Dans son commentaire sur Lévitique [25, 25], le Or haHaïm haKadoch explique :
“La Délivrance aura lieu par l’éveil du cœur des hommes. On leur dira : ‘Êtes-vous satisfaits de rester assis dehors, loin de la table de votre père ? Quelle est votre joie de vivre dans le monde, sinon la compagnie sublime sur laquelle vous pouviez compter quand vous étiez autour de la table de votre père ?’
“Il est le Maître du monde, béni soit-Il à jamais. Il dégoûtera ses yeux [de l’homme] de ses désirs imaginaires, et les éveillera à l’aspiration spirituelle. Toute âme vivante ressentira le besoin d’amender ses actions, et par cela l’Éternel rachètera ce qu’Il a vendu”.
[Et de quelle vente s’agit-il ? Le commentaire du Or Hahaïm est donné sur le verset : “Si ton frère, se trouvant dans la gêne, a vendu une partie de sa propriété, son plus proche parent aura la faculté de racheter ce qu’a vendu son frère”, Lévitique 25/25. De même le Saint-Béni-Soit-Il dut faire une ‘vente forcée’ de son patrimoine (Israël) quand Il dut les envoyer en exil, et maintenant il est encore temps d’annuler cette ‘vente’ en rachetant son bien par la Délivrance – NdT].
Ces propos signifient que la Délivrance ne viendra pas nécessairement par des miracles, mais sous la forme d’un dégoût de l’exil, et ce dégoût nous sera en réalité inspiré par le Saint-Béni-Soit-Il.
“Et là-dessus, tous les notables et les Grands d’Israël devront rendre des comptes. C’est à eux que l’Éternel réclamera l’affront de sa maison offensée” [le Temple de Jérusalem dont la destruction se prolonge – NdT].
Les Sages en Thora auraient dû être les premiers à se dégoûter de l’exil, à monter en Israël et à s’y installer. Mais rabbi Haïm ben ‘Atar savait que dans la réalité les choses ne se passeraient pas ainsi…
Dans cet ordre d’idées, notre maître le Rav Tsvi Yéhouda critique sévèrement ceux qui sont prêts à renoncer à certaines parties de la terre d’Israël. Voici ce qu’il écrit à propos de…
“…la faute et le crime d’aliéner des parties de la terre d’Israël, héritage de nos pères, pour en donner la possession à des non-Juifs… Tout ce qui sera fait dans le cadre d’une telle action illégale, en dépit et au détriment de l’intégrité de la Thora d’Israël et de la sécurité d’Israël, que cela vienne des erreurs des politiciens ou des hésitations des gens de Thora, tout cela sera rendu nul et non avenu, depuis le début et jusqu’à la fin des temps, du point de vue de la réalité historique et de la réalité concrète du peuple d’Israël, par les forces de tout Israël, dès maintenant et pour toujours. Tout cela n’a aucune valeur, ni juridique ni réelle…” [Léhilkhot Tsibbour, p. 29].
On demanda à notre Maître si ses paroles ne constituaient pas un manque de respect aux Sages, et il répondit qu’au contraire, ses paroles exprimaient une haute estime des Sages, puisque leur force est si grande que leurs hésitations font autant de mal que les erreurs des politiciens !
En somme, de même que l’exil est venu du dégoût d’une terre si précieuse, de même le retour vers cette terre viendra du dégoût de l’exil. Et si quelqu’un demande : comment saurai-je que je suis guéri ? ‒ Nous lui répondrons que lorsque l’exil devient détestable aux yeux du peuple d’Israël, c’est le signe qu’effectivement nous sommes guéris [au niveau collectif]. Et ceci est vrai tout particulièrement quand l’exil, qui jusque là avait été pour nous une ‘maison de santé’, se transforme en camp d’extermination !…
Et quant à ceux qui ne sont pas encore dégoûtés de l’exil, c’est en effet une grande misère, et ce grave reproche doit être adressé tout particulièrement aux Sages : “c’est à eux que l’Éternel réclamera l’affront de sa maison offensée” [Or haHaïm sur Lévitique 25, 25].
À la fin du livre du Kouzari, le Rabbin s’exprime ainsi : “Celui qui éveille dans le cœur de l’homme l’amour de ce lieu saint est digne d’un salaire sans le moindre doute, comme il est dit : ‘Tu te lèveras et Tu prendras Sion en miséricorde, car il est temps de lui faire grâce. Oui, le rendez-vous est arrivé, car tes serviteurs ont aimé ses pierres et ils ont chéri sa poussière’ [Psaumes 102, 14-15] ; ceci veut dire : Jérusalem ne sera reconstruite que lorsque les fils d’Israël la désireront ardemment, jusqu’à chérir ses pierres et sa poussière”.