La foi [émouna] est une qualité intrinsèque de notre peuple, même s’il y a effectivement des incroyants dans le peuple d’Israël. Le propos du Rav Kook notre maître est bien connu, que le plus grand incroyant du peuple d’Israël croit davantage que le plus grand croyant des goyim [Maamaré Haraya, fin du chapitre “Yessod Harabanout Harachit”].
La question est de savoir en fait ce que cette belle phrase signifie, car il y a des Juifs qui ne sont pas croyants ! En réalité ces Juifs-là, de manière essentielle, du point de vue de leur caractère, appartiennent à un peuple de croyants. En fait ils ne croient pas parce qu’ils ne mettent pas en œuvre leur aptitude à la émouna. À quoi la chose ressemble-t-elle ? À un musicien chevronné qui affirme que tel enfant a des dons musicaux remarquables. Mais il ne sait même pas jouer de la petite flûte ? C’est vrai, mais c’est un détail. Il a des dispositions exceptionnelles pour la musique. Cette aptitude n’apparaît pas parce que cet enfant est paresseux. Il faut le faire sortir de sa torpeur, mais le fait que son aptitude ne se manifeste pas dans la réalité ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. D’autre part, n’importe qui ne peut pas devenir musicien. C’est un don inné, si on est né avec il pourra se révéler. Mais sinon, aucun cours de musique ne pourra rien y faire, il ne pourra pas découvrir ce qui n’est pas là.
Nous aussi sommes comme cela. L’aptitude à la foi est imprimée en nous. Nous sommes un peuple de croyants, même si tous en fait ne sont pas croyants. Cela ne veut pas dire que chez les goyim la foi n’existe pas, mais la foi dans toute sa puissance et sa grandeur n’existe que chez nous.