À propos de la ‘primitivité’ dans la relation avec les femmes


Rav Chlomo Aviner chélita – ‘Chéïlat Chlomo’, Chevat 5778.


Ne sois pas primitif dans tes relations avec les femmes ! Grâce à Dieu nous avons fait des progrès. L’Histoire avance. Bien sûr, elle connaît des avancées et des reculs, la nature est ainsi. Mais dans l’ensemble elle avance dans de nombreux domaines, et en particulier par rapport aux femmes, ou plus précisément en ce qui concerne les rapports entre les hommes et les femmes. Nous n’en sommes plus à la préhistoire.

Il est vrai que nous n’avons pas de connaissances précises sur ce qui se passait pendant la préhistoire, et il eut aussi des époques différentes. Mais il est clair qu’aux temps très reculés, les rapports entre les hommes et les femmes ressemblaient aux rapports entre mâles et femelles chez les animaux, c’est ce que soutiennent les chercheurs. Il n’y avait pas de liens fixes entre les hommes et les femmes. Il y avait des relations libres, au gré de leurs désirs, en particulier ceux des hommes. Il y avait un grand pêle-mêle, comme chez les animaux, tout-le-monde avec tout-le-monde.

Tel était l’homme primitif jusqu’à ce qu’arrive l’homme moderne, il y a environ cinq mille sept cents ans, Adam Harichon [Adam-le-Premier] et Hava Imménou [Ève-notre-mère], entre lesquels il y eut un lien fixe, exclusif et saint.

Comme vous le savez, il y a des scientifiques qui prétendent que l’homme est apparu sur les hauteurs de la terre il y a environ deux millions d’années, donc bien avant Adam. Mais d’après le Rav Kook notre maître cela ne contredit nullement le récit de la Création, comme il l’a écrit en de nombreux endroits [voir le fascicule Maran Harav Kook Véha-évoloutsia]. Bien-entendu, l’Évolution est une théorie scientifique et pas une donnée objective, mais si cette théorie est exacte, elle ne contredit pas le récit de la Création selon la Thora car nous savons tous, de par la Michna Haguiga [2, 2] qu’au début de la Thora, tout n’est pas à comprendre au sens littéral, et qu’il y a de nombreuses allégories.

Par conséquent, Adam fut en réalité le premier à être digne du titre d’homme, car ceux qui le précédèrent (et d’autres aussi qui existèrent à son époque, ou même après) n’étaient pas dignes de ce titre sublime, du fait qu’ils vivaient une vie totalement relâchée entre hommes et femmes. Et grâce à Dieu, quelques centaines de milliers d’années passèrent, “jusqu’à ce que l’homme commence de prendre conscience qu’il était distinct de tous les animaux” [Chmona Perakim I, 594]. Ceci était une conviction intime, une intuition sainte, un éclair venu d’en-haut. “Et à la lumière de cette vision, il lui vint l’idée qu’il avait besoin de fixer sa vie de famille de manière permanente et noble, en désignant une femme unique qui se lierait à lui” [Ibid.]. C’est ce qui est exprimé dans le verset : “Celle-ci, cette fois, est l’os de mes os, et la chair de ma chair ; celle-ci, on l’appellera ‘Icha’ [femme], car celle-ci a été prise de ‘Ich’ [homme]” [Genèse 2, 23]. Le Rav Kook notre maître développe longuement ceci, mais le fond de la question est la sainteté de la famille.

C’est pourquoi, quand nous voyons qu’il y a un mélange d’hommes et de femmes, de garçons et de filles, en-dehors du cadre de la tsniout [pudeur], quand nous voyons que la famille pure et sainte est foulée aux pieds, le chagrin nous envahit de voir l’homme régresser à l’état primitif d’avant Adam, de qui nous avons appris que le lien pur entre l’homme et la femme est de l’ordre de ce qu’on appelle en mathématique une bijection, une correspondance biunivoque. C’est là le secret de la tsniout, qui est le gardien de la famille.

Voici une histoire qui eut lieu dans notre pays, où le marié a coutume d’offrir un cadeau à son épouse après la cérémonie nuptiale. C’est certes un bel usage, mais ce marié-là n’offrit pas de cadeau parce qu’il était très pauvre, et qu’il lui avait été difficile de rassembler un peu d’argent pour payer le mariage. Après la houppa, il s’éloigna quelques instants pour parler avec ses amis, et elle avec ses amies, qui lui demandèrent de leur montrer son cadeau. Elle fut obligée de reconnaître qu’elle n’avait pas reçu de cadeau. Alors une amie la prit dans ses bras, la seconde la caressa, la troisième la consola, la quatrième lui sourit, la cinquième ricana, jusqu’à ce que la jeune mariée éclate en sanglots, se tourne vers le marié et lui demanda : “où est mon cadeau ?” – Il répondit : “Ton cadeau, c’est que tu es la première jeune fille dans ma vie, la première jeune fille avec qui je parle et que je regarde, la première jeune fille à qui je souris et avec qui je ris, la première jeune fille dont je rêve et dont je suis amoureux. Tu es la première et la dernière et la seule au monde. Voilà mon cadeau. Ne pense pas que ce soit un cadeau de moindre importance, pour lui j’ai renoncé à beaucoup de choses. Mais je ne le regrette pas. Je t’en prie, accepte mon cadeau”.

Et encore une histoire d’un jeune homme qui se fiança avec une jeune fille non primitive, et qui voulut alors prendre sa main, mais elle refusa.

–        Pourquoi ? Nous sommes fiancés !

–        Dis-moi, qu’est-ce qui est meilleur, un gâteau ou moi ?

–        Toi bien sûr.

–        Et que fais-tu avant de manger un gâteau ?

–        Je dis une bénédiction.

–        Alors pour moi, ce sera sept bénédictions…