2.5. La voix du chofar qui réveille et qui libère

Le Rambam écrit à propos du sens de la mitsva du chofar : “Bien que la sonnerie du chofar à Roch Hachana soit un ‘décret de la Thora’,” c’est-à-dire un sujet que l’intelligence humaine ne peut comprendre en profondeur, “elle contient une allusion, comme pour dire : ‘Réveillez-vous, les endormis, de votre sommeil’ !” [Rambam, Hilkhot Techouva 3, 4]. Réveille-toi, homme ! Tu es complètement endormi, reviens à toi ! Tu rêves ! Tu rêves que tu es éveillé ! Tu a perdu conscience de toi-même !

L’homme vit dans ce qu’il imagine, et il est sûr que c’est cela la réalité, car l’imagination s’emballe ! Il s’imagine qu’il est dans le bon chemin, qu’il s’améliore, qu’il fait des choses importantes, mais en réalité il manque de sérieux, il ‘ne se prend pas en mains’. Il s’est brouillé avec ses amis, et au lieu d’effacer la rancune qu’il en conçoit, il l’amplifie. Il sait expliquer de multiples manières pourquoi il est comme il faut, alors que les autres ne le sont pas. Ne t’occupe pas des autres, cesse de faire l’éducateur de ta génération, occupe-toi de toi-même et fais techouva !

Une fois par an, on se réveille. C’est la raison pour laquelle le Choulhan Aroukh écrit qu’il ne convient pas de dormir à Roch Hachana. Ce n’est pas un jour pour le sommeil. Si tu as dormi à Roch Hachana, tu dormiras toute l’année ! Nous ne parlons pas ici de points de halakha : si quelqu’un est fatigué et craint de s’assoupir pendant la prière, il vaut mieux qu’il dorme. Il s’agit ici du principe : on doit se réveiller. La voix du chofar réveille. L’homme se libère de lui-même et écoute. La voix va en augmentant, et elle le remplit jusqu’à ce qu’il y soit englouti. Le chofar ne vient pas nous faire oublier ce que nous sommes, mais il nous faire revenir à nous-mêmes.


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