3. L’appel de la Délivrance vient de l’inconscient

Le Rav Kook explique plus loin, dans ‘les Lumières de la Résurrection’ : “Ce qui caractérise la Délivrance qui vient à notre rencontre, c’est que ses étapes précoces sont perçues et ressenties dans l’Intériorité de l’Assemblée d’Israël. Certes, la Délivrance se manifeste par des événements extérieurs, comme une agriculture florissante, la création d’un état, la fondation d’une armée, et d’autres, mais elle a lieu avant tout dans l’intériorité du Peuple d’Israël. C’est là, au plus profond de la nation, que le bouleversement commence. “La nation se développe, de toutes ses forces, elle fait grandir son esprit, sa nature et sa personnalité, [mais] elle ne connaît pas encore la profondeur de l’essence sublime qui constitue toute la base de sa résurrection”. Elle ignore encore ce qui est à l’intérieur, quelle est l’énergie, quel est le carburant, quel est le moteur qui met en mouvement toute cette résurrection. “Ses yeux sont rivés au sol” : la nation est encore matérialiste, “elle ne regarde pas encore vers le ciel, elle n’est pas encore vraiment ‘revenue à son premier époux’” [Hochéa 2, 9], elle n’est pas encore revenue au Saint-Béni-Soit-Il.

“Elle élabore sa vie avec les forces qu’elle trouve au fond de son âme, mais sans leur donner de nom, et sans avoir d’objectif bien défini. Tout ‒ en fait, tout ce qui est du domaine de l’État ‒ est lumière et gloire divines, mais ni elle [la nation] ni le monde n’arrivent à distinguer cela. Le Nom divin n’est guère familier de sa bouche, et elle est en quête de bravoure et d’héroïsme, alors qu’en réalité tout est saint et divin.

“C’est seulement quand le processus aura été mené à son terme, quand la nation aura atteint son apogée, qu’on commencera d’appeler la lumière divine par le ‘Nom explicite pour en dévoiler la nature”. Pour le moment, on ne la désigne pas par le ‘Nom explicite’, mais viendra le temps où tout sera appelé par le ‘Nom explicite’, “il sera dévoilé et il sera compris que tout ce qui a donné et tout ce qui donnera de la lumière, tout ce qui vit et tout ce qui vivra en elle [la nation], tout cela est lumière du Maître du monde, Dieu d’Israël ; ‘et voici le nom par lequel on l’évoquera : l’Éternel est notre Droit’ [Jérémie 23, 6] ; ‘et le nom de la ville sera désormais : l’Éternel est là-bas’ [Ézéchiel 48, 35].

“Ce caractère de la Délivrance est au fondement de la vision des secrets : l’Assemblée d’Israël ne reprendra sa place dans le futur que si le Saint-Béni-Soit-Il et toutes ses armées viennent à elle et la relèvent de la poussière en lui faisant un grand honneur. Heureux l’œil qui a vu tout cela, et à ce qu’entend l’oreille l’espoir réjouira notre âme [d’après la prière de Moussaf de Yom Kippour]. Et la période qui va des dévoilements particuliers centrés sur l’Assemblée d’Israël jusqu’à l’apparition éclatante de la Magnificence d’Israël, pour qu’on sache que le Nom de l’Éternel est invoqué sur elle [l’Assemblée d’Israël], est le temps des ‘douleurs du Messie’…” [Orot Hatehiya § 32].  (…)