« La montée des générations »

Y a-t-il une ‘montée des générations’ ? Du point de vue de la grandeur individuelle il y a une ‘descente des générations’, mais du point de vue de la grandeur du genre humain il y a une ‘montée des générations’. Et comme l’écrit le Rav dans Maamar Hador :

À la plupart des époques de l’histoire nous trouvons des sages admirables, des géants de l’esprit dans les générations des Richonim, dont la grandeur et la force d’esprit nous étonnent. Mais la collectivité était livrée à une condition misérable, aussi bien au plan de la connaissance qu’à celui de la morale. Il est vrai que la foule de notre peuple se distinguait de toute autre par la sainteté divine qui le recouvrait, c’était un étendard. Dans les générations des Aharonim, les géants commencèrent de décliner, alors que la collectivité allait en s’élevant. Il y eut de moins en moins d’ignorants dans notre peuple, et en face d’eux les Géants et les Tsadikim se firent plus rares et de moindre envergure.”  [La Génération 3, 8]

C’est-à-dire que sur le plan individuel il y a une descente des générations. L’élève est plus petit que son maître, selon ce qui est dit:

“La face de Moché est comme le soleil, et le visage de Yéhochoua est comme la lune.”  [Baba Batra 75a]

Et aussi :

“Le cœur des Richonim est large comme le monde, celui des Aharonim comme un palais, et le nôtre comme le chas d’une aiguille  [Irouvin 53a].

Au niveau individuel, cette descente vient de ce que chaque génération nous éloigne de la lumière originelle du don de la Thora.

“Moché a reçu la Thora du Sinaï, il l’a transmise à Yéhouchoua, Yéhochoua aux Anciens et les Anciens aux prophètes…”  [Michna Avot 1, 1]

À chaque étape de transmission, le contenu spécifique du message s’altère et se dégrade [voir ce que dit Rabbi Yossef Haïm dans le Sefer Ben Ich Haï, première année, parachat ‘Emor’].

Mais sur le plan collectif il y a une montée des générations, parce que la sainteté s’accumule de génération en génération.

“Une génération glorifie tes œuvres pour l’autre [qui la suit]”.  [Psaumes 145, 4]

Chaque génération est meilleure que celle qui la précède, en tant que collectivité elle s’élève par rapport à la précédente, pas seulement au sens  de l’étude et des mitsvot, mais du point de vue de la sainteté enfouie dans les âmes. Chaque génération ajoute un peu de sainteté et de pureté. La génération qui vient commence là où s’est arrêtée la précédente, de sorte que chacune recèle en elle-même, dans sa manière d’être spécifique, la sainteté de toutes les générations.

Tous les acquis spirituels, moraux et de sainteté d’une génération sont transmis à la suivante, qui se trouve dans la situation du “nain sur le dos d’un géant”. Et même si elle n’est pas aussi grande que celle qui la précède, elle est perchée sur ses épaules, et sa sainteté en est augmentée d’autant.

Dans une lettre au Rav Doubar Milstein [Igrot Haréaya I, p.369], le Rav explique une chose qui

“fait partie des sujets qui se tiennent au sommet du monde, et dont la source sainte est dans les secrets de la Thora. Par affection pour mon ami je lui en dévoilerai un peu. Il est un grand principe : bien que le monde décline constamment de chute en chute, seule son extériorité est en cause. C’est-à-dire que les manières d’agir et les qualités morales sont en chute constante, et qu’elles ne peuvent être comparées à celles des premières générations au niveau des individus. Mais du côté de l’intériorité, c’est-à-dire de la force d’ensemble de la sainteté collective de la nation, [qui est] la Knesset Israël, chaque génération ajoute aux précédentes parce que la sainteté se cumule, et la sainteté qui émane du peu de Thora et de bonnes actions des dernières générations ajoute aussi de la lumière du passé. À l’inverse, la faute ne porte pas de fruits et ne se cumule pas, ce qui est le sens secret du verset : ‘Tous les fauteurs d’injustice se disloqueront’ [Psaumes 92, 10]. Par conséquent, la nation dans son intériorité collective est plus remplie de lumière divine que dans le passé, mais cela reste invisible à l’œil jusqu’à l’arrivée du Messie de notre salut, qu’il vienne vite et de nos jours…”