aptitude particulière, c’est au tour des efforts de la mettre en œuvre. Il en est de même pour l’aptitude à la foi. La émouna est une qualité de proximité avec Dieu, et nous sommes un peuple comme cela : nous avons été créés avec cette qualité, nous sommes aptes à l’adhésion à Dieu. Si la émouna se révèle dans toutes les circonstances de la vie, tant mieux ! Sinon, un travail sera nécessaire pour y parvenir, la foi ne se transformera en héritage de toute la réalité que par le travail.
Question :
Si dans le fond nous sommes vraiment un peuple qui détient la foi, comment se fait-il que la réalité soit à l’opposé ?
Réponse :
On peut poser la même question à propos de l’homme en général. L’homme a été créé “à l’image de Dieu”. Mais cette réalité ne ressort pas avec évidence dans le courant de l’histoire humaine. Pour que “l’image de Dieu” réalise son potentiel, il est besoin d’un effort délibéré de l’homme. La ségoula intérieure, le potentiel intérieur, la personnalité intérieure, se révèlent en passant par le libre choix. Ils peuvent se révéler, et ils peuvent ne pas se révéler. Quand nous parlons de ‘ségoula’, nous voulons parler de l’identité, et non des qualités comportementales. Le comportement peut s’accorder à l’identité ou la dénier. L’identité humaine est “l’image divine” :
Car Dieu a fait l’homme droit. [Ecclésiaste 7, 29]
S’il en est ainsi, quel est le sens du verset :
Et toutes les pensées de son cœur ne le poussent qu’au mal tout le jour. [Genèse 6, 5]
Il n’y a pas de contradiction, les deux affirmations sont fondées : la réalité du penchant au mal ne vient pas de la création divine. Le Maître du monde a créé l’homme droit, mais l’homme plongé dans la réalité de ce monde trébuche, il s’embrouille et perd sa droiture. Alors il ne révèle plus ce que Dieu a implanté en lui. La révélation de l’identité humaine dépend de la persistance continue de l’effort humain au long de toutes les générations.