Rabbi Chlomo Zalman Auerbach (Jérusalem 1910 – 1995)
Votre Honneur a écrit que, selon l’avis du Gaon de Vilna [Éven Haézer chap.75, § 17], la raison profonde de la mitsva d’habiter en Erets-Israël était d’accomplir les mitsvot qui y sont liées, et vous avez aussi ponctué : « C’est ce qui ressort des paroles des Tossaphistes [Ketoubot 110b], qui expriment l’opinion de Rabbénou Haïm Cohen ».
À mon humble avis, ce n’est pas le cas. Au contraire, les paroles de Rabbénou Haïm Cohen démontrent qu’à son époque aussi, cette grande mitsva d’habiter en Erets-Israël avait une valeur d’obligation, bien que cette obligation fût annulée du fait qu’on ne pouvait pas, d’après lui, observer pleinement les mitsvot liées à la Terre. Dieu nous préserve de venir en Erets-Israël pour transgresser les lois divines, et réaliser une mitsva au moyen d’une transgression ! Quoi qu’il en soit, à notre époque où il est tout à fait possible d’observer les lois et interdictions [liées à la Terre], nous avons bel et bien l’obligation de monter (en Erets-Israël), même selon l’opinion de Rabbénou Haïm Cohen.
C’est du même ordre que ce qu’il a lui-même écrit dans son entrée en matière – qu’à son époque, la mitsva était annulée du fait des dangers du voyage. Cela montre bien que, selon lui, l’exemption provenait d’une raison contingente, mais pas parce que dans le principe de la mitsva, il y aurait une différence entre telle époque et l’époque du Temple…
Il apparaît en conséquence que, même selon l’opinion du Gaon de Vilna de mémoire bénie, il est hors de doute que l’obligation d’habiter en Erets-Israël s’applique à notre époque…
[Responsa ‘Minhat Chlomo’, 3e partie §100]