7. La force de la littérature

En effet, quelle est la force qui engendre à l’intérieur de la génération tous les changements draconiens dont nous souffrons tellement, sinon la littérature ? La littérature a été cause du rejet de la religion. Bien sûr, ce rejet ne fut pas initié par la littérature, mais par les nouvelles âmes qui apparurent dans le monde, par les bouleversements et le mouvement global de la pensée. Les gens commencèrent de réfléchir et de demander des comptes sur tous les trésors de morale et de spiritualité qui jusque là leur avaient été transmis. Mais le véhicule de tous ces changements fut la littérature. L’écriture !

La masse des gens commença de lire des livres, et la providence divine fit advenir la découverte de l’imprimerie, qui abaissa le prix des livres de façon prodigieuse. Les gens s’intéressèrent à la littérature, ils devinrent curieux et ils lurent beaucoup de livres, au point que les livres firent des révolutions.

Certains disent que tout est changé aujourd’hui avec les médias audiovisuels, mais c’est faux. Aujourd’hui aussi, le livre garde son pouvoir. La radio, la télévision et les journaux ne suscitent pas de changements profonds chez l’homme, ils ne provoquent que des ébranlements passagers. Seul un journal sérieux, qui publie quotidiennement des articles de fond, peut changer un homme.

Par exemple, Karl Marx habitait à Londres, et il écrivit un livre intitulé ‘Le Capital’. Ce livre changea la vision du monde de millions de personnes, et il fut à l’origine de la création d’états entiers. L’influence de la littérature peut aller dans le bon sens et dans le moins bon. Hitler lui aussi, maudit soit son nom, écrivit un livre du nom de ‘Mein Kampf’ – ‘Mon Combat’ –  qui laboura le cerveau des Allemands. S’il en est ainsi, la littérature garde son pouvoir jusqu’aujourd’hui. Le Rav notre maître écrivit de nombreuses fois que nous devons maîtriser l’arme de la modernité, à savoir : l’écriture !

Et puisque la littérature a une telle influence sur la génération, il est évident qu’elle n’agit que par la force de pensée qui est en elle, – la littérature agit essentiellement par le contenu signifiant de ses propos. Bien sûr, elle a aussi une forme, un style qui soulèvent l’enthousiasme et excitent la sensibilité et, de même que la nourriture, si elle n’est pas appétissante on ne la mange pas ! Il n’en reste pas moins que les aliments ne nourrissent pas le corps par leur aspect, mais par leur valeur nutritive et par leurs vitamines. – bien que s’y trouvent aussi accumulés beaucoup de bavardages, et des paroles qui ne font que séduire et enflammer, il existe un type de littérature qui ne vaut que par le style et l’émotion, et non par le contenu. Il y a là une sorte d’aptitude à fasciner les gens en l’absence de contenu signifiant. Mais quoi qu’il en soit, si la littérature n’avait pasdans l’ensemble un fondement idéologique, elle ne pourrait pas se maintenir ni avoir autant d’emprise sur les cœurs, pour y semer systématiquement la destruction et la ruine. Il y a dans la littérature beaucoup de sentiments, mais ce n’est pas cela le composant qui lui donne sa force. Sa force se trouve dans les idées qu’elle contient, qui emportent la conviction des gens, c’est ainsi qu’elle prend sa place dans les cœurs.

Après avoir montré dans un premier temps que le manque de profondeur de la génération n’était pas dû à des penchants pervers, puisqu’on trouve chez elle du dévouement pour différents idéaux, et une montée en puissance de la connaissance et de la pensée, le Rav notre maître apporte une preuve supplémentaire de la proéminence de cette génération avec la littérature : c’est une génération qui lit.