Monter en Erets-Israël préserve des fautes


Rabbénou Chim’on bar Tsémah – le ‘Tachbets’  (Palma de Majorque 1361 – Alger 1444)


Question :  Quand on monte en Erets-Israël, est-ce que toutes les fautes sont effacées au moment où l’on entre dans le pays, les légères comme les graves ?

Réponse :  Habiter en Erets-Israël est une grande mitsva. Le Ramban l’a d’ailleurs incluse dans le compte des 613 mitsvot. Dans le Sifri (sur Deutéronome 12, 29), il est dit que d’habiter en Erets-Israël équivaut à toutes les mitsvot, comme il est dit : « Vous en prendrez possession et vous y habiterez, et vous garderez toutes les lois…que je vous donne aujourd’hui » [Deutéronome 11, 31-32]. Nos Maîtres ont surenchéri, et ils ont dit que quiconque habite en Erets-Israël ressemble à quelqu’un qui a un Dieu, comme il est écrit : « Pour vous donner la Terre de Canaan, afin d’être Dieu pour vous » [Lévitique 25, 38] ; que celui qui demeure en Erets-Israël y vit exempt de faute ; et que si quelqu’un est enterré en Erets-Israël, c’est comme s’il était enterré sous l’autel, car un verset dit : « un autel de terre » [Exode 20, 20], et un autre dit : « Il absout sa Terre, son peuple » [1] [Deutéronome 32, 43].

Les Sages d’Israël se mettaient en danger en traversant des fleuves pour atteindre Erets-Israël, et ils disaient : « Le lieu que Moïse et Aharon n’ont pas mérité, pourrai-je y prétendre ? ». Ils embrassaient les pierres et se roulaient dans la poussière, comme il est dit : « Car tes serviteurs aiment ses pierres et chérissent sa poussière » [Psaumes 102, 15]. La Terre d’Israël est appelée « le joyau au pays des vivants » [Ézéchiel 20, 15], car ses morts revivent sans subir le tourment du passage dans les tunnels, alors que les morts en-dehors d’Israël doivent subir ce tourment : le Saint-Béni-Soit-Il leur fait des tunnels dans le sol dans lesquels ils doivent rouler jusqu’en Erets-Israël, et là ils remontent à la surface, comme il est dit : « Ils surgiront de la ville comme l’herbe de la terre » [Psaumes 92, 16] ; et il n’y a de ville que Jérusalem, comme il est dit : « La ville que J’ai choisie » [Rois I 11, 32]. Et encore : il n’est permis de sortir d’Erets Israël que pour étudier la Thora, si l’on n’y a pas trouvé de maître pour la lui enseigner, ou pour faire honneur à ses parents [2].

À partir de toutes ces données, votre question trouve sa réponse : pour celui qui s’est repenti et regrette sincèrement ses fautes et qui veux monter en Erets Israël, hormis le fait que le  repentir fait expiation de ses fautes, la montée en Erets-Israël lui ajoute un mérite qui le préservera de la faute tous les jours de sa vie…

[Responsa Hatachbets 3, 288]


[1] De même que la terre amène l’expiation des fautes par l’autel du Temple (premier verset), de même elle amène l’expiation des fautes par « sa Terre », c’est-à-dire Erets-Israël (second verset), à ceux qui y sont ensevelis. Le second verset peut d’ailleurs se lire : « Sa Terre fait expiation pour son peuple » [voir Or Hahaïm sur place].
[2] Voir ce qu’écrit le Rav Ovadia Yossef à ce propos.