La Guemara de Makkot [23b] énonce :
“L’esprit du Saint s’est manifesté en trois endroits [1/ au tribunal de Sem – fils de Noé ; 2/ au tribunal de Samuel le prophète – de Rama ; 3/ au tribunal du roi Salomon ]”.
Ces ‘manifestations’ sont mentionnées à de nombreuses reprises dans les écrits du Rav. Elles se produisent à un niveau intermédiaire entre l’intellect et la sensibilité au Divin. C’est un éclair venu d’en-haut qui passe par l’intelligence, comme on en trouvera l’idée développée dans Orot Hakodech, pp. 267-269, et dans Chmona Kevatsim (I) p. 423 :
“Le processus des acquisitions conceptuelles passe par une ‘manifestation’ [divine, ou ‘dévoilement’] suivie d’une élaboration [intellectuelle]. C’est-à-dire qu’un éclair soudain illumine des sujets déjà connus, parfois un seul dévoilement illumine des univers entiers. Ensuite vient le temps de la réflexion, pour dégager les éléments [nouveaux] de ce dévoilement”.
[Voir aussi le Milon Hareïya du Rav Yossef Kalner, p. 382].
Cette théorie prend sa source dans la Guemara de Baba Batra [12a] : “Rabbi Avdimi de Haïfa dit : ‘Depuis que le Temple a été détruit, la prophétie a été enlevée aux prophètes et a été donnée aux Sages’. Mais un Sage ne serait-il pas prophète ? ‒ Il faut l’entendre ainsi : ‘Bien que [la prophétie] ait été enlevée aux prophètes, elle n’a pas été enlevée aux Sages’. Amémar dit : ‘Un Sage vaut mieux qu’un prophète’ [et Rachi précise : parce qu’elle (la prophétie) n’a pas été enlevée aux Sages]. “Abayé dit : ‘Sache [que la prophétie n’a pas été enlevée aux Sages], puisqu’ [il arrive qu’] un Grand dise quelque chose, et qu’il s’avère qu’un autre Grand ait dit la même chose que lui [bien qu’ils ne se soient jamais parlé, ce qui prouve que ces paroles étaient d’essence prophétique – NdT]’ ”.
Le Rambam écrit :
“Bien que la prophétie des visions ait été enlevée aux prophètes, la prophétie des Sages, qui transite par la raison, n’a pas été enlevée. Ils reconnaissent la vérité par la sensibilité au Divin qui est en eux”.
Par conséquent, les paroles des Sages sont logiques et compréhensibles pour l’esprit humain, mais leur origine vient d’en-haut. Voir plus loin la note/5.109.
[On voit ici que l’intelligence humaine ne fonctionne pas comme un ‘générateur de pensées’, mais plutôt comme un ‘processeur’ de pensées captées par inspiration divine. Cette conception s’oppose à celle de la philosophie, pour laquelle c’est l’intelligence humaine qui crée la pensée – NdT].