Rav Haïm Palachi (Smyrne, Turquie 1788 – 1869)
Dans le livre Leket Yossef [1], article ‘Job’, l’auteur écrit que tous les châtiments subis par Job lui furent infligés parce qu’il habitait hors d’Israël. Ainsi l’explique le Rav, un hassid de la tribu des prêtres, dans son livre de commentaires sur la Bible : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a pas comme lui sur la Terre, un homme intègre et droit, craignant Dieu et s’écartant du mal [2] » [Job 1, 8] – Que veut dire ‘sur la Terre’ [3] ? Il faut donc comprendre : il n’y aurait pas comme lui s’il habitait sur la Terre, c’est-à-dire la Terre d’Israël. Il était à l’évidence un homme intègre et droit, craignant Dieu et s’écartant du mal, et n’avait aucun défaut, si ce n’est qu’il habitait hors d’Israël. S’il avait habité en Israël, il aurait été sans égal, car il possédait déjà toutes les qualités à la perfection.
Il écrit à la fin de ses observations sur le Traité Ketoubot que même à l’époque, quand les dangers du voyage invalidaient la mitsva, cela n’abolissait nullement l’impératif de désirer ardemment Erets-Israël et d’espérer la retrouver. Il ajoute que si l’on manquait à cette exigence à cause de l’attachement porté à son lieu de résidence, on serait passible de sanction pour cette carence, bien qu’empêché de toute façon d’accomplir la mitsva, du fait que cette contrainte n’était pas la raison de ce manquement.
On dit dans le Zohar, section hebdomadaire ‘Chelah Lekha’, que les explorateurs dirent du mal sur le pays parce qu’ils pensaient qu’à l’entrée en Israël, ils seraient démis de leurs fonctions, et qu’on nommerait d’autres notables à leur place. Selon cette explication, c’est par orgueil qu’ils médirent sur la Terre, pour ne pas perdre leur pouvoir… Il faut dire à ce propos que nombre de rabbins qui avaient une position hautement considérée dans leur ville et au tribunal de leur localité, souhaitent aujourd’hui ardemment demeurer en Erets-Israël, même s’ils savent que les postes de juges, et particulièrement dans les grandes communautés, sont déjà occupés. Tel rabbin qui était hautement considéré dans sa ville à l’étranger, se montre prêt à abandonner son pouvoir pour s’installer au Pays, et y être un érudit parmi d’autres, sans aucune influence particulière. En effet, ces hommes désirent tellement habiter en Erets-Israël qu’ils renoncent à leur position, et repoussent l’autorité et les honneurs dus à leur rang en tant que chefs de communautés, pour avoir le mérite d’habiter le pays d’Israël. Ceci nous amène à dire, s’il plaît à Dieu, que tout rabbin chef de communauté, qui abandonne sa notoriété et son pouvoir pour mériter Erets-Israël, contribue sans aucun doute à réparer la faute que les explorateurs avaient commise à cause de leur passion du pouvoir. Et c’est une réparation très importante, car nous, peuple des enfants d’Israël, venons dans la foulée des douze tribus d’Israël [4]…
Ceux qui ont décidé de s’établir en Erets-Israël doivent quitter l’exil avec empressement… et l’Éternel se hâtera de nous amener à l’édification de notre pays.
[Livre ‘Artsot Hahaïm’, sections 5 et 9]
[1] Écrit par le Rav Yossef Mordékhaï Ginsburg, publié en 1688 à Hambourg.
[2] C’est Dieu qui s’adresse ainsi au Satan, l’ange chargé de l’accusation.
[3] Ces mots sont apparemment inutiles dans le verset, et ils nécessitent une explication.
[4] Comme les douze explorateurs [Nombres 13].