Un enseignement pour la génération


Le Rav Tsvi Yéhouda et le Rav Tao sur le terrain


Par Menahem Brégégère


1 – L’intelligence est-elle un handicap ?

Nous vivons une époque où l’essor des connaissances scientifiques et techniques s’est largement accompagné d’un éloignement ou d’un rejet de la religion.

Et pourtant, n’est-ce pas une chose naturelle et conforme au projet divin que l’intelligence et les connaissances mettent le monde dans la main de l’homme ? Le Rambam lui-même considère l’intelligence comme “l’image de Dieu” selon laquelle l’homme fut créé ! Alors pourquoi cette répulsion paradoxale entre l’intellectuel et le spirituel, et ce dénigrement réciproque entre religieux et scientifiques,  les premiers se voyant traiter d’arriérés et les seconds d’imposteurs ? Le peuple juif devrait se sentir le premier concerné par cette question, étant à la fois le “peuple de prêtres” proclamé par la Thora, et le “peuple des Prix Nobel” reconnu par le monde !

Le Rav Kook, premier Grand-Rabbin du Yichouv, se posa cette question à l’aube du vingtième siècle, alors que le mouvement de retour du peuple juif en Terre d’Israël commençait à peine de prendre une tournure nationale. Le Rav Kook était un génie de la Thora, d’héritage à la fois hassidique et lituanien, c’était un religieux et un orthodoxe autant qu’on pouvait l’être ! Et il était bouleversé par la dérive spirituelle de nos générations, apparue avec la philosophie des Lumières, et par le rejet de la tradition religieuse par le public moderne, jugé sévèrement pour cette raison par l’orthodoxie bien-pensante.

Et la conclusion du Rav Kook, ô surprise, est nette et sans appel : cette génération manifestement fautive ne doit pas être méprisée, mais au contraire elle doit être reconnue comme spirituellement supérieure, lésée de n’avoir pas reçu un enseignement de Thora à la hauteur de ses besoins !

Bien-entendu, ceci mérite quelques explications.

2 – L’écartèlement de l’exil

Tant que le peuple juif est en exil, la mise en œuvre de ses aptitudes collectives se trouve empêchée par la dispersion et l’immersion en milieu étranger. Par exemple, la gestion de l’état et de l’économie ne peut être régie par une politique juive, puisque les orientations nationales sont déterminées dans les pays d’accueil selon des critères étrangers à la Thora. Dans le meilleur des cas, les activités juives ne peuvent s’exercer que dans le cadre communautaire.

Dans ces conditions, le domaine du Saint (celui  de la spiritualité tournée vers Dieu) ne peut que s’opposer radicalement au domaine de la vie profane : on ne peut être en même temps un homme de Dieu voué à la pureté, et s’investir profondément dans la société civile marquée par l’impureté ; on ne peut pas s’élever dans l’étude et la prière, et tremper en même temps dans des affaires louches et une culture dépravée.

Notons d’ailleurs que tel est le dogme officiel du christianisme, religion dominante dans les pays de l’exil, selon la maxime : “Rends à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu”. Autrement dit : si tu veux sauver ton âme, méprise le monde matériel, car c’est un lieu de perdition spirituelle où  tu ne peux que t’enliser dans l’impureté ; seule la foi dans la grâce divine peut te sauver de ta condition d’être de chair.

Le judaïsme est à l’opposé de ce pessimisme, il ne baisse pas les bras devant les rugosités du monde matériel : monothéisme par excellence, il proclame l’unité profonde du monde créé, conséquence de l’unité du Créateur. César n’est que le dépositaire de ce qui est à Dieu, et la coupure entre le Saint et le Profane n’est qu’un attribut de l’existence matérielle à l’état brut, qu’il appartient à l’homme de réparer pour amener le monde à son accomplissement selon la volonté du Créateur. C’est pourquoi le judaïsme exige de l’homme des efforts concrets pour agir sur le monde de manière morale. Ceci est la raison d’être des mitsvot et la responsabilité particulière du peuple juif, qui dispose à la fois des capacités naturelles (son ‘élection’, généralement mal comprise) et du cadre législatif (la Thora) pour mener à bien cette mission universaliste.

Cette aptitude et cette responsabilité sont effectives  à deux niveaux : d’un côté celui de la morale individuelle, image de marque de l’homme juif, et de l’autre celui de l’alliance collective qui relie à Dieu le peuple juif. On pourrait dire : d’un côté le domaine proprement religieux, et de l’autre celui de la construction historique. Et le tout dans un but unique : amener les nations à reconnaître la Royauté du Créateur et mettre en œuvre le projet divin dans sa complétude.

3 – La nécessité de la fin de l’exil

C’est précisément cette mission du peuple juif qui ne peut être accomplie quand il se trouve en exil. En effet, si l’individu continue de disposer de son libre arbitre pour s’élever individuellement sur le plan moral et religieux, dans sa dimension collective le peuple juif est neutralisé par la dispersion. La nation juive n’a pas de base concrète, et elle n’a donc pas d’existence réelle dans ce monde. C’est dans ces conditions que la Thora de l’exil permit la survie de l’âme juive, grâce à l’étude, à la pratique des mitsvot et au perfectionnement des vertus individuelles à l’intérieur des communautés dispersées. Dans un environnement hostile, elle permit le maintien d’une relation privilégiée des individus avec la Divinité dans une communion spirituelle, que les persécutions ne firent qu’accentuer.

Mais le projet national, visant à faire avancer l’humanité vers l’avenir promis par les prophètes, était complètement neutralisé par l’exil, bien que cette capacité essentielle restât sous-jacente dans l’être profond du peuple juif. Il devenait alors difficile de distinguer le judaïsme d’une simple religion. Cette situation était fondamentalement anormale, elle était le résultat de la destruction du Royaume d’Israël et du bannissement de l’exil.

Beaucoup de Juifs, dans ces conditions, cédèrent à leur désir profond de faire avancer la condition universelle de l’humanité. Mais ce n’était possible que par le biais de l’intégration à un système étranger à la Thora et à la tradition juive, ce qui les amenait inévitablement à l’intégration dans une culture étrangère et à l’assimilation.

Cette tentation de s’intégrer dans l’effort commun ne fit que grandir avec les progrès scientifiques et techniques, qui mettaient de nouveaux moyens à la disposition de l’homme. Elle devint quasiment irrésistible quand la Révolution Française mit fin au pouvoir de l’aristocratie et de l’Église, et libéra les Juifs de leur statut d’indignité en France et à travers toute l’Europe, où elle exporta les valeurs et les institutions démocratiques. Les moyens d’agir étant maintenant à leur portée, les Juifs s’investirent massivement pour le bien universel, et ils réussirent d’une manière spectaculaire dans toute l’Europe occidentale, dans tous les domaines : économique, scientifique, politique, artistique, financier etc.

Cependant, le progrès mondial devait-il se faire au prix de l’assimilation généralisée des Juifs ?

Cette incompatibilité entre la fidélité à l’alliance divine et la mise de l’intelligence juive au service de l’humanité, entre l’élévation spirituelle et la vie sociale, mettait les Juifs écartelés de l’exil dans un état de souffrance permanente et menaçait leur identité. Simultanément, elle devenait insupportable même pour les nations, chez qui l’image du Juif qui s’intègre à la société civile et y réussit tout en en masquant son identité spécifique, devenait l’objet non seulement de la jalousie, mais d’une haine profonde qui alimentait un nouvel antisémitisme. Alors que l’ancien antisémitisme chrétien se basait sur la déchéance des Juifs, celui-ci prenait naissance dans leur réussite, ressentie comme injuste et nécessairement frauduleuse, et vécue comme une menace en vertu de théories racistes ou complotistes plus ou moins délirantes.

La ‘bonne volonté’ des Juifs d’entrer dans le jeu des nations en s’immergeant dans l’universel était donc très mal récompensée, puisqu’elle conduisait à une perte d’identité à l’intérieur, et à une hostilité farouche à l’extérieur. Elle aboutissait par ailleurs à des absurdités, telles que l’engagement de patriotes juifs français et allemands les uns contre les autres pendant la Première Guerre mondiale.

4 – Le sionisme, restauration nationale juive

La solution pour les Juifs était-elle l’isolationnisme du ghetto ? Impossible, car nous savons, depuis les premiers mots de Dieu à Abraham, que la vocation du peuple juif est universaliste : “Tu seras une source de bénédiction ; Je bénirai qui te bénira et Je maudirai qui te maudira, et seront bénies par toi toutes les familles de la terre” [Genèse 12, 2-3] !

Le dépassement de l’alternative née de l’exil, entre l’assimilation et le ghetto, exigeait donc le retour de l’exil et la renaissance de la nation juive sur sa Terre ; de cela dépendait la “bénédiction de toutes les familles de la terre”, c’est-à-dire la réussite de l’histoire humaine. Le judaïsme, réduit depuis la destruction du Temple à une religion du perfectionnement personnel, devait pouvoir retrouver sa dimension de culture nationale, d’alliance active entre Dieu et son peuple dans l’Histoire, où les affaires de l’état constituent le service divin par excellence.

Ce mouvement de Retour apparut suite aux bouleversements démocratiques du 18e siècle et au “mouvement général de la pensée” dont parle le Rav Kook. Il fut amorcé à la charnière du 19e siècle par les élèves du Gaon de Vilna, et prit corps dans les années 1880 avec la Première Aliya. Quelque 30 000 Juifs religieux d’Europe Centrale arrivèrent en Terre d’Israël, poussés par la multiplication des pogroms et aidés financièrement par le mécénat occidental. À la même époque, Theodor Herzl fonda le Mouvement Sioniste, et développa une action politique et diplomatique visant pour la première fois à créer un état juif indépendant, sur des bases essentiellement laïques. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle vague de pogroms stimulèrent la Deuxième aliya à partir de 1904. Contrairement à leurs prédécesseurs, ces nouveaux immigrants étaient pour la plupart nourris d’idéologie socialiste, réfractaires à l’observance religieuse mais non à la tradition biblique, à l’exemple de David Ben Gourion. Ils jetèrent les fondements des institutions nationales telles que les kibboutzim, les groupes d’autodéfense, le mouvement syndical et la ville de Tel Aviv.

C’est précisément à cette période que le Rav Kook écrivit son article sur ‘La Génération’ [Maamar Hador], où il analyse la situation du Yichouv à ses débuts et en perçoit tout le potentiel historique, alors qu’il n’y avait encore qu’une soixantaine de milliers de Juifs en Terre d’Israël, dont la plupart étaient des pionniers laïcs, convaincus de la portée historique du retour du peuple juif sur sa terre, et prêts à donner leur vie pour cette cause.

5 – Le « mouvement général de la pensée » et l’abandon de la religion

La question se posait évidemment de savoir comment cette base laïque, le plus souvent antireligieuse, pouvait être le début d’un processus où la Thora retrouverait dans le nouvel état juif sa dimension de culture nationale et d’alliance active entre Dieu et son peuple.

Le Rav Kook analyse la situation du Yichouv et du peuple juif dans le cadre plus général du « mouvement général de la pensée ». De  quoi s’agit-il ? Avec la philosophie des Lumières, une révolution s’était faite dans les esprits. Après des siècles d’obscurantisme, l’intelligence avait pris le pouvoir. Le développement des connaissances scientifiques et techniques aidant, ce n’était plus seulement une élite éclairée, mais aussi les masses qui se mettaient à penser et à réfléchir. Les gens ne se contentaient plus d’accepter sans discuter ce qu’on voulait leur faire croire, mais ils demandaient des comptes sur tout. Sur le plan politique, cela donna la Révolution Française, dont l’influence se répandit dans toute l’Europe. Non seulement les Églises furent écartées du pouvoir, mais la tradition religieuse elle-même fut remise en question. C’est ainsi que d’abord les penseurs et les écrivains, puis les masses de moins en moins soumises, s’engagèrent dans la voie d’une ‘libre pensée’ tournant le dos à la religion.

Les Juifs ne restèrent pas en marge du phénomène, mais ils y participèrent au contraire avec enthousiasme, exprimant leur reconnaissance vis-à-vis de la laïcité démocratique, qui les avait délivrés de l’indignité officielle dont ils avaient été frappés par l’Ancien Régime. Ils étaient impatients de ‘renvoyer l’ascenseur’ en mettant leur intelligence au service du bien public. C’est ainsi qu’il y eut un important mouvement d’intégration dans les sociétés civiles, générateur d’ambiguïtés identitaires et d’antisémitisme. C’est dans ce contexte de crise que le sionisme se développa comme une solution au problème juif dans les communautés confrontées aux défis de la modernité, prises en tenailles entre les dangers des persécutions et de l’assimilation, et mises au défi par l’essor de l’intelligence humaine.

La modernité était-elle donc un mal ? Le Rav Kook dresse un tableau accablant du rejet de la Thora par les générations montantes, mais il s’oppose catégoriquement au jugement négatif de ces générations par l’orthodoxie classique. Comme nous l’avons vu, la libération de l’intelligence ne peut être un mal en soi, et le Rav montre que ce phénomène ne s’accompagne nullement d’une déchéance morale de la génération, prenant pour preuve son idéalisme et son dévouement, allant jusqu’au don de soi pour le bien collectif. Certes, ces Juifs faisaient de mauvais choix en délaissant la Thora et en reprenant à leur compte des idéologies étrangères, mais puisque les pionniers communistes de la Chomer Hatsaïr étaient prêts à donner leur vie pour l’amour du peuple d’Israël et de la Terre d’Israël, il était impossible de les considérer comme des voyous motivés par l’intérêt personnel !

Cette génération s’éloigna de la Thora, non parce qu’elle était “mauvaise”, esclave de son penchant au mal, mais au contraire parce qu’elle était capable de tout remettre en question dans une exigence de vérité éclairée par les connaissances nouvelles et les réflexions philosophiques. Face à ces nouveautés, l’enseignement de Thora qui lui était proposé ne lui offrait que des réprimandes morales au premier degré qui ne l’atteignaient guère, et aucune considération pour son aspiration à la grandeur retrouvée du peuple d’Israël sur sa Terre. Comment ne pas comprendre que cet enseignement étriqué poussa ces jeunes braves à chercher ailleurs leurs sources d’inspiration ? Dans la situation nouvelle, la Thora qu’on leur proposait n’était pas à la hauteur de leurs exigences.

6 – Une Thora pour la génération

Cette génération ne peut se satisfaire d’une Thora qui oppose le Saint et le Profane, comme le faisait par nécessité la religion de l’exil, parce qu’on ne pouvait alors s’investir dans la vie sociale sans s’assimiler aux nations, et que les ‘quatre coudées de la halakha’ étaient le seul point d’ancrage possible pour la condition juive dans ce monde.

La situation change quand le peuple juif revient sur sa Terre, et y établit son état pour y décider de son sort en toute indépendance. Alors la Thora peut et doit retrouver sa grandeur en faisant revivre le lien intrinsèque entre le Saint et le Profane dans l’unité de l’existence. Il ne s’agit nullement d’une ‘nouveauté’, mais d’un retour à la profondeur de la Thora dissimulée pendant l’exil dans l’enseignement du ‘secret’ [sod], c’est-à-dire de la Kabbale. Seule cette dimension retrouvée de la foi [émouna] peut répondre aux questions légitimes de la génération désireuse d’appliquer son intelligence à la prise en mains de son destin dans la Terre de ses ancêtres, à la construction du pays dans toute sa dimension matérielle et sociale.

Cette Thora existe, perpétuée à travers les générations par les plus grands de nos Sages. Sa mise à l’écart, par un enseignement volontairement confiné aux ‘quatre coudées de la halakha’, fut à l’origine des carences qui amenèrent les premières générations de la Délivrance à abandonner la tradition pour aller chercher son salut ailleurs.

En d’autres termes, il faut approfondir l’étude du Kouzari, du Rambam, du Maharal, de Messilat Yécharim, etc., afin de donner à cette génération les aliments spirituels dont elle a besoin. C’est ce que les rabbins de cette époque charnière n’ont pas fait, préférant la facilité de condamner une génération fautive plutôt que de reconnaître sa valeur profonde qui les remettait en question. Telle est la grave accusation portée par le Rav Kook sur l’enseignement de la Thora depuis deux siècles, et il consacra toute l’œuvre de sa vie à la réparation de cette carence. Son enseignement fut en cela tellement novateur qu’il commence seulement, un siècle plus tard, de porter véritablement ses fruits.

Aujourd’hui, la foi ne peut prendre sa vraie dimension si elle ne s’occupe pas de la valeur spirituelle de l’édification nationale et de la défense du pays. La génération doit disposer des repères spirituels adéquats pour assumer pleinement son âme juive dans la réalité de l’État d’Israël en plein développement. La participation consciente au mouvement historique qui se développe dans notre pays rend possible un lien plus étroit et plus authentique avec la Divinité, et l’enseignement de la halakha ne peut pas être laissé en marge de cette perspective ; c’est à cette condition qu’il retrouvera naturellement sa place dans le cœur de la génération.

7 – La preuve par l’Histoire

La Thora nous enjoint d’étudier l’Histoire pour la méditer, et le siècle passé nous offre déjà un certain recul pour mettre les enseignements du Rav à l’épreuve de la réalité. Il est clair que la création de l’État d’Israël a été marqué par la contradiction entre un éloignement de la Thora et des mitsvot d’un côté, et par la prégnance d’une identité hébraïque retrouvée autour du Tanakh de l’autre. La construction du nouvel état est loin de s’être faite dans la « sainteté » au sens classique et religieux du terme, bien que celle-ci n’ait jamais été absente, tant par la culture biblique du sionisme laïc que par la présence d’une minorité orthodoxe dans le Yichouv. Dans quel sens cette réalité a-t-elle évolué ? Le volet religieux a-t-il sombré dans l’arriérisme, ou bien le développement de l’État juif a-t-il catalysé son développement ?

Au plan historique, force est de constater que les chances de réussite de l’aventure sioniste étaient minimes au départ, devant le manque de moyens, l’hostilité des états environnants, et le manque de soutien international malgré la terrible épreuve de la Shoah. Le vote de l’ONU du 29 novembre 1947 fut une surprise (pour ne pas dire un faux-pas sur lequel l’organisation internationale tenta vite de revenir par la suite), la Déclaration d’Indépendance de 1948 fut un défi pour le moins osé, lancé dans une situation militaire des plus délicates… Et malgré tout cela Israël, dans ce chemin des épreuves et des difficultés, est allé de victoire en victoire, sa puissance économique et démographique s’est construite progressivement dans la foulée de la libération des Juifs d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient, d’Union Soviétique et d’autres pays. Comment une telle réussite aurait-elle été possible sans une bénédiction du Ciel sans précédent dans l’Histoire ?

C’est un fait, l’État d’Israël est aujourd’hui au centre de l’actualité mondiale, largement admiré pour sa réussite sur tous les plans – militaire, économique, scientifique, etc. – et aussi et surtout parce qu’il ‘fait la différence’ sur le plan moral (‘l’armée la plus morale du monde’, le courage de ce peuple constamment confronté à la guerre et au terrorisme), et qu’on sent confusément dans le monde que ce caractère moral est indissociable de sa réussite matérielle impressionnante. Il est aussi puissamment détesté pour les mêmes raisons : l’antisionisme des nations à la suite de l’ONU semble bien être le symptôme d’une panique devant cette réussite d’Israël, si improbable mais annoncée depuis longtemps, ce qui leur fait craindre qu’elle ne soit qu’un commencement…

Et si l’on parle du plan spirituel, Israël est depuis déjà longtemps le haut-lieu mondial de la Thora. Certes la réalité est contrastée sur ce plan, mais il ne peut en être autrement tant que les carences religieuses dénoncées par le Rav Kook n’ont pas été réparées, et il faudra du temps pour compenser les dégâts subis dans les générations passées. Ce qui n’empêche que malgré tout, malgré tous les défauts que nous lui connaissons, l’État d’Israël commence déjà d’être un modèle pour le monde, avec sa ‘start-up nation’, sa monnaie curieusement parmi les plus fortes du monde, son ‘armée la plus morale du monde’, son havre de démocratie et de liberté au Moyen-Orient, le tout sur la base d’une histoire et d’une culture religieuse tri-millénaires qui forment la base de la civilisation mondiale, ce que cherchent vainement à contester les tentatives négationnistes, plus délirantes les unes que les autres. Autrement dit, l’Israël d’aujourd’hui, riche de sa valeur spécifique malgré tous ses défauts, commence déjà de fonctionner comme le ‘phare des nations’

Le Rav Kook, il y a un siècle, était absolument conscient de ce potentiel de réussite, malgré tous les manquements et les défauts du sionisme à ses débuts. Il analysa les causes de tous ces détours douloureux pris par le peuple juif pour revenir à sa vocation de peuple de Dieu, et évalua la situation selon le principe facile à comprendre que le bâtiment se construit par la base. La vocation du Profane est de soutenir les étages supérieurs, et nous constatons en effet que le retour à la religion en Israël est spectaculaire et s’étend dans les secteurs les plus divers…