La Direction nationale des Bnei Akiva posa un jour une question à notre maître le Rav Tsvi Yéhouda, sur le fait que le jour de selihot et de jeûne de ❛chéni kama❜ [voir Choulhan Aroukh, Orah Haïm § 492, 1] tombait le 5 Iyar, Jour de l’Indépendance de notre état [Yom Haatsmaout].
Notre maître explique qu’il n’y a ni incompatibilité ni contradiction à faire coïncider le jeûne de chéni kama avec la festivité de Yom Haatsmaout, car ce jeûne [❛chéni-hamichi-chéni❜ – 2 / 5 / 2] relève d’une décision personnelle prise par chaque individu, ce qui fait qu’ils ont cours même s’ils tombent Roch Hodech, où les jeûnes publics sont interdits. C’est pourquoi ce jeûne individuel n’est pas incompatible avec la festivité de Yom Haatsmaout, parce que ce qui est fait au niveau individuel n’apporte aucun changement dans le domaine public, dans le comportement public en ce jour.
Plus que cela : le contenu positif de ces jeûnes est une techouva et un approfondissement moral, et l’affliction du deuil en est absente. En effet, il y a dans la techouva un accomplissement et un perfectionnement du contenu de notre caractère israélien, et du processus de sa délivrance. Par conséquent, non seulement ces jours de jeûne ne s’opposent pas au caractère de Yom Haatsmaout, mais ils y sont adéquats.
Autre rappel que la festivité et la joie ne s’opposent pas à la techouva : dans la ❛Simhat Beit Hachoèva❜ – la fête du puisage de l’eau qu’on versait sur l’autel pendant la fête de Soukkot – les gens se disaient l’un à l’autre : ❝Heureux celui qui n’a pas fauté ; et que celui qui a fauté fasse techouva, et il lui sera pardonné❞ – cela ne portait pas atteinte à la joie, mais la rendait plus parfaite.
C’est la même chose pour les cantiques des selihot de ❛chéni-hamichi-chéni❜ : même chantés en communauté, ils ne s’opposent pas nécessairement à Yom Haatsmaout. On a rapporté en effet des témoignages d’actes de Guedolim selon lesquels des cantiques de selihot étaient chantés certains jours de fête, à Hochaana Raba ou à Chemini Atséret et Simhat Thora, en fonction des nécessités du moment, et ces selihot pendant la fête n’étaient pas considérées comme une annulation de la joie de Yom Tov. Si bien qu’au niveau du principe, chez nous aussi la récitation des selihot pourrait cohabiter avec la fête de Yom Haatsmaout le même jour. Mais il semble qu’il faille s’en abstenir par crainte d’un sentiment d’incompréhension du public. C’est pour cette raison que les chants des selihot ont été repoussés au ❛chéni-hamichi-chéni❜ qui suit Yom Haatsmaout.