1. La techouva, sens profond de l’univers

 


La techouva précéda le monde.  [Pessahim 54a]

Il ne s’agit pas d’une précédence temporelle, mais d’une précédence causale. C’est-à-dire que la base de l’existence, la nature profonde de la réalité et de la vie, c’est la techouva. En d’autres mots : le monde n’est pas statique, tout bouge, tout est en mouvement, tout progresse vers le haut, dans une élévation perpétuelle.

Le monde n’est pas accompli, mais il s’accomplit. Il est construit a priori pour être réparé, amélioré, complété, et cette ascension, c’est la techouva. Ce n’est pas seulement la techouva du mal vers le bien, mais celle du bien vers un plus grand bien. Tel est le principe de la techouva, même si l’on n’a pas fauté,

Il n’est pas d’homme juste sur terre qui fasse le bien sans jamais fauter.  [L’Ecclésiaste 7, 20]

Il faut faire techouva pour monter plus haut. Rester au-dessous de ses capacités, c’est aussi un manque et une faute.

Au niveau superficiel, on conçoit la techouva sur un mode négatif : parce qu’on a fauté on se repent de sa faute. Il aurait été préférable ne pas fauter, et de ne pas avoir besoin de faire techouva. Mais les choses ne sont pas ainsi en réalité. La techouva n’est pas une démarche ‘a posteriori’, mais ‘a priori’. C’est une dynamique, une force divine qui nous pousse à nous élever. Ainsi, le petit enfant a en lui une capacité de croissance qui le pousse à grandir. Ainsi, chaque plante a un ‘ange’ qui lui dit : “grandis !”. Et il en est de même pour l’homme, pour Israël, et pour le monde. Il y a un dynamisme intérieur qui pousse tout vers le haut. Le monde est en transformation permanente, il est en devenir, il se perfectionne et il se complète.

Et même quand nous parviendrons à l’idéal ultime de l’existence, ce ne sera pas non plus la fin du voyage :

Les Talmidé Hakhamim n’ont pas de repos, ni dans ce monde-ci ni dans le monde à venir, comme il est dit : “Ils iront de victoire en victoire”.  [Berakhot 64, 1].

Quand ils arrivent au monde à venir, un autre monde à venir les attend, et ainsi de suite jusqu’à l’infini des mondes. Le vrai repos se trouve dans la recherche persévérante, dans la progression ininterrompue de succès en succès. Le repos et le sentiment de délice véridique ne sont pas autre chose.


(Paragraphe suivant : 2. Retour vers le projet divin d’avant l’éclosion de la réalité)

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