Et c’est dans la maison de Pharaon, roi d’Égypte, que grandit le dirigeant du peuple d’Israël, Moché notre maître. Qu’est-ce qui le caractérise comme dirigeant ? Après qu’il a grandi et que sa personnalité s’est affirmée, Moché notre maître sort vers ses frères :
Il vit ❝dans❞ leurs souffrances.
Exode 2, 11.
Ce n’est pas un regard de côté, au contraire :
Il mit ses yeux et son cœur pour partager leur peine.
Rachi sur place.
Et quand il voit un homme égyptien frapper un homme hébreu de ses frères, il frappe et tue l’Égyptien, sans faire de calculs égoïstes. Moché, le fils adoptif de la maison de Pharaon, est l’héritier présomptif de Pharaon, appelé à devenir le roi d’Égypte, pratiquement le maître du monde entier [voir Chemot Rabba 1, 26]. Mais il ne pense pas à l’avancement de sa situation personnelle, il fait don de sa vie à Israël.
À la source de sa capacité de dirigeant, il y a la conscience et le ressenti de la fraternité de base. Nos Sages nous ont expliqué à l’opposé ce que signifie le mauvais leadership :
Soyez vigilants avec l’autorité, car elle ne fait monter un homme que dans son propre intérêt ; ils ont l’air amicaux quand ils en profitent, mais ils ne le soutiennent pas quand il est en difficulté.
Avot 2, 3.
La direction despotique n’agit pas pour le peuple, ni en sa faveur, mais pour ses propres intérêts, pour le pouvoir que lui donne la gouvernance. Sa finalité n’est pas le peuple, mais la présidence. À l’opposé, le vrai leadership consiste à négliger son intérêt personnel et à consacrer sa vie au public. Le dirigeant est au service de la collectivité. C’est lui qui sert le public, et non le public qui sert son avancement personnel. Partant d’un sentiment de responsabilité et d’une motivation profonde, il vient servir Dieu et Israël son peuple.
Je vous donne le pouvoir ? C’est une servitude que je vous donne.
Yalkout Chimoni, Melakhim I, 12.