‘Olam haba / le monde qui vient, le monde à venir ; ‘olam haze / ce monde-ci ; yemot hamachiah’ / temps messianiques ; tehiyat hametim / résurrection des morts.

‘’Olam haba’ signifie littéralement ‘le monde qui vient’. Il est habituellement traduit par ‘monde à venir’, bien que sa réalité ne soit pas reportée dans le futur mais se manifeste dans le présent : le monde en train de venir.

1. Les périodes historiques.

Si l’on partage l’Histoire, elle commença originellement dans ‘’Éden’, avant de descendre au niveau de ‘Gan ‘Éden’, comme il est écrit : 

“Un fleuve sortait de ‘Éden pour arroser le jardin” [Genèse 2, 10],

ce qui implique qu’il venait de plus haut pour arroser le jardin.

Puis l’homme fauta, ce qui fit descendre le monde au niveau du ‘olam haze’, c’est-à-dire du monde matériel que l’homme avait pour mission de ramener à sa vocation idéale selon le projet divin.

Alors suivit la longue et chaotique histoire de l’humanité d’avant et d’après le Déluge, puis l’apparition d’Avraham, d’Itzhak et de Yaakov, la création du peuple d’Israël issu du creuset de l’Égypte, puis la traversée du désert et la conquête de la terre d’Israël, puis une apogée de la royauté d’Israël avec David et Salomon, suivie du terrible déclin qui se conclut par l’échec retentissant du peuple juif sanctionné par l’exil : le peuple d’Israël, qui est le cœur de l’humanité, se retrouva disloqué et privé de vie, et l’humanité elle-même se trouva privée de cœur ! Ces 2000 ans d’exil furent une période d’épreuves pour l’humanité entière, et ils amenèrent le peuple d’Israël à la maturation morale et spirituelle indispensable à l’enclenchement du processus messianique.

La période qui suit l’exil est appelée yémot hamachiah, littéralement les ‘jours du Messie’, ou période messianique. La Guemara nous en définit précisément la limite :

“Il n’y a pas d’autre différence entre ‘olam haze et yemot hamachiah que l’asservissement aux nations du monde” [Berakhot 34b].

Les jours du Messie commencent donc avec le retour du peuple d’Israël à son indépendance nationale, c’est-à-dire avec la création de l’État d’Israël le 5 Iyar 5708 (14 mai 1948).

La période suivante est celle de ‘tehiyat hametim’ ou ‘résurrection des morts’, et elle s’étend elle aussi dans le temps. Elle commence avec la résurrection de la nation pendant la période messianique, et elle se poursuit par un renforcement de la vie, à la fois grâce à l’aide de la médecine et par la cessation des actions destructrices et mortifères telles que les guerres, pour aboutir à un processus miraculeux dont nous ne pouvons pas concevoir la nature, et par lequel les morts se relèveront.

C’est après la résurrection des morts qu’adviendra la ‘olam haba.

Il est important de comprendre que la différence essentielle entre le ‘olam haze et le ‘olam haba ne réside pas dans un changement des lois de la nature, mais dans un changement de la “qualité humaine » : l’homme sera libéré de ses tendances viles et mesquines pour s’épanouir dans l’amour du prochain et le dévouement à l’humanité entière, et ceci grâce à l’action et à l’exemple du peuple d’Israël, dont le rôle est de hisser constamment l’humanité vers cette dimension.

2. Le monde en potentiel.

Il est également important de comprendre que le ‘olam haba n’est pas réservé à un futur indéterminé, mais qu’il existe bel et bien à l’état de potentiel, créé depuis le début du monde afin de se réaliser pleinement à la fin des temps. C’est l’homme qui, par ses efforts, met à l’œuvre ce potentiel et le fait peu à peu apparaître. Cependant les capacités humaines dans sont très inégales ce domaine, et elles ont varié au cours du temps. Certains individus exceptionnels, qui vivaient il y a cinq mille ans au tout début de l’histoire quand le monde était encore plongé dans l’obscurité, appartenaient déjà dans leur monde intérieur profond à cette époque historique lointaine, au plan de leurs qualités humaines et de leurs aspirations saintes et nobles. Ceux-là réussirent à s’élever et à mettre en œuvre ce potentiel, et dans leur vie individuelle ils étaient déjà de leur vivant au ‘olam haba, bien qu’entourés d’un océan d’impureté et de barbarie. C’étaient des ‘ilots de ‘olam haba’, et ce sont des gens de cette trempe qui ont drainé, et qui continuent de drainer l’humanité vers cette époque historique qui vient. Ce sont des bâtisseurs d’eux-mêmes sur le plan personnel, et du ‘olam haba sur le plan universel. On voit d’ailleurs dans le traité Berakhot qu’à l’époque du Talmud, les élèves du Beit Hamidrach se souhaitaient à la fin de leurs études : “Que tu mérites de voir ton monde dans ta vie” – autrement dit, de voir ton ‘olam haba.

3. Le monde de la mort.

Il arrive aussi qu’on appelle de manière allégorique le monde de la mort ‘olam haba. La mort est en effet l’état dans lequel l’âme se déconnecte du corps et où, n’étant plus plombée par le poids de la matérialité, elle peut s’élever dans toute sa pureté, comme celle à laquelle l’homme parviendra à la fin des temps. On dit donc de manière allégorique que les morts sont dans le ‘olam haba.

4. Le monde du Chabbat. 

 On dit aussi que Chabbat est ‘me’ein ‘olam haba’‘du genre du ‘olam haba’, car c’est une sorte d’ilot de sainteté parmi les jours de la semaine, qui sont davantage plongés dans les servitudes matérielles. Le Chabbat est le point culminant qui tire vers lui les jours de la semaine vers un sommet de spiritualité. Mais ce n’est que ‘du genre de’, car le véritable ‘olam haba ne sera atteint que lorsque toute l’humanité sera amenée à cette dimension suprême.