Rabbi Avraham Bronstein – Admor de Sokhatchov (Pologne 1838 – 1910, fondateur de la hassidout de Sokhatchov, auteur d’Avnei Nézer)
La mitsva de l’aliya en Erets-Israël [1] :
Il semble que faire son aliya en Erets-Israël, ce soit comme mettre un vêtement à quatre pans en vue de contracter l’obligation des tsitsith : si l’on n’en met pas, aux jours de la colère divine on sera puni. De même, on peut dire que si l’on ne monte pas en Erets-Israël quand il n’y a pas de raison particulière de le faire, on n’y est pas contraint [2]. Mais si l’on obtient l’accord des autorités pour monter en Erets Israël, alors c’est une mitsva d’aller s’y établir [3], à la seule condition de s’installer là-bas au sein d’une communauté de Juifs pieux…
Quant à la halakha sur ce sujet, rappelons que la majorité des décisionnaires ont tranché que la sainteté du pays d’Israël perdure aux temps futurs [4]. En conséquence, si l’on fait son aliya en ayant là-bas une situation de subsistance comme à l’époque actuelle, on accomplit en y habitant une mitsva qui pèse autant que toutes les mitsvot réunies. Par conséquent, c’est une grande chose que de faire les démarches auprès des autorités dans le but d’obtenir leur accord pour permettre à un groupe de personnes de monter. Ceci a un intérêt évident sur plusieurs plans :
1. Pour l’aliya elle-même, pour qu’on soit libre de la faire.
2. Pour le peuplement là-bas, afin d’y accomplir les mitsvot en général, et les mitsvot liées à la Terre en particulier, car les nouveaux immigrants n’y sont pas habitués, et s’il y a sur place beaucoup de Juifs pratiquants, les uns pourront aider les autres.
3. Par rapport à la sainteté de la Terre et à ses bénédictions, car lorsqu’on accomplit les mitsvot en Erets-Israël, et en particulier les mitsvot liées à la Terre, on y accroît la sainteté et la bénédiction, puisque les mitsvot liées à la Terre sont appelées « obligation du sol ». Et de même que l’homme en accomplissant les mitsvot affermit son âme, de même la Terre, par la pratique des mitsvot [qui dépendent d’elle], gagne en sainteté ; et la bénédiction de la Terre dépend de sa sainteté, car loin d’être naturelle, cette bénédiction est de nature divine…
C’est donc vous, notables et hommes forts d’Israël, qui avez la capacité d’obtenir les autorisations nécessaires pour mettre cet important idéal en application. C’est à vous que revient cette grande mitsva, et il n’y a pas de limite à la récompense de ceux qui y contribuent, que ce soit en obtenant les autorisations nécessaires ou en acquérant des propriétés sur place.
Demandons l’aide de l’Éternel, et dans nos mains le plan de l’Éternel réussira. Alors nous pourrons monter vers la Maison de l’Éternel avec un chant d’allégresse et de reconnaissance.
[Responsa Avnei Nézer, Yoré Déah § 454]
[1] Ce texte fut rédigé longtemps avant la création de l’État d’Israël.
[2] Comme celui qui ne met pas de vêtement à quatre pans avec tsitsith : il n’a rien transgressé.
[3] Comme celui qui met un vêtement à quatre pans : il a l’obligation d’y mettre des tsitsith.
[4] Et pas seulement aux temps passés de l’installation du peuple sur sa Terre.