Les souffrances annonciatrices du Messie [Sanhédrin 98b] sont comme les souffrances de l’enfantement – l’enfant naît dans les douleurs. Il est évident que notre mise à l’épreuve vient polir les fautes avant le dévoilement que constitue la venue du Messie. Aucun être qui naît ne peut assurer lui-même la continuité, faire émerger de lui une lumière nouvelle, sans qu’une partie de sa propre lumière ne vienne à se perdre. L’apparition d’une lumière nouvelle exige l’annulation d’une lumière ancienne, car rien ne peut apparaître dans la lumière divine si ce n’est par une ‘annulation d’existence’ [‘bitoul hayech’].
C’est comme la graine qu’on a semée : avant qu’apparaisse grâce à elle une nouvelle créature de fruits et de feuilles qui étaient enfouis en elle sans qu’on puisse les voir, et qui seront plusieurs fois plus grands qu’elle, le corps de la graine doit fermenter dans le sol. C’est après qu’elle a disparu que pousse à partir d’elle un arbre merveilleux, et ceci est ‘l’épreuve de la mort’.
Le sens de “tu enfanteras des fils dans la douleur” est qu’une créature nouvelle ne peut naître de la femme que si ses propres forces sont annulées. Celle qui veut mettre au monde un enfant doit dans une certaine mesure s’effacer et s’annuler.
Les souffrances de la venue du Messie sont du même ordre, car la Délivrance est une révélation divine, le Saint-Béni-Soit-Il révélera sa lumière à travers Israël dans le monde entier. Et pour qu’Israël ait le mérite que se dévoile par lui une si grande lumière, une annulation de ses forces est nécessaire. Ce sont les souffrances de la venue du Messie.
C’est ce qui est dit :
Est-ce que je briserais et ne ferais pas naître ? – dit l’Éternel. [Isaïe 66, 9]
Dieu nous installe dans la crise, puis il fait naître. Plus grande est la douleur, et plus grande est la lumière qui surgit. Quand on voit un Juif souffrir plus qu’un autre des souffrances annonciatrices du Messie, on sait que par lui se révélera une plus grande part de la lumière du Messie. Ces souffrances sont celles d’une brisure qui vise à réparer, et non à faire souffrir. Comme la fermentation de la graine prépare la pousse de l’arbre, et comme les douleurs de l’enfantement préparent la naissance, de même les souffrances annonciatrices du Messie préparent la Délivrance. Le Maître du monde agit pour le salut par le moyen des souffrances.
C’est pourquoi il faut accepter les épreuves, savoir quelle est leur fonction ; ne pas se révolter contre Dieu, mais comprendre que les souffrances sont une bonté dont nous gratifie le Maître du monde, une bonté supérieure à la bonté. Et celui qui est pris dans ce genre de situation est appelé à comprendre que ces épreuves rapprochent du Maître du monde à partir d’une annulation de l’existence.
[Massé 5701/ 1941, pp.106-107]
(Paragraphe suivant : 2.1. Le niveau de celui qui meurt pour la sanctification du Nom divin)