Note 2.48 – Si l’on oublie la Délivrance que valent nos prières ?

Il peut crier à toute force la bénédiction : “Fais voir à nos yeux ton retour à Sion dans la miséricorde” [dans la prière tri-quotidienne des ‘Dix-Huit Bénédictions’ – NdT], mais quand l’envoyé de l’Agence Juive viendra le voir pour lui proposer de monter en Israël, il refusera poliment…

 C’est ce que dit le roi des Khazars au rabbin   [Kouzari 2, 23] :

“S’il en est ainsi, ne transgresses-tu pas la mitsva prescrite par ta Thora ? Si tu ne montes pas en ce lieu, et si tu n’y fais pas la demeure de ta vie et de ta mort, alors que tu dis : ‘Prends Sion en miséricorde car c’est la maison de notre vie’ [bénédictions de la Haftara], et alors que tu crois que la Présence divine reviendra y demeurer ? S’il en est ainsi, ta génuflexion et ta prosternation n’ont aucune portée, ce ne sont qu’actes hypocrites et rituel vide de sens. Et pourtant, vos Patriarches choisirent d’y habiter plutôt que dans toute autre lieu. Ils préférèrent y être étrangers plutôt que citoyens de leur pays d’origine, bien qu’à cette époque la Présence divine n’y résidât pas et qu’elle ne s’y fût pas dévoilée, car cette terre était  alors remplie de débauche, de souillure et d’idolâtrie. Malgré tout cela ils ne désiraient rien d’autre que de s’y attacher. Ils n’en sortaient en temps de famine que sur l’injonction de la Divinité, et ils demandaient alors que leurs ossements y soient ramenés”.

Et le rabbin lui répond [ibid. 24] :

“Oui, tu as trouvé mon point faible, roi des Khazars… Les paroles que nous prononçons dans nos prières : ‘prosternez-vous devant la montagne de sa sainteté’ [Psaumes 99, 9], ‘prosternez-vous devant l’appui de son pied’ [ibid. 5], ‘Celui qui fait revenir sa Présence à Sion’ [prière des Dix-Huit Bénédictions], et d’autres du même genre, ressemblent aux paroles du perroquet et aux cris de l’étourneau, car nous les disons sans la motivation du cœur, comme tu l’as justement fait remarquer, roi des Khazars”.