10. Inscris ta volonté dans la sienne

Dans le judaïsme, on exige que l’homme soit entier avec Dieu, comme il est écrit : “Tu seras intègre avec l’Éternel ton Dieu” [Deutéronome 18, 13]. Pas avec toi-même ! La notion ‘d’être entier avec soi-même’ est au fond un concept d’incroyance, coupé en quelque sorte du Nom divin. En fait, nous devons montrer à l’homme en recherche que ‘lui-même’, c’est ici, dans la Thora ! Et plus que cela : la connexion de l’homme avec lui-même par la Thora est bien plus élevée que toute connexion qu’on puisse trouver ailleurs.

Dans Orot Hakodech [III, p. 46], le Rav notre maître écrit : “La finalité de l’homme est de s’élever jusqu’à la connaissance de ce qu’il veut, jusqu’à la prise de conscience de lui-même, jusqu’à la conception suprême que le bonheur est dans la fusion de sa volonté avec celle de son Créateur…”. Pourquoi renoncerait-il à sa volonté propre pour faire celle de Dieu ? – Parce que “…sa [vraie] volonté n’est autre que celle de son Créateur…”. C’est pourquoi nous ne lui demandons pas de briser sa volonté pour faire la volonté de Dieu. “…Et plus cette prise de conscience est pénétrante, plus elle met en œuvre ce qu’il est” [Ibid.]. Plus tu comprendras, et plus tu agiras. Si tu étudies en profondeur, tu verras que ta volonté est une annexe et un bourgeon de la volonté divine. Plus que cela : tu verras que la volonté de Dieu est dix fois comme la tienne, et que par conséquent, en réalisant la volonté de Dieu, ta personnalité sera dix fois grandie. Tu pensais que la soumission à Dieu brise la personnalité ? Au contraire, elle la renforce ! Tous les humbles qui ont annulé leur volonté devant Dieu ne sont pas des faibles de caractère, mais ils sont au contraire armés de la force divine : “Le Saint-Béni-Soit-Il dit à Israël : J’ai le désir de vous, car même lorsque Je vous donne de la grandeur vous vous diminuez devant Moi. J’ai donné de la grandeur à Abraham, et il a dit devant Moi : ‘Je suis poussière et cendre’ [Genèse 18, 27] ; – à Moché et Aharon, et ils ont dit : ‘Que sommes-nous ?’ [Exode 16, 7] ; – à David et il a dit : ‘Je suis un ver et non un homme’ [Psaumes 22, 60]” [Houlin 89a].

Mais il ne suffit pas de dire à la Génération : “Calme-toi et fais la volonté de Dieu, car ta volonté n’est autre que la volonté de Dieu !”. Comment cela pourrait-il suffire pour convaincre une génération entière ? – Non, ce n’est que l’entrée en matière, maintenant, il faut passer au ‘combat en zone urbaine’, pour clarifier les choses et expliquer comment la Thora est la volonté de Dieu, comment la morale est la volonté de Dieu, et comment les grands idéaux sont la volonté de Dieu

Ne la dépouillons pas [la Génération] de toute la lumière et de tout le bien, ni de tout l’éclat et la force qu’elle a acquis. Cette génération a déjà compris beaucoup de choses importantes et elle s’en est convaincue ; c’est toute “la bonté, la droiture, la justice et la compassion” dont le Rav notre maître a parlé plus haut. Bien sûr, dans toute société il y a des franges marginales où ces vertus sont inexistantes. Mais nous parlons de la Génération dans son ensemble.

Mais au contraire, amplifions-les, faisons briller sur eux une lumière de vie, une lumière de vérité, qui afflue de la source de l’âme d’Israël. Nos fils la regarderont, et ils accourront. La Thora n’est pas obscure, elle est lumineuse, en elle se trouve toute la lumière, c’est pourquoi nous devons apporter toujours plus de lumière à la Génération.

Un jour, notre maître le Rav Tsvi Yéhouda croisait sur un bateau italien à destination d’Israël, et il sympathisa avec des matelots italiens sur le pont. Les matelots, qui étaient des socialistes/communistes athées, virent qu’il portait des téfilines. Ils lui dirent : “Quoi ? Un homme instruit comme vous s’occupe de bêtises de ce genre ?” – Notre maître leur répondit : “Je vois que vous êtes très opposés à la religion. Vous êtes jeunes, je suis sûr que vous n’avez pas étudié les religions, ni comparé les religions. Vous détestez la religion parce que vous avez vu que dans tous les pays, le pouvoir politique et la religion se sont donné la main pour opprimer les masses, que la religion a fourni une justification idéologique pour appauvrir le peuple”. Les matelots lui dirent : “C’est exact”. Le Rav continua : “Mais la Thora n’est pas comme cela. La Thora défend les pauvres et non les riches. Il y a plus de justice dans la Thora que dans tout le socialisme et le communisme”. Les matelots lui dirent : “Vous avez raison, en vérité nous avons remarqué que les rabbins ne sont pas aussi gras que les curés…”.