Les malheurs nous atteignent parce que nous nous sommes détournés d’Erets-Israël


Rav Issakhar Chlomo Taykhtal  (Hongrie 1885 – Allemagne 1945, que Dieu venge son sang !)


Il faut monter en Erets-Israël… Depuis quelques dizaines d’années, les yeux des irréligieux se sont dessillés, et ils ont reconnu leur erreur, d’avoir cru trouver dans l’exil tout ce qu’ils désiraient… Quand ils virent qu’en échange de leur amour ils étaient détestés et maltraités sans raison, cela leur ouvrit les yeux, et ils se rendirent compte de la vanité de l’espoir de trouver le repos ici en terre d’exil. Cela réveilla en eux le désir de retourner au pays de leurs pères, et c’est ce qu’ils commencèrent de faire… Il est évident que si les craignant-Dieu et les harédim avaient été eux aussi partie prenante dans cette entreprise, notre Terre sainte aurait une toute autre allure, et une empreinte tout-à-fait différente en matière de sainteté … Mais nous ne devons pas prendre des airs supérieurs, dire que les bâtisseurs du pays ne sont pas des nôtres et que nous ne voulons pas nous associer avec eux, sous prétexte qu’ils ne font pas la volonté du Très-Haut. Sache que c’est l’aveuglement causé par le Satan qui pourrait nous empêcher de mener à bien cette construction tous ensemble, ou en tous cas d’être nombreux à accomplir la mitsva. Nous devons accomplir notre tâche sans faiblesse et nous associer à tous ceux qui la font avancer, alors le Saint-Béni-Soit-Il jouera lui aussi le rôle qui est sien. Et quiconque se rendra ici coupable de négligence subira une punition sévère…

C’est la justice divine qui nous a infligé tous les malheurs qui nous atteignent aujourd’hui [1], parce que nous nous sommes détournés d’Erets-Israël et que nous avons couvert ses bâtisseurs de mépris et d’infamie. Et tant que nous ne nous repentirons pas de cette attitude, nous continuerons d’être accablés par les malheurs, Dieu nous en préserve. Leur rôle est de nous interpeller, de nous rappeler à l’ordre, de nous inciter à sortir de notre léthargie et de notre paresse, et de retrouver le désir du retour vers notre Terre sainte… C’est « la voix de mon bien-aimé » [Cantique des Cantiques 5, 2] – le Saint-Béni-Soit-Il – qui frappe à la porte de notre cœur pour ranimer notre désir et notre nostalgie de revenir vers ce pays de sainteté, dont nous nous sommes détournés pendant presque deux mille ans… Si nous arrivons à nous rassembler en masse en Erets-Israël, et si l’Éternel guide notre cœur pour aimer Dieu et le servir d’un cœur intègre, alors nous parviendrons sans retard à la résurrection des morts.

Même les simples Juifs venus en Erets-Israël sans aucune motif spirituel, dans leur seul intérêt, quand ils participent activement à l’édification du pays, font une réparation plus grande dans les mondes supérieurs que le plus grand des Justes, lorsqu’il récite le Tikkoun Hatsot [2] en pleurant sur l’exil de la Présence divine.

Je reconnais la vérité et je confesse ma faute : à mes yeux aussi l’entreprise de construction du pays semblait exécrable, simplement parce que je l’avais entendu dire par de nombreux harédim, et que cette idée s’était enracinée dans mon cœur. Je ne m’intéressais donc pas du tout à la question, parce que j’étais trop occupé à enseigner à mes élèves, à écrire des livres et à répondre à tous ceux qui cherchaient la parole de l’Éternel. C’est seulement après que nous fumes frappés dans notre exil que j’approfondis la question, que le Saint-Béni-Soit-Il éclaira mon regard et que je m’aperçus de l’erreur que j’avais commise, et avec moi tous ceux qui s’étaient opposés à cette entreprise… Et Dieu sait que je n’écris pas ces choses pour m’enorgueillir ou me glorifier, mais par souci de la vérité et de la justice, pour l’honneur du nom du Très-Haut, celui de notre nation et celui de notre Terre Sainte.

[Em Habanim Semeha]


[1] Ces lignes furent écrites pendant la Choah, alors que des communautés entières étaient exterminées par les nazis.
[2] Prière de lamentations sur la destruction du Temple, que l’on dit au milieu de la nuit.