Et non seulement la sensibilité spirituelle se réveille et se remplit de force et de joie, mais aussi l’intelligence s’élève jusqu’aux plus hautes cimes – en résultat de la techouva, l’intelligence atteint le sommet, l’origine suprême, la source de toutes les connaissances, et plus elle s’élève, plus elle se ceint de force – du monde supérieur, et elle s’élève à des notions et des connaissances suprêmes ; le monde des racines existentielles dans leur forme émanante, telles qu’elles sont dans le monde de l’Émanation. Car même si dans la pratique il y a des êtres bons et il y a des êtres mauvais, à leur racine tous les êtres sont bons – et c’est de cette façon que même les transgressions volontaires peuvent devenir des mérites, car la techouva par amour ramène tout à sa racine. La techouva permet à l’intelligence de se libérer et de s’élever progressivement, de saisir les choses à leur racine la plus haute, la plus pure et touchant à l’Émanation, sublime, abstraite et céleste, dans leur délice suprême – parce que dans le monde de l’Émanation, tout est un délice.
Et le retournement de toutes les fautes et les iniquités – le long processus par lequel les fautes volontaires et involontaires se transforment en mérites – commence, grâce à la montée de la volonté vers le bien et vers la sainteté divine, d’avancer dans le chemin de la vie qui amène la bénédiction et la joie éternelle dans l’univers entier : “Il prolonge [le grondement de sa voix] sous toute la voûte des cieux, et sa lumière jusqu’aux confins de la terre” [Job 37, 3]. Telle est donc la démarche de la techouva supérieure : une élévation préalable de l’intelligence, et à partir de là une élévation de la volonté.
Et tout se met à chanter le chant qu’Adam le premier homme chanta par la force de la techouva, le chant pour le jour du Chabbat. Le Midrach décrit Caïn sortant “de devant l’Éternel” [Genèse 4, 16] – “joyeux !… Adam alla le voir et lui dit : ‘que ferons-nous de ton jugement ?’ – Il lui répondit : ‘J’ai fait techouva et je me suis apaisé’. Adam commença de se frapper le visage, il dit : ‘Telle est la force de la techouva et je ne le savais pas ?!’ – Aussitôt il se mit debout et il dit : ‘Chant pour le jour du Chabbat’”, “car Tu m’a réjoui, Éternel, par ton action ; grâce aux œuvres de tes mains je chanterai” [Psaumes 92, 5], “Comme tes œuvres sont grandes, Éternel, et infiniment profondes tes pensées ; l’homme ignorant ne le sait pas, et le sot ne le comprend pas ; (…) le juste fleurit comme un palmier, il grandit comme un cèdre du Liban” [Ibid. 6-7 et 13]. La techouva est comme un épanouissement merveilleux. Tel est le chant de techouva d’Adam, et telle est la techouva dont la génération a besoin. C’est cette réalité extraordinaire que le Rav veut expliquer dans son livre Orot Hatechouva.
Bien entendu, les paroles générales et abstraites ne suffisent pas, il ne suffit pas de dire que la techouva met l’homme en confiance, qu’elle lui donne la sérénité, la joie et la force, mais une guidance pratique est nécessaire dans les détails. Pour faire venir toutes ces choses sur le terrain de l’action jusque dans les détails, et les adapter à tous les niveaux, de sorte qu’elles conviennent à tout homme ; pour relever toute forme de chute chez tout individu d’Israël… en effet il y a celui qui chute dans ses pensées et celui qui chute dans ses actions, celui qui chute dans ses relations avec son prochain et celui qui chute dans sa relation à Dieu, celui pour qui la chute est générale et celui pour qui elle se limite à un aspect particulier, et chaque type de chute appelle un traitement spécifique.
En effet nous sommes un peuple aimé, un peuple saint, et nous ne désespérons par conséquent d’aucun homme d’Israël ! Tous peuvent remonter et se redresser.
…de tout endroit, de tout bas-fond des dessous de la terre, des endroits les plus bas, les plus obscurs et les plus corrompus, au niveau de l’action ou au niveau de la pensée, jusqu’à la dernière extrémité – toutes ces chutes-là on peut les relever – vers la lumière de la vie ; pour les mener seulement dans la joie et l’allégresse, hors de tout chemin de tristesse (et non en se brisant et en s’abaissant), avec un esprit audacieux et un courage indomptable, sur des sentiers de sainteté frayés et déblayés. Telle est la grande originalité du livre Orot Hatechouva.
Et où trouverons-nous la force d’élever toute la génération ? – par la force du dévoilement des étincelles du jour de la Délivrance. Le ‘jour de la Délivrance’ n’est pas encore arrivé mais des étincelles s’en détachent déjà. En effet, c’est le ‘jour de la Délivrance’ qui se montre à nous en permanence sur la Terre de notre vie, et il nous envoie en permanence des étincelles. De quelle manière ? – par le ‘dévoilement de la fin’ des montagnes d’Israël labourées et ensemencées, portant leurs fruits et leurs branches pour le peuple de l’Éternel qui le réclame. Comme le dit Rabbi Abba : “Il n’y a pas de signe plus évident de la fin de l’exil que celui mentionné dans le verset : ‘Et vous, montagnes d’Israël, vous donnerez vos branches et vous apporterez vos fruits à mon peuple Israël, car il est près de revenir’ [Ézéchiel 36, 8]” [Sanhédrin 98a] ; “Quand la Terre d’Israël donnera généreusement ses fruits, alors la fin de l’exil sera proche, et il n’y en a pas de signe plus évident” [Rachi sur place]. Pour rendre toutes ces choses suffisamment claires, il faut disposer du temps adéquat pour écarter tous les obstacles du chemin, et faire émerger la lumière qui couve sous tous les aspects particuliers de l’obscurité ambiante.