Note 4.94 – Hors de la terre d’Israël la communication avec le Ciel est indirecte et incertaine

Sachant qu’en-dehors de sa terre le peuple d’Israël ne reçoit pas son flux vital directement du Saint-Béni-Soit-Il, mais des ‘anges tutélaires des nations’/3.75, toutes les “manifestations du Divin” sont, si l’on peut dire, peintes aux couleurs de ces anges tutélaires et influencées par eux. C’est pourquoi elles sont “amalgamées à quantités de scories et de rebuts”.

C’est ainsi que le Gaon de Vilna mit en garde son élève Rabbi Haïm de Vologine de ne pas se fier aux dévoilements divins qui lui parviendraient hors de la terre sainte, parce qu’elles sont polluées par quantités d’impuretés. Le fait que Rabbi Yossef Karo bénéficiait d’un flux permanent de révélations divines était rendu possible parce qu’il habitait en Erets Israël.

Voici ce qu’écrivait Rabbi Haïm de Vologine, dans son introduction au commentaire du Gaon de Vilna sur le Sifra Detsniouta :

“J’ai entendu de sa bouche sainte que souvent des messagers des Cieux se précipitaient à sa porte de bon matin pour lui proposer de lui livrer des secrets de Thora sans aucun effort, et que jamais il ne leur prêta l’oreille… Quant à moi, notre Maître m’envoya un jour chez mon jeune frère, plus grand que moi dans toutes les qualités divines, le Gaon Rav Chlomo Zalman zatsal, pour lui transmettre son ordre de ne recevoir aucun messager céleste, car dans un temps guère éloigné un messager céleste viendrait le voir. Il dit que même [si] notre maître le Beit Yossef [Rabbi Yossef Karo] avait eut un tel messager, cela se passait il y a deux cents ans, à une époque où les générations étaient rangées, et alors que lui-même résidait en terre sainte. C’est très différent maintenant car les interférences se sont multipliées, surtout en-dehors de la terre d’Israël, et il est tout-à-fait impossible aujourd’hui qu’un tel message soit entièrement ‘saint des saints’, sans aucun amalgame…”  [Voir Kol Hanevoua, p. 312].


On raconte que Rabbi Schmelke de Nikolsburg et son frère, auteur du livre ha-Haflaa, étaient les seuls Hassidim que le Gaon de Vilna acceptait de rencontrer. Rabbi Schmelke arriva un jour dans la ville de Lublin, et on lui demanda de dire des paroles de Thora à la synagogue. Mais quand il vit Rabbi ‘Ézriel de Lublin, dit ‘Tête de fer’, assis au premier rang, il fut pris de panique et faillit s’évanouir. Au bout d’un moment il se remit, et il commença de donner un cours sur le renoncement involontaire/yiouch chélo mida’at, dans lequel il souleva cent-une objections et répondit à toutes. Plus tard, le même Rabbi ‘Ézriel lui demanda quelle était la source de ce qu’il avait dit. Rabbi Schmelke lui répondit qu’après avoir vu Son Honneur assis au premier rang, il pria le Saint-Béni-Soit-Il pour qu’Il lui vienne en aide, sinon pour lui-même, au moins pour son père, qui était un grand Sage. Alors vinrent à lui les âmes d’Abayé et de Rabba, qui lui enseignèrent le sujet de fond en comble… Quand ‘Tête de fer’ entendit cela, il s’indigna et dit : “ce n’est pas ainsi qu’on étudie la Thora !”, il claqua la porte et s’en alla…

Et pourquoi n’étudie-t-on pas la Thora de cette manière ? Avons-nous une source plus fiable qu’Abayé et Rabba ? C’est que, comme nous l’avons dit, l’inspiration divine en-dehors de la terre d’Israël est pleine de “multiples scories et rebuts”. Certes, l’intellect non plus n’est pas net en-dehors d’Israël, mais il est plus facile à clarifier que l’imagination [d’où la nécessité de toujours passer par l’étude plutôt que par l’inspiration quand on est hors d’Israël – NdT]