Note 4.93 – Les différents degrés de la révélation prophétique

Il y a différents niveaux dans l’imagination, comme l’écrit le Gaon de Vilna [Compilation à la fin du Sifra Detsniouta] :

“Sache que Moïse notre maître [bien qu’il fût le prophète le plus sublime] n’atteignit que [les niveaux de] la Création et du Palais de la Volonté…. Les [autres] prophètes n’atteignirent que [le niveau de] la Formation, et Daniel le sommet du monde de l’Action, qui est le plancher du monde de la Formation. C’est dans sa prophétie qu’il est dit :

‘L’Ancien des jours siégea… [le tribunal entra en séance et les livres furent ouverts…]’ [Daniel 7, 9-10 ; et ce qui suit est une description métaphorique du jugement de l’humanité par Dieu, qui génère l’Histoire dans le monde de l’Action – NdT].

“Il [Daniel] se situait entre les prophètes et les générations qui les ont suivis, et après lui les capacités spirituelles se sont de nouveau dégradées, jusqu’à ce que de nos jours on arrive péniblement au pied de l’Action…

“Et tout ce dont nous parlons à propos des quatre mondes de la Kabbale [c’est-à-dire : l’Émanation, la Création, la Formation et l’Action], se passe [en réalité] à des niveaux bien inférieurs. Dans tout ce qui existe, et dans tous les aspects [de l’existence], on retrouve l’Émanation, la Création, la Formation, l’Action. Mais [pour nous] elles sont reléguées très loin en arrière, et leur brillance est imperceptible. C’est pourquoi nous en parlons par des métaphores incompréhensibles. Ézéchiel parla par énigmes, car il se trouvait en-dehors de la terre d’Israël à la fin de l’époque du Temple. Zacharie décrivit des visions incompréhensibles, et nous n’avons personne qui en sache quoi que ce soit. Et cela restera ainsi jusqu’à ce que l’Esprit d’en-haut vienne nous inonder [de sa connaissance]”.

Ce qui est dit ici, c’est que plus la prophétie s’affaiblit, plus sa composante imaginaire se renforce. Ainsi, Moïse notre maître [qui était au sommet de la prophétie] ne recourut à aucune métaphore :

“Je lui parle face à face, dans une vision claire et sans énigmes”   [Nombres 12, 8] ;

…alors que Jérémie vit :

“un rameau d’amandier” [1, 11 – qui signifiait que Dieu allait se hâter d’accomplir sa parole, et :] “une chaudière bouillonnante” [1, 13 – qui signifiait que le malheur allait éclater sur les habitants du pays] ;

…et que Zacharie [4. 2] vit un chandelier d’or – qui symbolisait la parole de l’Éternel à Zorobabel :

“Ni par la puissance ni par la force, mais seulement par mon Esprit” [ibid. 6].

Quoi qu’il en soit, les ‘manifestations du Divin dont parle le Rav dans la deuxième phrase du paragraphe que nous étudions, sont qualitativement supérieures [parce qu’elles sont d’origine divine] aux productions imaginaires dont il parle la première [parce qu’elles sont d’origine humaine].