2.2. Le sacrifice d’Itshak au long des générations d’Israël

La libation d’eau à Soukkot est une expression de la bonté de Dieu, qui répand ses bienfaits en abondance sur tout comme on répand de l’eau. Et il faut comprendre pourquoi la libation d’eau, qui exprime la bonté, ne commence que le deuxième jour des ouchpizin, celui d’Itzhak. Il aurait été plus logique de commencer le premier jour des ouchpizin, qui est celui Avraham, pilier de la bonté [‘hessed’], plutôt que le jour d’Itzhak, dont la caractéristique est la rigueur [‘din’], et qui a été offert en sacrifice pour sanctifier le Nom divin.

La réponse est que dans l’avenir c’est seulement Itzhak qui fera valoir le mérite d’Israël et le sauvera de la destruction [voir Chabbat 89b]. Itzhak voudra faire expiation pour eux, même par le don de sa personne et de sa vie. Il dira au Saint-Béni-Soit-Il : “J’ai offert ma vie devant Toi sur l’autel”, et c’est cela la force d’Itzhak, la force du don de soi pour le peuple d’Israël. C’est le niveau le plus élevé de la bonté, d’être prêt à mourir pour Israël. Voilà pourquoi c’était seulement le deuxième jour des ouchpizin, celui d’Itzhak, que commençait la libation d’eau, qui exprime la bonté. Et pour cette raison, seuls des fervents et des hommes de mérite dansaient à la Célébration du puisage de l’eau [‘Simhat Beit Hachoéva’], car c’était un acte de bonté pour Israël.

Il reste cependant une chose à comprendre : pourquoi doit-on attendre le monde futur pour qu’Itzhak notre père dise devant le Saint-Béni-Soit-Il : “J’ai offert ma vie devant Toi” ? Pourquoi n’a-t-il pas demandé au moment de la destruction du Beit Hamikdach, et de tous les malheurs d’Israël, que l’Éternel efface les fautes d’Israël pour le mérite qu’il avait de s’être offert en sacrifice devant Lui ? C’est parce que le sacrifice d’Itzhak ne fut pas seulement une épreuve pour Itzhak, mais le début d’un dévouement et d’un don de soi à l’Éternel et à Israël, qui s’est continué dans toutes les générations. Ce ne fut pas un événement isolé qui en resta là, mais un début qui fut suivi de ‘sacrifices d’Itshak’ offerts par Israël à toutes les générations.

L’épreuve d’Avraham et d’Itzhak était dans une volonté et une pensée qui n’ont pas été accomplies jusqu’au bout. Certes, Avraham et Itzhak étaient disposés de bon gré à aller jusqu’au bout du sacrifice, mais dans les faits Itzhak n’a pas été sacrifié, et il ne lui a été fait aucun mal. Alors que toutes les fois où des Juifs ont été tués par les goïm, les faits ont réellement eu lieu, et pas seulement au niveau de la pensée, car ils n’étaient pas seulement prêts à se faire tuer tout en voulant vivre, ils ont effectivement été tués.

Ces actes de sacrifice sont l’achèvement du sacrifice d’Itzhak, l’aboutissement de la pensée et de la volonté d’Avraham et d’Itzhak à travers les actes d’Israël. C’est-à-dire que le sacrifice des victimes juives au cours des générations a ceci de différent avec le sacrifice d’Itzhak, c’est un sacrifice d’Itzhak dans les faits.

Le sacrifice d’Itzhak en pensée et les sacrifices des Juifs dans les faits se complètent pour former une seule réalité. C’est pourquoi c’est seulement dans l’avenir, quand ceux qui ont donné leur vie pour la sanctification du Nom divin auront effectivement payé le prix du sacrifice d’Itzhak, qu’Itzhak pourra dire : “J’ai offert ma vie devant Toi”. Car au temps de la destruction du Temple et de toutes les persécutions, le sacrifice d’Itzhak n’avait pas encore abouti dans les faits, mais était resté au niveau de la volonté et de la pensée. Il est fait allusion à ceci dans le verset :

Après ces événements, Dieu éprouva Avraham [Genèse 22, 1].

Seulement après que tous ces événements se seront produits, à savoir le sacrifice des vies juives au cours des générations, alors sera terminée la mise à l’épreuve d’Avraham. Tous ceux qui auront réellement été tués pour la sanctification du Nom divin expieront et annuleront la colère divine contre Israël. Ils sauveront Israël de la destruction par le mérite du sacrifice d’Itzhak mené à son terme.

[Soukkot 5701/ 1940, pp.72-73]

(Paragraphe suivant : 3.1. Les épreuves au-delà du supportable)

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