Question :
Le Saint-Béni-Soit-Il nous dit de monter en Israël, mais il y a des gens non religieux ?
Réponse :
Après que le prophète s’est exprimé ainsi au nom du Saint-Béni-Soit-Il, nous n’avons pas à faire les difficiles en disant que ceux qui construisent le pays ne nous conviennent pas, et que nous ne voulons pas nous joindre à eux parce qu’ils transgressent la volonté divine. Sache que c’est le Satan qui aveugle nos yeux, pour s’opposer à ce que nous travaillions à cette construction d’un commun accord, ou d’être généralement très nombreux à faire la mitsva, car c’est différent que quelques-uns fassent la mitsva, ou qu’un grand nombre fasse la mitsva. Nous devons faire notre travail, ne pas faiblir à la tâche, et nous associer avec tous ses constructeurs, et le Saint-Béni-Soit-Il fera sa part… Et celui qui se relâche tombera sous le coup du grand châtiment… Ceci est la cause de tous les malheurs qui nous atteignent à présent, parce que nous sommes détournés de la terre d’Israël que l’Éternel-Dieu ne quitte jamais des yeux. Et nous avons en plus couvert de mépris et d’infamie ceux qui la construisent ! Et tant que nous ne changerons pas d’avis, nos malheurs s’amplifieront encore, à Dieu ne plaise ! [Em Habanim Semeha p.144].
En fait, dans les dernières dizaines d’années, si la construction du pays avait été davantage avancée, par la participation et le soutien de l’ensemble d’Israël, le pays serait déjà construit et développé pour que s’y réunisse une grande partie des habitants de l’exil, de sorte qu’une grande partie de nos frères juifs qui ont été tués pendant cette période auraient été sauvés, parce qu’ils auraient déjà été en terre d’Israël. Et maintenant, à qui revient la responsabilité de ce sang juif répandu ? Ce sont à mon avis tous ces dirigeants qui ont empêché Israël d’aller se joindre aux constructeurs, qui ne pourront pas se disculper en disant : “Nos mains n’ont pas répandu ce sang”. [Em Habanim Semeha p.18]
Question :
N’est-il pas interdit de se joindre à des renégats pour faire une mitsva ?
Réponse :
Nous avons le devoir d’accomplir la mitsva d’habiter la terre d’Israël. Ce ne sont pas les renégats qui ont inventé cette mitsva, et nous ne pouvons pas nous dérober à notre obligation sous prétexte que des renégats participent à sa réalisation. C’est comme un malade qui a besoin d’aide : son ami vient pour l’aider, et il voit un antireligieux qui est venu lui aussi pour le secourir. Va-t-il pour autant le laisser tomber ? C’est une mitsva qui lui incombe, et comment en serait-il délié simplement parce qu’un renégat est associé à la mitsva ?
Certes, si un renégat prend l’initiative de faire une mitsva qui ne me concerne pas, je n’ai pas besoin de m’associer à lui, mais si c’est une mitsva qui m’oblige également, comment pourrais-je en être délié seulement parce que des renégats y participent ? Quant à l’enseignement : “Ne te lie pas avec un méchant” [Pirké Avot 1, 7], il est dit dans Avot déRabbi Nathan [9, 4] qu’il s’agit de l’étude de la Thora : il ne faut pas étudier la Thora avec quelqu’un qui l’étudie par curiosité intellectuelle, sans intention de s’en rapprocher et d’en appliquer les préceptes. Mais pour la réalisation d’une mitsva on s’associe. C’est ce qu’écrit Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin [Peri Tsadik, Vayikra, ‘Amla chel Thora’, p.221].
Le Natsiv dit que la seule chose qui puisse rassembler le peuple d’Israël est la participation de tous à la construction du pays d’Israël :
La barre qui verrouille les volets les tient d’une extrémité à l’autre. [Kovets Chivat Sion p.321]
On ne parle pas ici d’un lien personnel, mais d’une participation collective de la nation, dans le but de construire le pays d’Israël. C’est comme une usine dans laquelle chacun travaille à sa place sans avoir à rencontrer l’autre : tous participent à la production, et le produit fini est le résultat de leurs efforts communs. Dans la construction du pays aussi, chacun travaille à sa place. Cela n’empêche pas de s’aimer. Chacun doit aider son prochain, et il doit y avoir de bonnes relations entre tous. Pour autant il n’y a pas à se lier aux renégats dans leur manière de vivre, et dans les domaines où nous ne sommes pas d’accord avec eux. Mais nous devons coopérer ensemble à la tâche nationale d’habiter la terre.
Nous devons agir ensemble, motivés par l’amour d’Israël et non par les disputes et les divisions. Ce sont l’unité et le chalom qui sont la réparation d’Israël. On rapporte une parabole au nom du Rabbi de Tsanz : un homme a erré de nombreux jours dans le désert sans trouver le chemin de la civilisation. Il rencontre un vieillard et lui demande : est-ce que tu sais comment on sort d’ici ? Le vieillard lui répond : moi aussi, je tourne ici depuis de nombreuses années, et je ne sais pas comment on sort. Mais je te donne seulement ce conseil : ne va pas dans les chemins où j’ai été, car ils ne conduisent pas à une zone habitée. Marchons ensemble et cherchons un nouveau chemin [Em Habanim Semeha p.311].
Pendant le temps de l’exil nous étions toujours dans les disputes, les haines et les divisions. Chacun s’enfermait dans son camp et pensait que la vérité et la justice étaient entièrement de son côté. Et à quoi sommes-nous arrivés de cette façon ? Combien de communautés se sont disloquées à cause des disputes ?!
Ce que dit la Hagada de Pessah : “Que pas un seulement – s’est tenu sur nous pour nous faire disparaître” – il faut l’entendre ainsi : “Le fait que nous n’étions pas un seulement, [que nous n’étions pas unis], c’est cela qui s’est tenu sur nous pour nous démolir et pour nous faire disparaître”. Et s’il en est ainsi, arrêtons, et repartons ensemble dans une voie nouvelle.
Et que le lecteur ne s’étonne pas en disant : “Comment peut-on mettre ensemble dans une même communauté tous les extrêmes qu’on trouve dans le peuple d’Israël ?”. Je répondrai ceci : au temps de Mordechaï, les Juifs étaient-ils tous d’accord ? Il y avait des opinions différentes et il y avait beaucoup d’assimilés, et malgré cela tous les Juifs s’unirent comme il est dit : “Va réunir tous les Juifs” [Esther 4, 16]. Et le fait qu’ils s’unissent a été le début de la chute d’Haman. Notre unité fait tomber nos ennemis.
Essayons pour une fois d’appliquer telles quelles les paroles de nos Sages, qui ont enseigné d’innombrables fois que tout notre espoir ne tient qu’à notre union complète, sans séparation… Nous verrons alors la vérité de leurs paroles… Nous devons verrouiller l’unité de la nation sainte d’une extrémité à l’autre, et cette barre de verrouillage, qui nous maintiendra d’une extrémité à l’autre, ne peut être que la tâche d’habitation de notre terre sainte. [Em Habanim Semeha p.18]
C’est une chose que nous pouvons faire ensemble. La construction du pays n’est donc pas seulement le sauvetage de la nation, ce n’est pas seulement l’adhésion à Dieu, mais c’est la possibilité pour le peuple d’Israël d’être ‘ensemble’.