Note 0.4 – le ‘saint’, le ‘profane’ et le ‘saint des saints’

La notion de Saint des saints est expliquée dans Orot Hakodech (I), p. 143, dans le chapitre qui traite de la ‘conception naturelle de la sainteté’. Au-delà de la sainteté qui s’oppose à la nature, il y a une sainteté qui, au lieu d’entrer en conflit avec la nature, l’élève et la purifie : 

“Voir la sainteté qui est dans la nature est la manière la plus profonde et la plus véridique de comprendre notre monde, qu’on s’intéresse à son aspect global ou a ses aspects particuliers, à sa dimension matérielle ou à sa dimension spirituelle, à ses lois naturelles ou à son côté miraculeux”.  

Le saint qui s’oppose au profane fait la guerre à la nature. Il détruit la nature et anéantit tout ! 

“Il est évident que cette réalité spirituelle [du Saint], malgré toute sa sainteté, ne se situe pas du côté de la vie du monde, du côté de la divinité, du côté de la source de l’existence dans la profondeur de son contenu sublime, là où se tient le Saint des saints”.

S’il en est ainsi, le Saint des saints inclut à la fois le Saint et la nature.

“Il y a le monde du profane et le monde du saint ; il y a des mondes du profane et des mondes du saint. Ces mondes sont antagonistes, mais leur antagonisme est évidemment subjectif [en réalité ils ne sont pas antagonistes, puisqu’ils ont été créés par le même Maître du monde], du fait que la vision étroite de l’homme ne parvient pas à réconcilier le saint et le profane, ni à aplanir leurs contradictions. Celles-ci sont cependant résolues au sommet du monde, au fondement du Saint des saints”.    [Orot Hakodech (II), p. 311]

“Nous désirons, d’un désir ardent et sans réserve, accomplir le service divin, le service du suprêmement saint, qui se situe bien au-dessus de toutes les lois de la nature. Nous voulons faire entrer dans la nature entière la lumière de désir émanant du Saint des saints [ce qui signifie intégrer le Saint dans la nature]”.    [Orot Hakodech (III), p. 228]

Dans le Saint des saints [du Temple de Jérusalem] se trouvaient les Chérubins, et :

“À l’époque où les Israélites montaient en pèlerinage, on enroulait pour eux la tenture [qui cachait l’arche sainte], et on leur montrait les Chérubins enlacés l’un dans l’autre. On leur disait :

‘Voyez, vous êtes aimés devant Dieu, du même amour qu’entre l’homme et la femme’”  

[Yoma 54a].

C’est par rapport à cela que Rabbi Akiba dit : 

“Tous les livres de la Bible relèvent du Saint, et le Cantique des Cantiques relève du Saint des saints”     [Yédaïm 3, 5],

…parce que le sujet du Saint des saints est l’amour entre le Maître du monde et la ‘Knesset Israël’, et celui-ci englobe tout.


Dans Orot Hakodech (II), p. 488, le Rav parle de quatre options des religions concernant le désespoir et le salut. [a] Les païens ont prescrit à l’homme de prendre part à tout le mal qu’il y a dans le monde. [b] Les religions d’Extrême-Orient ont désespéré complètement de la réalité dans son ensemble. [c] La chrétienté a désespéré à moitié, voulant sauver l’âme mais pas le corps, le monde à venir mais pas ce monde-ci, la vie individuelle mais pas la vie collective, celle de l’individu mais pas celle de la famille, le saint mais pas le profane[d] Quant au judaïsme : 

“Il est là pour tout sauver sans rien laisser à l’écart, pour prendre en considération les manières de penser sans en exclure aucune, pour sauver le corps comme l’âme, l’extériorité de l’existence comme son intériorité, le mal lui-même comme le bien ; et bien plus : pour transformer le mal en bien absolu, et pour élever le monde et ce qu’il contient, dans toutes ses composantes et toutes ses stratégies, le monde unique avec toutes ses valeurs matérielles, la société humaine avec tous ses arrangements ; pour faire tenir tout cela sur la base du bien”. 

Dans Orot [Israël et sa Renaissance, § 3], le Rav écrit que la ‘Knesset-Israël’ se fonde sur l’unité : 

“Nos valeurs ne sont pas dissociées [entre le matériel et le spirituel, comme par exemple dans la culture chrétienne où l’on dit de ‘rendre à César ce qui est à César’], l’unité demeure en nous et la lumière de l’Éternel vit en notre sein… Le divin agit en nous intérieurement, les aspirations ordinaires de notre vie tendent [naturellement] vers lui. Il y a certes des étincelles de Divin dans tous les peuples et dans toutes les cultures, mais [du fait qu’elles ne sont que parsemées, et ne constituent pas un faisceau cohérent au niveau de la nation] elles ne permettent pas à toutes les valeurs de la vie de s’épanouir. C’est différent pour Israël… [car du fait que le Divin n’est pas chassé de notre vie matérielle, mais qu’il y demeure au contraire et qu’il l’éclaire,] toute envie et toute dimension du désir de vivre, [y compris] le désir d’acquérir la richesse et les honneurs, le pouvoir et la notoriété, tout cela jaillit de la source divine”. 

C’est la raison pour laquelle les nations ont une certaine prise sur le Saint, mais pas sur le Saint des saints [qui intègre dans l’harmonie toutes les dimensions de la réalité et de la vie humaine – NdT], qui est entièrement et exclusivement réservé à Israël.

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