Dans le Guide des Égarés [2e partie, p. 45 de l’édition hébraïque], le Rambam dénombre 11 niveaux de la prophétie :
“Au premier niveau, qui marque le début de la prophétie, une aide divine accompagne l’homme, l’éveille et le pousse à faire un exploit remarquable, comme de sauver un groupe de personnes innocentes d’un groupe de malfaiteurs, ou de sauver la vie d’un homme valeureux, ou de prodiguer des bienfaits à un grand nombre de personnes. C’est au fond de lui-même qu’il trouvera la motivation et l’élan pour le pousser à l’action, et c’est cela qu’on appelle ‘l’esprit divin’…”.
Et de même qu’il y a un esprit divin qui inspire l’individu, il y a un “esprit divin qui inspire la nation dans sa collectivité”, quand la nation s’éveille de la léthargie prolongée de l’exil et dit : “il est temps de revenir en terre d’Israël”. Le Rav Naftali Tsvi Yéhouda Berlin, alias le Natsiv de Vologine, écrit : “Après que le désir s’est réveillé dans le peuple d’Israël d’un bout du monde à l’autre, dans tous les lieux où nous sommes dispersés, la voix de la foule est comme la voix du Tout-Puissant qui s’exprime par ses prophètes…” [Chivat Tsion, 2e partie, p. 7]. Cette idée a son origine dans un proverbe romain : “vox populi, vox Dei” [“la voix du peuple, c’est la voix de Dieu”], censé exprimer des convictions démocratiques, que le Natsiv a ‘converti’ pour le faire entrer dans le domaine du Saint.
Rabbi Yéhochoua de Koutna écrit : “Le rassemblement [des exilés] est le début de la Délivrance… et en particulier maintenant que nous avons vu la force du désir qui anime les simples gens, tout autant que les couches moyennes et les justes au cœur droit, c’est une quasi-certitude que le souffle de la Délivrance commence de se faire sentir” [Resp. Yechou’ot Malko, Yoré Déah § 66]. [Explication : si le désir du Retour est comparable chez les gens simples et chez les ‘justes au cœur droit’, ce désir n’est pas propre à l’individu, mais à la collectivité nationale en tant que telle – NdT]
Le Rav écrit :
“Le réveil du désir de la nation dans son ensemble de revenir à sa terre, à son identité, à son esprit et à son caractère, porte en lui-même sans le moindre doute la lumière de la techouva” [Orot Hatechouva 17, 2].