2.3. Une annulation qui mène à la liberté

À Roch Hachana, l’homme s’annule. Il n’a plus rien à lui. Il est un esclave de l’Éternel. L’homme dira peut-être : “J’aime le Saint-Béni-Soit-Il, mais je me suis perdu moi-même, n’est-ce pas pour moi un appauvrissement ?” – Absolument pas. Au contraire. Plus l’homme est ‘esclave’ du Saint-Béni-Soit-Il, plus il est un homme libre. 

La parole de Dieu était “gravée sur les tables” – ne lis pas ‘gravée’ [‘harout] mais ‘liberté’ [‘hérout].  [Michna Pirké Avot 6, 2]

Le Maître du monde est plus ‘Je’ que je ne suis ‘Je’ par moi-même. Plus un homme s’annule par rapport au Maître du monde et laisse la voix divine, qui proclame “Dieu existe”, effacer certains traits de sa personnalité, plus il est près de rencontrer son ‘Je’ véritable. 

Il y a trois apparitions du mot ‘chofar’ dans la Thora, et de chacune d’elles on apprend pour les deux autres, bien qu’il ne s’agisse pas du même chofar. Ainsi, le chofar de Roch Hachana est mis en parallèle avec le chofar du Jubilé, bien que le chofar de Roch Hachana soit courbé et symbolise la soumission, alors que le chofar du Jubilé est droit – car au Jubilé les esclaves sont libérés, et il symbolise donc la liberté [Roch Hachana 26b ; 32b ; 34a]. Mais en vérité tout revient au même : à Roch Hachana aussi, l’homme qui se soumet à la voix divine se libère de la bassesse servile qui l’opprime ; et le Jubilé est le temps du discernement, car seule une grande faculté de compréhension permet à l’homme d’être vraiment libre. La voix du chofar n’efface pas le ‘Je’ essentiel, pur et authentique, mais il efface les scories de la personnalité.


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