7. Le mouvement sioniste et la Thora.  

La vérité est que le sionisme n’est pas Hiloni. Et pourtant, il fut décidé au Congrès Sioniste que “le sionisme n’a rien en commun avec la religion” ! Mais le Rav Kook écrivit aussitôt aux membres du mouvement Mizrahi, pour leur intimer de crier leur opposition catégorique à cette phrase, car en réalité le sionisme tire sa substance de la religion sans le dire : “Je me trouve obligé de faire une introduction générale, que je rappelle à chaque fois que j’ai l’occasion de parler du Mizrahi et de sa nature : il y a une règle que, d’après moi, il doit impérativement graver sur son drapeau, car elle seule révélera la lumière de son âme profonde, libérée de la dissimulation qu’on voudrait lui imposer. Cette règle est la suivante : le Mizrahi déclare officiellement que malgré la confiance qu’il montre toujours envers le Sionisme Général, du fait de son partenariat avec lui dans la pensée nationale et dans la réalisation concrète de ses aspirations, il combat cependant ce paragraphe unique de la charte du sionisme votée par le Premier Congrès Sioniste, qui stipule que ‘le sionisme n’a rien en commun avec la religion’” [Igrot Haréaïa (II) p. 134] (…).

« Le Sionisme Général ne peut en aucun cas parler au nom de la nation dans son ensemble aux termes de sa charte. Le paragraphe ‘le sionisme n’a rien en commun avec la religion’ est à l’exact opposé de ce que toute la nation a toujours pensé, imaginé, espéré et transmis dans toutes les générations ; à l’exact opposé de la noble espérance que les penseurs les plus pertinents d’Israël et des nations projettent sur l’avenir d’Israël dans le monde. L’ensemble de la nation, avec toute sa grandeur et sa force spirituelle, avec toute la fierté de son âme, ne pourra en aucune manière être réduite à l’étroit carré du rêve du Dr Herzl (malgré toute sa beauté et sa force relatives). Le sionisme de l’action, de la pensée, de la politique, de la diplomatie, dans toutes ses branches réunies, telles qu’elles ont été mises à l’œuvre jusqu’aujourd’hui, porte en lui des objectifs de la plus haute importance que nous sommes appelés, depuis profondeurs de notre être en tant qu’Israël, à soutenir de toutes nos forces, matérielles et spirituelles. Mais tout cela mis ensemble ne constitue que le corps du sionisme, et nous sommes appelés à insuffler son âme sans attendre à ce corps bien bâti, afin qu’il soit vraiment fidèle à son nom et qu’il acquière immédiatement, et pour les générations, cette puissante force d’attraction capable d’amener à lui toute la nation, des plus grands aux plus petits venant de tous les différents partis, couches du peuple, factions et dispersions les plus diverses, [capable] de transmettre au monde cette idée que la source du sionisme est la source suprême de la sainteté, la Bible, donnée à [Israël] dans toute la profondeur et la splendeur de sa tradition.

Le simple écho de la plainte d’un peuple détesté du monde, qui demande un refuge pour s’abriter de ses persécuteurs, ne peut à lui seul redonner la vie à ce mouvement mondial ; mais une nation sainte, trésor secret des peuples, [le pourra] : Yéhouda le jeune lion qui se réveille de sa longue torpeur et revient à son héritage, à ‘l’orgueil de Yaacov [le Temple de Jérusalem], l’aimé de Dieu’ [Psaumes 47 5] . Or cette âme ne pourra jamais être insufflée au Mouvement tant que sera imprimé sur son front ce signe de Caïn, que ‘le sionisme n’a rien en commun avec la religion’.

C’est pourquoi le Mizrahi doit reconnaître avec fierté la grandeur de sa mission… Le Mizrahi doit réclamer avec constance que ce paragraphe déshonorant soit effacé de sa charte, et qu’on écrive à sa place que ‘le fondement du sionisme est la résurrection de la nation par sa Thora sur sa terre’, dans toute la grandeur et la portée de cette formulation” [Igrot Haréaïa (II) p. 208].