L’inspiration divine a des formes multiples et bien définies. Dans le livre Orot Hatechouva [11, 2], le Rav en compte cinq :
“L’inspiration divine se manifeste au niveau de la volonté, de l’intellect, de l’esthétique, de la bravoure et de la morale”.
Et il y a en même temps :
“…l’inspiration globale, qui regroupe en une entité supérieure unique la combinaison de toutes les composantes particulières”.
Il y a une différence de principe entre l’inspiration et la prophétie. Les Livres des Prophètes ont été écrits par prophétie, alors que les Livres des Hagiographes ont été écrits par inspiration divine. Et de même entre les prophètes il y a de nombreuses différences, comme c’est expliqué dans les livres de Kabbale (voir par exemple dans Cha’ar Haguilgoulim de Rabbi Haïm Vital au nom du Arizal, et dans le livre Guilgoulé Néchamot du Rav Menahem ‘Azaria miFano).
La prophétie est comme un éclair venu du ciel qui frappe l’homme. Le Rambam écrit dans Hilkhot Yessodé Hathora [8, 2] :
“Les prophètes se situent à différents niveaux, et tous, quand ils prophétisent, ont les membres qui tremblent, les forces qui chancellent, l’esprit frappé de confusion, laissant leur entendement entièrement disponible pour comprendre ce qui leur est montré, comme il est dit à propos d’Abraham :
‘Et voici qu’une frayeur, une grande obscurité tombe sur lui’ [Genèse 15, 12],
“et à propos de Daniel :
‘Et ma mine se décomposa, et je fus sans force’ [Daniel 10, 8]”
Comme le dit Bil’am :
“Discours de celui qui entend les paroles de Dieu, qui connaît la pensée suprême, qui voit la vision du Tout-Puissant, qui tombe les yeux ouverts”. [Nombres 24, 16]
Le prophète n’était pas capable de tenir devant cette puissance grandiose. Il tombait en convulsions dans un état de confusion mentale, et alors toute sa personnalité s’effaçait, s’absentait, s’annulait. C’est comme si la foudre frappait une installation électrique d’une décharge d’un million de volts, faisant s’agiter, sauter et brûler tous les appareils. Mais bien-entendu ce n’était pas le cas de Moïse notre maître, qui parlait avec le Saint-Béni-Soit-Il ‘face à face, comme un homme parle à son prochain’ [cf. Exode 33, 11].
L’inspiration, en comparaison, est comme une pile qui alimente l’homme d’un courant de basse intensité. L’homme n’est pas mis hors circuit, et il ne tombe pas à terre. L’inspiration résulte des efforts de l’homme et de son travail pour recevoir le message divin, alors que la prophétie vient le frapper d’en-haut. Mais bien sûr le prophète doit lui aussi travailler et se donner de la peine pour être capable de recevoir et de comprendre le message divin.