Le mot ‘brit’ [‘alliance’] est associé au sel, et il est aussi associé aux épreuves. De même que le sel attendrit la viande, de même les épreuves polissent les fautes de l’homme [Berakhot 5a]. L’Admor de Riminov ajoute : de même que si on met un excès de sel la viande devient immangeable, de même il faut atténuer les épreuves par la miséricorde, pour qu’elles puissent être supportées.
La mort de Sarah est rapportée par la Thora immédiatement après la ligature d’Itzhak – son sacrifice inabouti, pour signifier que lorsqu’elle entendit l’annonce de la ligature de son fils, son âme s’envola [Rachi sur Genèse 23, 2], elle ne pouvait supporter cela. Moché Rabbénou enchaîna les deux sujets dans la Thora pour se faire l’avocat d’Israël, en suggérant que si les épreuves sont trop dures il est impossible de tenir. De plus, si c’était vrai pour Sarah, qui bien qu’étant une femme juste, d’une grandeur exceptionnelle, ne put supporter l’annonce de la ligature d’Itzhak, à plus forte raison est-ce vrai pour nous.
Nous comprenons que les épreuves sont purificatrices, mais on ne peut pas supporter davantage, c’est trop ! Et Sarah elle-même, dont l’âme s’envola par excès de chagrin à l’annonce de la ligature d’Itzhak, laissa intentionnellement toute la profondeur de son chagrin envahir son cœur, et elle en mourut, pour le bien d’Israël, car elle voulut montrer à Dieu qu’on ne peut pas supporter les épreuves au-delà de la mesure. Et même celui qui reste en vie après les épreuves, son esprit et sa force sont brisés :
Quelle différence pour moi entre une mort totale et une mort partielle ? [Baba Kama 65a]
On demandera peut-être : Sarah a abrégé ses jours éprouvant à l’excès le chagrin de la ligature, et si c’est le cas, il semblerait qu’elle ait fauté en cela ? – c’est la raison de la fin du verset :
[La vie de Sarah fut de cent ans et vingt ans et sept années,] les années de la vie de Sarah. [Genèse 23, 1]
Cette répétition signifie que toutes ses années étaient égales dans le bien. Ceci signifie que même si elle abrégea ses jours, elle ne fauta pas pour les années qu’elle aurait dû vivre après 127 ans, car son intention était pour le bien d’Israël.
C’est pourquoi le Saint-Béni-Soit-Il nous fera miséricorde et nous sauvera des épreuves les plus dures.
[Hayé Sarah 5700/ 1939, p.10]
(Paragraphe suivant : 3.2. Impossible de servir Dieu de tout son être en situation d’épreuve)