Le Rambam explique dans le Séfer Hamitsvot que le calcul des fêtes [moadim] et la sanctification des mois [néoménie] ne peuvent être faits qu’en terre d’Israël. Et il y ajoute un commentaire :
Supposons par exemple que les Bné-Israël disparaissent complètement de la terre d’Israël (que Dieu nous en préserve, car Il a promis qu’Il n’effacerait pas complètement les signes de la nation !). Il ne s’y trouverait plus de Beth-Din, et il n’y aurait plus hors d’Israël de Beth-Din qui s’appuie sur Érets-Israël ; alors nos comptes n’auraient plus aucune valeur, en aucune façon. [Séfer Hamitsvot 153 ; voir Berakhot 63a]
La raison pour laquelle l’absence des Juifs dans la terre d’Israël équivaudrait à la disparition de la nation est que
La terre d’Israël est le cœur de la nation. [‘Or Néérav’ du Ramak, p.152]
…et s’il n’y a plus d’Israël en terre d’Israël, c’est comme si on lui avait enlevé le cœur, et toute vie y serait éteinte. Il est dit dans le Midrach :
Israël est partiel et Érets-Israël est partiel ; le partiel viendra se loger dans le partiel. [Tanhouma, Reeh 8]
Tout ce qui relie Israël au Saint-Béni-Soit-Il passe par la terre d’Israël. C’est pourquoi :
Tout habitant d’un pays étranger ressemble à un homme qui n’a pas de Dieu. [Ketouvot 110b]
À la lumière de ceci nous comprenons ce que dit le Rambam : si Israël disparaissait complètement de la terre d’Israël, Dieu nous en préserve, cela reviendrait à “l’effacement total de la nation” ; alors que par son implantation en terre d’Israël…
Le cœur d’Israël se fortifiera. [Em Habanim Semeha p.152].
Quand la guerre se taira il restera peu de Juifs, car la plus grande partie de nos frères les Bné-Israël périront, et le peu qui resteront penseront peut-être qu’ils pourront faire de bonnes affaires avec les goyim sans craindre de vengeance de leur part, en raison de leur petit nombre. [Ibid p.209]
Cependant, qui fait d’eux les héritiers de la multitude des fils d’Israël qui ont été tués pour la sanctification du Nom divin ?
Qui est l’homme de cœur qui voudrait construire sa prospérité sur le sang versé par Israël ? [Ibid]
Ce n’est pas ainsi, car
Le but du sang versé par Israël… est qu’Israël demande à aller en terre d’Israël. [Ibid]
Et pas au nom de bénéfices individuels, ni même de bénéfices spirituels de techouva.
Le peuple d’Israël a versé son sang, et le peuple d’Israël sera réparé par cela. Comme ce fut dit au temps du roi David, cette chose est venue sur eux parce que leur main s’est affaiblie pour construire le Temple [Midrach Soher Tov 17, 4]. Et en effet, aussitôt après l’épidémie David acheta l’emplacement du Temple, et par cela il répara la carence qui avait causé l’épidémie.
Il en est de même à notre époque : si nous nous levons et montons à Sion, nous réparerons par cela les âmes des Bné-Israël tués pour la sanctification du Nom divin, qui par le don de leurs vies nous auront permis de revenir à l’héritage de nos pères. [Em Habanim Semeha p.209]
Tous les malheurs de l’exil sont venus sur nous pour que nous montions en Érets-Israël. Certes, ceux qui sont morts ne sont pas montés, mais telle est la comptabilité de la communauté d’Israël : une partie du peuple tombe et une partie monte en Israël. Une partie monte par le mérite de ceux qui sont morts, de sorte que l’aliya des uns est la réparation de l’âme de ceux qui sont tombés :
Et si nous méritons qu’il y ait un grand rassemblement en terre d’Israël, et si l’Éternel dirige notre cœur pour aimer le Saint-Béni-Soit-Il, et pour le servir d’un cœur entier… alors nous mériterons aussitôt la résurrection des morts pour ceux qui ont péri, qui ont été tués et qui sont morts des fléaux de l’exil. Ce sont eux qui se tiendront en premier. [Ibid]
Il se trouve que parce que nous aurons quitté ici les pays de l’exil, et que nous serons revenus en terre d’Israël, outre le fait… que nous aurons réparé les vies de nos frères Bné-Israël tués et tombés ici en exil, en revenant grâce à eux à l’héritage de nos pères nous aurons aussi rapproché leur résurrection. [Ibid]
Et même les simples Juifs qui sont venus en Israël sans aucune intention spirituelle, seulement pour leur propre bien, et qui construisent concrètement le pays, réalisent de cette manière une plus grande réparation dans les mondes supérieurs, que celle du plus grand tsadik par son tikoun hatsot, par ses pleurs sur l’exil de la Présence Divine. [Em Habanim Semeha p.98]. Nos Sages disent :
Pour quelle raison Omri mérita-t-il la royauté ? – Parce qu’il a ajouté une cité à Érets-Israël. [Sanhédrin 102b]
Et il obtint ce mérite non seulement pour lui-même, mais aussi pour ses fils, qui régnèrent après lui pendant trois générations [Tana Dvé Éliahou 10] ; et ceci bien qu’il n’ait pas construit cette ville au nom du Ciel, mais seulement pour lui-même. Voilà ce qu’avait pensé Omri : “Comme les rois de Juda ont Jérusalem, les rois d’Israël auront Samarie” [Voir Rachi et Radak sur Ézéchiel 23, 4]. Omri construisit pour sa propre gloire une ville capitale concurrente de Jérusalem ! Et non seulement cela, mais dans cette ville on ne pratiquait pas le service de l’Éternel et on n’enseignait pas la Thora, mais on faisait ce qui est mal aux yeux de l’Éternel. Quant à Omri :
Il fut pire que tous ses devanciers ; il suivit en tout le chemin de Jéroboam fils de Nébat, et il fit pécher Israël. [Rois I 16, 25-26]
Malgré tout cela, à cause de la construction de cette ville il mérita la royauté, parce qu’il accomplit le commandement positif d’habiter la terre d’Israël. [Em Habanim Semeha p.57].