Ne hais pas les Arabes !


Par le Rav Chlomo Haïm Hacohen Aviner – chelita. 


Ne hais pas les Arabes, car il ne faut pas haïr les êtres humains, et les Arabes sont des êtres humains.

Ne hais pas les Arabes, car en vérité il est écrit “Tu aimeras ton compagnon comme toi-même”. Il n’est pas “ton compagnon”, et tu n’as donc pas la mitsva de l’aimer, mais il ne faut pas en déduire qu’il y ait une mitsva de le haïr !

Ne hais pas les Arabes en prétendant que ce sont tous des nazis et des assassins, car ce n’est pas vrai, et il est interdit de mentir, même à propos des non-Juifs.

Ne hais pas les Arabes, car nous avons souffert de la haine pendant deux mille ans, et nous savons ce que c’est d’être haï.

Ne hais pas les Arabes, bien qu’ils nous causent de grandes souffrances, qu’ils nous diabolisent dans leurs programmes scolaires, qu’ils soient nourris de stéréotypes antisémites, que certains nient la Choah, que certains glorifient l’Allemagne nazie, que certains prêchent la violence, le terrorisme et le meurtre. Cependant nous ne devons pas suivre leur exemple, parce que nous sommes juifs, et parce que tous les Arabes ne sont pas comme cela.

Ne dis pas : “mort aux Arabes”, ne pose pas d’autocollants “mort aux Arabes”. S’il le faut en vérité, dis : “mort aux terroristes”, avec évidemment l’intention de viser tous les terroristes du monde, de tous les peuples, de toutes les cultures et de toutes les religions.

Ne hais pas les Arabes, car ainsi tu donnes raison à ceux qui prétendent que notre implantation sur cette terre est essentiellement destructrice, alors que nous n’avons pas conquis une terre étrangère, mais que nous sommes revenus sur notre terre.

Ne hais pas les Arabes, mais dis : “Ceci est notre terre, ceci est notre état, selon la morale, selon l’histoire, selon la Bible”. Dis : “Vous pouvez habiter parmi nous en tant que minorités, à condition de ne pas adorer d’idoles et de ne pas chercher à nous assassiner” (Sihot de notre maître le Rav Tsvi Yéhouda, Érets Israël, p. 112, “L’étranger qui est parmi vous”).

Ne hais pas les Arabes, et ainsi tu ne mépriseras pas, tu n’insulteras pas, tu ne maltraiteras pas, tu ne discrimineras pas, tu ne tourmenteras pas, tu ne feras pas d’apartheid.

Ne hais pas les Arabes, bien que ce ne soit pas facile, puisqu’ils nous ont fait guerre après guerre alors que nous leur tendions la main pour la paix, puisqu’ils n’ont jamais abandonné le terrorisme, et que plus de dix mille Juifs ont été tués par eux sur notre terre, laissant des veuves et des orphelins, sans compter ceux qui ont été tués tout au long de la période de l’exil.

Ne hais pas les Arabes, malgré les données accablantes de l’Anti-Defamation League (ADL) sur les pays où le taux d’antisémitisme est le plus élevé dans le monde : Judée-Samarie, 93% de la population adulte ; Irak, 92% ; Yémen, 88% ; Algérie, 87%; Libye, 87% ; Tunisie, 86% ; Koweït, 82% ; Bahreïn, 81% ; Jordanie, 81% ; Maroc, 80% ; et en comparaison les pays où il est le plus bas : Danemark, 9%; États-Unis, 9% ; Angleterre, 8% ; Vietnam, 6% ; Hollande, 5% ; Suède, 4% ; Philippines, 3% ; Laos, 0.2% ; ou si nous considérons les données sur les musulmans dans le monde : 49% d’antisémites, et dans le Moyen Orient et l’Amérique du Nord : 75%. Malgré tout, ne hais pas les Arabes.

Ne hais pas les Arabes, que tu sois de droite et que tu les voies alors comme des ennemis politiques, ou que tu sois de gauche et que tu veuilles une séparation parce que tu les as simplement en horreur ; ne hais pas, ne hais pas.

Mais je sais bien que tu n’as pas de haine, je sais bien que tu n’es pas raciste, je sais que, que tu sois religieux ou que tu ne sois pas religieux, l’idéal de bonté de la Thora vis-à-vis de toute créature remplit ton âme. Ce n’est donc pas en vain que je dis : ne hais pas, car c’est ta nature de ne pas haïr. Mais veille à la maintenir !

Et comme tu ne hais pas les Arabes, tu te réjouiras sûrement de lire ces deux textes écrits par notre maître le Rav Tsvi Yéhouda sur le sujet (Sihot de notre Maître, ibid. § 13).

Un jour il vit des enfants qui sortaient de l’école insulter deux vendeurs de rue. Il essaya de les attraper pour les réprimander, mais il se mirent à courir et ils lui échappèrent. Alors il écrivit une lettre au directeur et aux professeurs : “L’occurrence de cet incident, qui m’a blessé et outragé, m’oblige à vous rappeler la nécessité de porter la plus grande attention dans votre travail éducatif pour que ce genre de choses ne se produisent pas, eu égard tant à l’enseignement du judaïsme lui-même et de sa morale, qu’à la valeur pratique pour la population et pour l’état de maintenir la voie de la paix et des bonnes relations avec nos voisins”.

Une autre fois, des individus avaient pris les chaussures d’un Arabe qui s’était endormi dans l’autobus, et ils avaient publié cet incident dans le journal comme une bonne blague. Notre maître écrivit une protestation : “S’il est arrivé un tel scandale, qu’une action aussi outrageante et aussi vexante, tenant à une moquerie effrénée et dégénérée, ait été commise par certains d’entre nous envers la personne d’un de nos voisins qui demeurent et habitent avec nous. Nous devons la stigmatiser et en éprouver de la honte, chercher les moyens d’apaiser vraiment la victime de cette humiliation, qui réside en toute innocence parmi nous. Nous devons réparer cet incident, pour que de telles choses ne se reproduisent plus chez nous, et pour écarter de nous la profanation du Nom Divin entraînée par cette faute – et ceci ne doit pas être publié simplement comme un ‘point de vue intéressant’ !”.

Voilà le principe : ne hais pas les Arabes, respecte les Arabes, ne te laisse pas emporter, car ce sont des êtres humains comme nous.

[Rav Aviner chelita, in : « Chéïlat Chlomo » # 562, 22 Eloul 5778 (2 septembre 2018)]