6. De la promesse à la réalisation de la techouva


La Thora nous a promis que le peuple d’Israël fera techouva :

Et tu reviendras jusqu’à l’Éternel ton Dieu…  [Deutéronome 30, 1-10]

On dira peut–être : “Pourquoi devons-nous faire des efforts pour corriger notre conduite, puisque d’une manière ou d’une autre nous sommes destinés à faire techouva ? Le Saint-Béni-Soit-Il nous l’a promis et sa parole est toujours tenue !”. En effet, il ne fait aucun doute que le peuple d’Israël fera techouva au bout du compte. Mais la Thora n’a pas écrit quand cela se produirait, ni de quelle manière. Nous ne pouvons pas savoir combien de temps ni combien de souffrances nous devrons endurer jusque là. Cela dépend de nous, car la promesse divine de la techouva se réalisera aussi par nous-mêmes, grâce à nos propres efforts. Il n’y a aucune contradiction entre la promesse divine et la nécessité de l’action humaine : la promesse divine est tenue et se réalise concrètement par l’action des hommes. Précisément, puisqu’il y a une promesse que cela se réalisera, alors faisons-le, et nous sommes assurés qu’il y a une fin à nos efforts, que nous ne nous fatiguerons pas en vain !

On retrouve cette incompréhension du rapport entre la promesse et la réalisation à propos de l’héritage de la Terre d’Israël. Certains pensent par erreur que puisque Dieu s’est engagé par serment envers nos pères à nous donner la terre en héritage, nous n’avons qu’à nous résider en exil en attendant que le Saint-Béni-Soit-Il tienne sa promesse, car il est certain que ses paroles se réaliseront. Au contraire, disent-ils, celui qui prend l’initiative de monter en Terre Israël pour en prendre possession et pour l’habiter est un rebelle, il témoigne contre lui-même qu’il ne croit pas en la promesse divine !

Mais qu’y peut-on ? Dans le verset-même où la Thora dit que Dieu a juré à nos pères de nous donner la Terre, on trouve le commandement :

Venez prendre possession de la terre que l’Éternel a juré à vos pères, Abraham, Isaac et Jacob, de leur donner, et à leur postérité après eux .  [Deutéronome 1, 8]

C’est-à-dire que la tâche nous est assignée d’aller en hériter. C’est parce que Dieu s’est engagé par serment à nous donner la terre que nous avons l’obligation d’en prendre possession. S’il n’y avait pas ce serment et cette promesse, nos efforts ne serviraient à rien. Mais puisque la promesse existe, mettons-nous à l’œuvre et la réussite nous est assurée.

Il en est de même pour la techouva. Dieu nous a promis que nous ferons techouva. Le sens de cette promesse est que Dieu nous garantit que la techouva est possible, qu’elle fait partie du fondement du monde, et que le monde arrivera jusqu’à sa destination finale. Mais ceci adviendra par nos soins. Le monde est construit “à monter soi-même”, il est fait pour être amené à sa complétion par nos actions, et nous avons la capacité de le faire. S’il en est ainsi, si cette promesse existe, alors nous nous mettons à l’œuvre et nous avons l’assurance que notre travail ne sera pas vain, que nous ne piétinons pas sur place. Nous sommes certains que nos efforts finiront par réussir. Et même si nous échouons une fois, deux fois, ou même trois, nous ne renoncerons pas à essayer encore et encore, car telle est la nature intime du monde. C’est ainsi que la réalité et l’Histoire vont de l’avant. La lumière divine, qui vient d’en-haut pour nous éclairer ici-bas, nous pousse constamment à progresser. Nous n’avons pas en nous qu’un potentiel de développement physique, mais aussi des forces qui nous poussent à l’approfondissement spirituel. C’est cela la force de la techouva, la force qui construit le monde et qui lui donne son sens.


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