Par le Rav Chlomo Haïm Hacohen Aviner – chelita.
Question : Pourquoi l’État a-t-il donné son accord pour un cessez-le-feu à Gaza ? Est-ce la bonne décision, alors qu’ils ont tiré 500 roquettes, qu’ils ont tué trois personnes, blessé un certain nombre, et provoqué des dégâts considérables ? Pourquoi nous soumettons-nous ?
Réponse :
Réponse 1 : tu n’es pas général.
Il y a un problème dans notre pays : tout le monde est général, tout le monde sait tout. Il y a un manque de sérieux dans la critique permanente de responsables publics. On raconte qu’un jour, dans une réunion internationale, Staline dit : “Je suis le président du pays qui a le plus grand territoire”. Roosevelt lui répondit : “Je suis le président du pays qui a le plus d’argent”. Notre président Weizmann ajouta : “Je suis le président du pays qui a le plus de présidents”. Et en effet, chez nous chacun se considère comme président, comme premier ministre et comme chef d’état-major.
Mais es-tu certain d’avoir tous les éléments d’appréciation ?!
Réponse 2 : nous les avons démolis.
On ne peut pas tuer tout le monde à Gaza. Tous les gens de la Bande de Gaza ne sont pas des criminels. Là-bas aussi il y a de pauvres gens. D’accord, “à la guerre comme à la guerre” ! Mais Chaoul a dit au Kénéen : “Allez, partez, séparez-vous de l’Amalécite pour que je ne te fasse pas comme à lui” (Samuel I 15, 6). C’est-à-dire : bien que tu sois mon ami, si tu te trouves là, je pourrais te frapper, il vaut mieux que tu t’en ailles. Il nous faut aussi une moralité pour épargner ceux qui ne sont pas coupables.
Tu diras peut-être : “Ils ont tiré sur nous et nous ont causé des dégâts considérables, et nous ne leur avons rien rendu” ! Ce n’est pas vrai. Nous avons démoli tous leurs centres de pouvoir, tous leurs postes de commandement et le bâtiment de leur service de renseignements. Il n’en reste rien, ils ont été éliminés. Alors vont-ils continuer de nuire ? Les Arabes sont comme cela depuis le retour à Sion. Ils mentent tellement, et ils ont tellement d’imagination, que beaucoup d’entre eux croient à leurs propres mensonges. Comme la secte des ‘Médaberim’ dans les ‘Huit Chapitres’ et le ‘Guide des Égarés’ du Rambam.
Réponse 3 : l’accord du peuple qui habite à Sion.
Nous ne partons en guerre que lorsque nous n’avons pas le choix. Nous n’allons en guerre que si le peuple qui habite a Sion donne son accord. Le peuple ne se limite pas aux résidents du sud, il comprend aussi ceux du nord et ceux qui habitent au nord de Tel Aviv, car eux aussi sont partie prenante dans la guerre. Nos soldats, ce sont les citoyens, et nous ne pouvons pas faire la guerre avec des soldats qui ne sont pas convaincus qu’ils doivent la faire. C’est ce qu’on appelle en Israël ‘milhama beleit breira’ [la guerre sans autre choix]. Quand il y a une guerre beleit breira, tout le monde y va, la gauche, la droite, le centre et les côtés, et on combat avec un dévouement total. Il n’y a pas que le gouvernement qui pense qu’on ne va pas à la guerre pour toute raison, mais c’est aussi ce que pense le peuple qui habite à Sion. Et s’il en était autrement, s’il y avait des tués, une partie du peuple rendrait responsable l’autre partie de leur mort.
Réponse 4 : l’accord des nations du monde.
De manière générale, nous ne pouvons pas nous appuyer sur les nations. Nous devons nous appuyer seulement sur nous-mêmes, ou plus précisément, sur le Maître du monde, dont nous sommes les représentants. Mais il est évident qu’en politique, on est obligé de prendre les autres en considération, nous ne sommes pas seuls dans le monde. Nous ne sommes pas un pays autarcique, isolé à la surface du monde. Il n’y a aucun état au monde qui ne dépend pas des autres. Même les Américains, même les Russes, même les Anglais. Il n’agissent pas sans prendre les autres en considération, ils ne sont pas non plus seuls au monde. Il est impossible de faire quelque chose que les pays normaux interdisent. Nous avons besoin de leur aide sur les plans économique, militaire et politique.
Un jour, le Rav Moché Levinger, qui n’était pas du parti des peureux et des faibles, me dit qu’au retour d’une visite aux États-Unis de Moché Dayan, qui était alors ministre des Affaires Étrangères, le Rav Levinger et quelques autres le critiquèrent pour avoir cédé aux pressions américaines. Notre maître le Rav Tsvi Yéhouda lui dit : “Ne doit-on pas tenir compte des Américains, jamais ?…”. Fin de citation du Rav Levinger, brave s’il en est.
Réponse 5 : compréhension de la stratégie des méchants.
Le Hamas est obligé de faire quelque chose de temps en temps. Si ce n’est pas quelque chose de moindre importance, c’est quelque chose de grave. Bien-entendu, nous ne les justifions pas, mais il faut comprendre que parfois un méfait mineur évite un méfait majeur. Il y a dans de nombreux pays un ‘Low-Instensity Conflict’ [LIC – combat de faible intensité] au lieu d’un ‘High-Instensity Conflict’ [HIC – combat de forte intensité]. Parfois, le LIC sauve du HIC. Les gens du Hamas sont des criminels parmi les criminels, même par rapport aux Arabes. C’est pourquoi, de temps en temps, le Hamas ‘se lâche’. Bien-entendu, chaque Juif qui est tué ou blessé est une très grande douleur pour nous, et il faut tout faire pour qu’ils ne touchent pas à un seul cheveu de l’un de nous, nous ne justifions rien. Mais la réalité est ainsi, et il est parfois préférable de maintenir la guerre à petit feu. Ils attendent l’opportunité de faire la guerre. Nous devons être préparés psychologiquement à cette réalité.
En conclusion :
Il faut renforcer les habitants du sud, et d’une manière générale renforcer la nation et donner confiance dans l’état, dans le gouvernement et dans l’armée. Si nous disons tout le temps que l’armée est faible et que le gouvernement est faible, nous les affaiblissons nous-mêmes, “Ce que je redoutais viendra m’assaillir” [Job 3, 25], c’est ce qu’on appelle des prophéties qui se réalisent par elles-mêmes. C’est pourquoi il ne faut pas dire de telles choses, mais il faut dire que nous sommes forts et braves. Tout l’honneur à Tsahal ! Tout l’honneur à la retenue, car la vraie bravoure consiste parfois à attendre pour mieux attaquer.
Nous accomplirons ainsi la devise : “Soyons forts, soyons forts, et nous nous renforcerons !”
Rav Chlomo Aviner chelita – ‘Chéïlot Chlomo’ # 573, 10 Kislev 5779 (18 novembre 2018)