Nous trouvons l’expression ‘vérité véridique’ dans la Guemara de Baba Batra [8b], à propos du verset : “Les perspicaces resplendiront comme l’éclat du firmament” [Daniel 12, 3]. La Guemara dit : “On parle ici d’un juge qui rend un jugement de ‘vérité véridique’”, et les Tossefot précisent : “‒ à l’exclusion d’un jugement faussé”.
Le Gaon de Vilna explique [voir son commentaire sur Deutéronome 16, 16] que toute décision halakhique doit être fondée sur deux conditions nécessaires : la connaissance de la Thora et la connaissance de la réalité. Un décisionnaire qui n’a pas une bonne connaissance de la réalité tranchera de manière inappropriée. Il pourra par exemple décider que le foie qui est devant lui est cacher, et du point de vue de la première condition, celle de la connaissance de la Thora, son raisonnement sera irréprochable, mais dans la réalité ce qu’il a devant lui n’est pas du foie mais de la rate ! Son discours sera vrai formellement, mais pas ‘véridiquement’, et sa conclusion halakhique sera fausse.
Ce que dit le Rav rentre dans le même cas : si un homme vient renouveler le sujet de la ‘techouva’, mais qu’il n’a pas une bonne connaissance de la réalité et ne voit pas que le peuple d’Israël se lève pour revivre, il enseignera une Thora mal fondée, disqualifiée du point de vue de la ‘vérité véridique’. Une telle Thora se réfère à une réalité différente, elle reste du domaine de l’abstraction, et ses décisions halakhiques seront fausses. Plus précisément, ses décisions concernant les sujets anciens [les questions qui se posent de la même manière aujourd’hui qu’autrefois, telles que les lois de Chabbat ou les lois des tsitsith] seront correctes, mais pour tout ce qui touche aux problématiques nouvelles, elles seront à côté du sujet, et ses verdicts seront faux, par simple ignorance de la réalité.