1. « Et voici les noms… »

Nous ouvrons un nouveau livre :

Et voici les noms des fils d’Israël…

Exode 1, 1.

Nos Sages ont expliqué :

❝Voici❞ – exclut ce qui précède ; ❝Et voici❞ – ajoute à ce qui précède.

Mekhilta ❛Véélé Hamichpatim❜, et Rachi sur place.

Le mot ❛Élé❜ [=❛Voici❜] introduit une chose entièrement nouvelle, alors que ❛Véélé❜ [=❛Et voici❜] introduit un nouveau développement, mais basé sur les étapes précédentes. Ici aussi :

Et voici les noms de fils d’Israël qui viennent en Égypte avec Yaakov… Réouven, Chimon… Yossef.

Ibid. 1-5.

On rappelle les Patriarches, les Tribus, les ❛géants❜ dont nous nous sommes occupés dans le livre de la Genèse, et à cela s’ajoute un élément nouveau :

Yossef mourut, ainsi que tous ses frères et toute cette génération.

Ibid. 6.

Les noms sont effacés et ils ne sont plus, et à leur place apparaît un corps sans nom : les ❝Fils d’Israël❞. On remarque aussi que par la suite, les gens sont mentionnés de manière anonyme, par exemple :

Un homme de la maison de Lévi alla prendre la fille de Lévi.

Exode 2, 1.

Les Patriarches, les Tribus, ont chacun un nom à eux, une situation particulière, une identité propre, qui ont été définis dans la suite des parachiot et dans les bénédictions de Yaakov à ses fils. Mais ici il n’y a pas de noms, il y a effacement des identités individuelles et c’est un peuple qui apparaît, les individus sont engloutis par la collectivité. La génération grandiose des fondateurs a disparu, et il apparaît une réalité nationale large, où les individus ne ressortent pas. Les noms individuels sont effacés, et apparaît le nom nouveau que nous portons :

Voici le peuple des Fils d’Israël…

Ibid. 1, 9.

C’est lui [Pharaon] qui découvre qu’il y a ici un peuple et pas seulement une assemblée d’individus. De plus, ce peuple surpasse en puissance le prestigieux peuple égyptien :

Voici que le peuple des Fils d’Israël est plus nombreux et plus puissant que nous.

Ibid.

Ce nouveau nom nous est donné de la bouche impure de Pharaon. Bizarre. Cette énorme nouvelle ne devait-elle venir que par lui ? C’est vrai, nous devons comprendre que Pharaon aussi est un envoyé du Saint-Béni-Soit-Il. Il n’y a pas deux autorités. Dieu agit, met en forme et suscite les processus historiques en recourant aussi aux forces du mal qui sont dans le monde. Et même la renaissance nationale de nos jours, et la reconnaissance de notre identité en tant que peuple, sont sorties elles aussi de la bouche de goyim avec la Déclaration Balfour. Une reconnaissance comme celle-là peut se produire même à un moment où nous-mêmes nous ne la reconnaissons pas. Le Saint-Béni-Soit-Il accomplit son œuvre par tout ce qui existe. Le nouveau nom introduit par la bouche de Pharaon reçoit ensuite la confirmation divine :

Et maintenant va, et Je t’enverrai vers Pharaon ; et fais sortir mon peuple les Fils d’Israël de l’Égypte.

Exode 3, 10.

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