Rav Yossef Elnekavé (Élève du Rav Tsvi Yéhouda Kook, fut le Rabbin régional du Gouch Katif)
L’obligation de l’aliya en Erets-Israël pour toutes les générations :
« Sur la Terre » [Deutéronome 11, 9] [1] – Puisque Nahmanide a compté comme une mitsva positive [de la Thora] d’habiter dans la Terre de sainteté, comme il est écrit : « Vous déposséderez tous les habitants du Pays devant vous » [Nombres 33, 52], « Vous hériterez du Pays et vous y habiterez » [Ibid., 53], « Car je vous ai donné le Pays pour en hériter » [Ibid.], nous allons ici évoquer cette mitsva.
Même si nous n’avions pas trouvé un de nos Maîtres pour la compter comme une mitsva positive, nous l’aurions considérée ainsi, car nous savons à quel point nos Sages ont poussé son éloge dans le Talmud, dans les midrachim et dans les écrits des décisionnaires. Ceci dit, il convient de donner un sens intelligible à cette grande question. Quiconque a une compréhension véritable de ces choses verra que la glorification de notre nation va à la situation où elle réside sur sa Terre, et il est aisé de voir les conséquences grandioses de cette réalisation.
Et de fait, si l’on considère l’état de notre religion, même si jusqu’à présent nous arrivons encore à la maintenir tout en habitant aux quatre coins de la terre, nous voyons tout de même avec un cœur douloureux qu’elle va en se dégradant. Or, ceci est imputable à la situation globale et pas seulement individuelle, car si nous étions regroupés en un seul pays, et tout particulièrement sur la Terre de nos ancêtres qui nous est consacrée, nous ne serions pas devenus négligents des lois divines et de la Thora…
En réalité, lorsque nous sommes mêlés aux nations du monde, nos fils apprennent forcément de leurs manières débridées d’agir et de penser… Et que personne ne me réponde qu’aujourd’hui notre Terre est miséreuse, qu’on ne peut pas y trouver sa subsistance, qu’il vaut mieux attendre la venue du Messie de Justice, et que ce n’est qu’alors que nous serons de nouveau animés par l’esprit divin. Ceci n’est pas un jugement fondé. Nos Sages ont déjà exprimé le principe général « À celui qui vient pour se purifier, on prête assistance » [Traité Chabbat 104a], et c’est vrai tout particulièrement pour une mitsva qui nous est aussi chère.
Et malgré ma petitesse, à force de désirer Erets-Israël j’ai obtenu de la Bonté suprême de pouvoir y monter, et la parcourant j’ai vu que « ce pays est bon, il est excellent ! » [Nombres 14, 7]. Il suffit que l’homme y monte avec un cœur généreux et empli de désir pour que le Saint-Béni-Soit-Il mette à sa disposition ce qu’il lui faut pour vivre. On sait aussi qu’il faut un ‘réveil d’en-bas’ [2], comme c’est écrit dans le Zohar – sans qu’il y ait besoin de s’étendre là-dessus, car en vérité la chose est facile à comprendre.
[Extrait du livre ‘Choméa Yossef’]
[1] « Et pour que vos jours se prolongent sur la Terre que l’Éternel a juré à vos pères de donner à eux et à leur descendance, terre où ruisselle le lait et le miel » [Deutéronome 11, 9].
[2] La Kabbale nous apprend qu’il y a une séparation entre les ‘mondes d’en-haut’, qui sont le domaine du divin, et les ‘mondes d’en-bas’, qui sont le domaine de l’homme ; et le réveil des mondes d’en-bas influence les mondes d’en-haut.